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dimanche, 18 juin 2017

Paris-Edito: ne pas voter aux élections est un droit, participer est un devoir

Bonjour Hervé Gattegno. C’est aujourd’hui le second tour des élections législatives. On sait que le premier tour a été marqué par une abstention record. D’où votre envie, ce matin, de lancer un appel aux abstentionnistes. Vous pensez qu’ils ont tort? Qu’ils se trompent?
Ceux qui pensent que voter pour élire les députés n’a pas d’importance, oui bien sûr qu’ils ont tort. Ceux qui pensent qu’en ne votant pas, ils expriment une position, ceux-là se trompent à moitié : ce qu’ils expriment, c’est leur désintérêt pour quelque chose de très important qui va se dérouler sans eux, pour ne pas dire en dehors d’eux. Chacun est libre, mais je trouve que c’est réduire son opinion à quelque chose de marginal, puisque ça ne pèse pas sur ce qui va se faire – en l’occurrence, sur la composition de l’Assemblée nationale., le rapport de force entre la majorité et l’opposition, donc la capacité d’action du pouvoir et le poids des contre-pouvoirs. Tout cela, c’est la démocratie. Tous les pays, tous les peuples n’ont pas cette possibilité. Ça mérite d’y réfléchir avant de voter… ou de ne pas voter.
Qu’est-ce qui fait, d’après vous, qu’on puisse atteindre un taux d'abstention aussi élevé (plus de 51% au premier tour) dans une démocratie comme la France?
Il y a des raisons que tout le monde connaît. Une fatigue démocratique, a fortiori quand la période électorale dure des mois – nous sommes en campagne depuis la primaire de présidentielle éclipse de plus en plus les législatives. Ça se comprend, parce que c’est le résultat de l’ultra-personnalisation du débat présidentiel ; mais c’est une erreur parce que, pour bien fonctionner, une démocratie a besoin d’un Parlement fort, donc de députés bien élus, avec la légitimité pour voter les lois, contrôler le gouvernement, débattre des grands sujets. C’est à tout cela que ça sert, de voter. Dans les dictatures, on ne vote pas. Je sais que dire cela, c’est un peu lénifiant. Mais quand on parle de démocratie, il vaut mieux être lénifiant que léniniste!
Vous parlez de légitimité ; est-ce qu’un Parlement issu d’une élection marquée par l’abstention serait moins légitime? Est-ce que, pour l’empêcher, il faut rendre le vote obligatoire?
La légitimité est moins forte si l’abstention est élevée mais elle existe – au passage, il y a près de 60% d’abstention aux élections professionnelles et les syndicats sont légitimes pour négocier avec le gouvernement au nom de tous les salariés. Pour ce qui est du vote obligatoire, je ne crois pas aux diktats ni aux amendes. D’ailleurs même dans les pays où le vote est obligatoire, il y a des abstentionnistes. Non, je crois que c’est aux politiques (et peut-être aux journalistes) de rappeler toujours à quoi sert notre vote. Peut-être que certains le font mieux que d’autres mais ça, je n’ai pas le droit de vous le dire parce que la loi nous l’interdit. Ce que je peux vous dire, en revanche, c’est que si ne pas voter est un droit, participer est un devoir. C’est même le meilleur moyen de s’octroyer le droit de râler par la suite. Parce qu’il ne faut jamais oublier qu’on a les élus qu’on mérite. Si vous ne votez pas, tant pis pour vous !

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