Les travailleurs décideront de la marche à suivre au cours d'une assemblée générale prévue lundi matin.
Entre 400 et 500 travailleurs du groupe ArcelorMittal sont venus manifester leur colère, vendredi à Bruxelles, au lendemain d'un nouveau coup de tonnerre sur le bassin sidérurgique liégeois, avec l'annonce de la fermeture de plusieurs outils de la phase à froid. Une décision qui menace 1.300 emplois directs. Les manifestants ont rallié Bruxelles à bord de sept cars et sont arrivés vers 11h30 rue Lambermont, à proximité de la résidence du Premier ministre, où devait se tenir une réunion entre les gouvernements fédéral et régional suivie, en début d'après-midi, d'une entrevue entre les gouvernements et des responsables syndicaux.
Les manifestants ont immédiatement tenté de forcer, sans succès, un barrage de police. Des pavés ont été arrachés et lancés en direction des forces de l'ordre, qui ont fait usage à plusieurs reprises de canons à eau ainsi que de sprays au poivre.
Six policiers ont été légèrement blessés lors de la manifestation, a indiqué la police de Bruxelles-Capitale-Ixelles. Deux véhicules garés dans l'enceinte du SPF Défense ont également été endommagés à la suite de jets de pierre. Les manifestants ont par ailleurs monté un barrage filtrant près d'un tunnel de la petite ceinture, à hauteur du tunnel Loi. Le rassemblement a causé de nombreux embarras de circulation dans le centre de Bruxelles.
Un groupe de manifestants a également forcé les grilles du parc du Palais des Académies mais aucun incident n'est survenu. "Je travaille dans la sidérurgie liégeoise depuis 37 ans. Il faut quand même se mobiliser si on veut sauver quelque chose", a déclaré, les larmes aux yeux, Patrick, l'un des travailleurs liégeois ayant bravé le froid glacial pour manifester. "Notre sidérurgie est devenue une sidérurgie un peu vieillotte, qu'on a laissé aller à rien. Je ne comprends pas: on a été un jour le fleuron et aujourd'hui, on n'est plus rien. S'il y en a un qui doit se retourner dans sa tombe, c'est John Cockerill".
"Si on continue comme cela, dans quelques mois, il n'y aura plus rien", a de son côté déploré Pascal. "A l'époque, Mittal, on l'avait accueilli comme un sauveur. Aujourd'hui, c'est un dépeceur social". Les travailleurs ont finalement quitté la capitale aux alentours de 15h15, à l'issue de la réunion entre les gouvernements et les syndicats d'ArcelorMittal.
Les syndicats satisfaits du soutien politique et tournés vers un repreneur potentiel
Les syndicats se sont dits satisfaits du soutien affiché par les responsables politiques, dans leur combat pour le maintien de la sidérurgie liégeoise dans son intégralité. La priorité est maintenant à la recherche d'un repreneur potentiel le plus rapidement possible, ont-ils laissé entendre vendredi à l'issue d'une réunion avec les gouvernements fédéral et wallon.
"La réunion s'est déroulée dans un climat relativement serein. Les politiques nous soutiennent dans notre combat qui est de ne pas accepter la décision de Mittal", a déclaré devant des travailleurs venus manifester à Bruxelles, Jean-Luc Rader, secrétaire régional FGTB Métal, en référence à la décision du groupe ArcelorMittal de mettre à l'arrêt sept lignes de la phase à froid liégeoise.
Si la priorité va maintenant à la recherche d'un repreneur potentiel, "il faudra trouver des solutions pour contraindre Mittal à céder les outils", a-t-il encore souligné. "Les gouvernements fédéral et wallon se sont engagés à explorer toutes les pistes", a pour sa part indiqué David Camerini, président de la délégation CSC. La piste d'une nationalisation n'est cependant pas sur la table actuellement.
Les syndicats ont également réaffirmé leur volonté de sauvegarder l'ensemble des activités sidérurgiques du bassin liégeois, phase liquide et phase à froid comprises. Ils ont aussi redit ne plus vouloir d'ArcelorMittal comme interlocuteur. "Les gouvernements considèrent que Mittal n'est plus un interlocuteur valable. C'est un premier pas", a encore salué Jean-Luc Rader. "C'est une multinationale qui est en train de détruire toute une région. On ne peut plus rester avec une épée de Damoclès au-dessus de notre tête", a renchéri David Camerini.
Les travailleurs décideront de la marche à suivre au cours d'une assemblée générale prévue lundi matin.
Le PS propose une "procédure Arcelor"
Le PS veut rendre obligatoire la cession de l'outil en cas de fermeture d'une entreprise viable. Dans cette perspective, les sénateurs Willy Demeyer, Hassan Bousetta et Philippe Mahoux proposent de créer une procédure "Arcelor", annonce vendredi le groupe PS du Sénat. Il s'agirait d'une procédure obligatoire d'examen des offres de reprise lors de la fermeture d'une entreprise présentant un "intérêt économique majeur".
Concrètement, un tribunal de commerce rendrait obligatoire, à certaines conditions, la cession d'un site ou d'une activité à un repreneur potentiel. Au terme d'une procédure en six temps si l'entreprise refuse d'accepter une offre pertimente, le tribunal de commerce pourrait, sur proposition de l'autorité publique compétente, prononcer la cession du site ou de l'activité, précise le communiqué.