Les marchés européens ont bien réagi lundi à l'ouverture après l'accord final annoncé la veille sur le plan de sauvetage de 85 milliards d'euros pour l'Irlande, mais des inquiétudes demeuraient sur le risque de contagion à la zone euro.
Dimanche, les ministres des Finances de la zone euro ont validé l'aide à l'Irlande, destinée à juguler son déficit public et à renflouer son secteur bancaire, et ont aussi défini les contours d'un mécanisme de crise.
Toutefois, les cours de l'euro reflètent des doutes persistants, qui se portent désormais sur la solidité du Portugal et au-delà, de l'Espagne.
"Je ne pense pas que (le plan d'aide à l'Irlande) sera un remède miracle. Les interrogations concernant le Portugal et l'Espagne vont persister", commente Peter Westaway, économiste en chef chez Nomura.
Le gouverneur de la banque de France Christian Noyer, ainsi que les ministres de l'Economie Christine Lagarde et du Budget François Baroin, se sont efforcés lundi matin de rassurer les marchés.
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble est allé dans le même sens. "Nous espérons un retour au calme et au réalisme dans les marchés financiers", a-t-il dit, jugeant "bien peu rationnelle" la spéculation contre les pays de la zone euro.
A l'ouverture de lundi, les Bourses européennes étaient nettement orientées à la hausse et les valeurs bancaires, mises à mal ces derniers jours, comptaient parmi les meilleures performances.
L'euro a en revanche touché un plus bas de deux mois de 1,3182 dollar sur les marchés asiatiques, avant de revenir en partie sur ses pertes, tout en restant nettement sous le plus haut de 1,3345 dollars atteint juste après l'annonce du plan irlandais.
LES BANCAIRES EN FORME
Sur les marchés d'actions, vers 09h20 GMT, le CAC 40 progressait de 0,75%, le Dax de 0,38% et le Footsie de 0,73%. L'indice paneuropéen Eurofirst 300 gagnait 0,68%.
Les Bourses irlandaise, espagnole, portugaise et italienne, qui avaient ouvert en hausse elles aussi, suivaient par contre des tendances divergentes en cours de matinée.
L'Irlande et l'Italie étaient en hausse mais le Portugal et l'Espagne reculaient, attestant des risques de contagion de la crise irlandaise que redoutent toujours les marchés.
Sectoriellement, l'indice européen des valeurs bancaires avançait de 1,57%. BNP Paribas, Barclays et Deutsche Bank gagnaient entre 0,7% et 2,0%.
La hausse est particulièrement marquée sur les valeurs bancaires irlandaises, qui s'étaient effondrées dans les derniers jours avant l'annonce de l'octroi de l'aide internationale. Allied Irish Banks gagnait 8,2% et Bank of Ireland 19,7%.
La réaction de soulagement s'observe également sur les marchés obligataires. L'écart de rendement (spread) entre les obligations irlandaises et les Bunds allemands diminuait de 8 points de base (pdb) à 672 pdb.
Il s'agit de sa première baisse en sept séances, même si l'écart actuel reste proche de son plus haut historique de 687 pdb.
Selon le directeur adjoint du département Europe du Fonds monétaire international Ajai Chopra, l'Irlande devrait pouvoir recommencer à se financer sur les marchés obligataires dès que leurs taux seront légèrement plus favorables que ceux mentionnés dans l'accord conclu dimanche.
"Dès que l'organisme de gestion de la dette du Trésor constatera un avantage, ne serait-ce que d'un point de base, il arrêtera sans doute d'emprunter à partir du programme pour revenir sur le marché", a-t-il dit à la radio publique irlandaise.
L'écart de rendement a reculé de 6 pdb à 438 pour la dette portugaise à dix ans, de 3 pdb à 250 pour celle de l'Espagne, et de 20 pdb à 907 pour la Grèce.
Le Bund allemand à 10 ans, valeur de référence du marché obligataire en Europe, a par ailleurs reculé de 33 "ticks" à 127,02.
Les swaps de défaut de crédit à cinq ans de l'Irlande ont reculé de 10 pdb à 590, ceux du Portugal de 1 pdb à 503, et ceux de la Grèce de 20 pdb à 945.
Les cours du pétrole ont quant à eux atteint un plus haut de deux semaines au-dessus des 85 dollars.
Bureaux de Londres, Dublin, Paris, Tokyo et Berlin, Gregory Schwartz pour le service français