Des Sénégalais ont bien réussi leur intégration en terre allemande, si l’on se fie à leurs témoignages. Mais ceux qui espèrent un asile politique peuvent déchanter....
Les Sénégalais établis en Allemagne ne se plaignent pas, pour la plupart, de leurs conditions de séjour dans leur pays d’accueil. L’intégration s’est avérée positive pour la plupart d’entre eux. Ils saluent les mesures encourageantes du chef de l’État sénégalais en vue de contribuer à l’amélioration durable de leurs conditions de vie à travers par exemple la mise en place du Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’extérieur (Faise).
‘’Il fait bon vivre en Allemagne’’. Cette phrase est souvent revenue dans leurs propos. Ils mettent en relief, pour autant, cette nécessité de contourner les barrières linguistiques et d’être en règle pour mener une vie paisible dans ce pays, présenté comme une terre d’asile politique. Elle a enregistré des demandes de plus d’un million d’étrangers issus, pour la plupart, d’Afghanistan, de la Syrie ou d’Irak.
‘’Le système allemand récompense le mérite, la compétence. Que l’on soit noir ou blanc importe peu, l’essentiel est de maîtriser la langue et d’être en règle pour aspirer au bien être et évoluer professionnellement dans ce pays ‘’, explique Abass Ndao, qui vit en Allemagne depuis 18 ans. Il a pu mettre en place une entreprise spécialisée dans la sécurité, il y a trois ans. Il tire son épingle du jeu et s’offre le privilège de venir en aide aux Sénégalais en situation difficile dans ce pays’
Des ambitions parfois déçues...
Selon des chiffres officiels, ils sont plus de 5.000 Sénégalais à évoluer dans la clandestinité en Allemagne. Tous ont tenté l’aventure dans l’espoir d’une vie meilleure grâce aux exemples de réussite.
‘’Certains pensent à tort qu’ils peuvent bénéficier de l’asile politique octroyé par l’Allemagne pour s’installer. Or, vu la stabilité qui caractérise le Sénégal, il est difficile, pour nos compatriotes de bénéficier du titre de réfugiés’’, nous explique Abass Ndao, très populaire au sein de la communauté sénégalaise. Une raison parmi d’autres qui justifie les menaces d’expulsion annoncée de quelques compatriotes. Des services d’immigration seraient en effet aux trousses des étrangers en situation irrégulière eu égard à l’accord de rapatriement signé entre l’État allemand et certains pays africains. Et des Sénégalais refusent de collaborer avec la mission d’identification qui chercherait à organiser leur retour au pays.
Rigueur et discipline pour rester
Des Sénégalais comme Thiané Guèye, installés à Lubeck, depuis 18 ans, ont vécu ces contraintes. Elle a connu des débuts difficiles à cause de l’irrégularité de sa situation. Elle est restée pendant 4 ans dans l’attente d’un asile politique qui a permis à des milliers d’étrangers de fuir des situations de conflits et de crise politique pour s’installer en Allemagne. La chance a fini par lui sourire, elle s’est mariée avec un Sénégalais. Mais elle a eu le courage, comme elle le souligne, de se retrousser les manches pour réussir son intégration dans ce pays. Nos différents interlocuteurs soulignent que les Allemands sont ouverts d’esprit mais intransigeants quand il est question d’appliquer la loi. ‘’Ils tiennent à la rigueur et à la discipline’’. Tous précisent que ceux qui contreviennent à cet ordre sont passibles d’un refoulement.
Le retour n’est pas toujours au programme
Qu’ils vivent à Frankfort, à Munich, à Lubeck et à Berlin, des Sénégalais, ‘’modou-modou’’ qui se réjouissent également de contribuer au bien-être économique de leur pays d’origine ne dorment pas toujours du sommeil des justes. ‘’Dans les états provinciaux, il arrive que nous soyons victimes de discrimination raciale même si nous ne faisons pas également l’objet de fouille’’, explique un jeune Sénégalais qui a fui l’Italie pour l’Allemagne. Il est conscient que ses chances de réussite sont minimes. ‘’Nous n’avons pas la possibilité d’exercer un métier, nous comptons sur notre ‘’business’’ pour survivre’’, explique-t-il. Rencontré lors de l’accueil réservé au chef de l’État sénégalais à Berlin, le 12 juin dernier, le jeune « modou modou » veut s’inspirer de l’exemple de son frère qui dispose de la nationalité allemande.
Il n’envisage pas un retour au pays et caresse le rêve de décrocher un emploi dans ce pays qui a vu réussir des Sénégalais qui évoluent dans divers secteurs d’activités. Il avoue, comme d’autres, que l’idée d’un refoulement le remplit souvent de craintes.
Moussa Ndoye qui vit à Munich, depuis deux ans, pour sa part, a choisi d’apprendre la langue allemande pour faciliter son intégration en Allemagne. ‘’La diaspora est une force dynamique à soutenir. Nous comptons retourner et investir au Sénégal, mais faudrait-il qu’on ait les moyens de le faire’’, ajoute-t-il.
De notre envoyée spéciale à Berlin, Matel BOCOUM