Le patron du contre-espionnage français Bernard Squarcini a confirmé qu'une enquête avait bien été menée pour déterminer l'origine de rumeurs d'infidélité dans le couple Sarkozy.
"J'ai été saisi courant mars par le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, afin d'essayer de déterminer si les rumeurs visant le couple présidentiel ne cachaient pas une éventuelle tentative de déstabilisation", a dit au site Mediapart Bernard Squarcini, patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).
Dans la soirée, Carla Bruni, épouse du chef de l'Etat, avait nié l'existence d'une enquête "de police" lors d'un entretien sur Europe 1. "On ne fait pas une enquête sur des commérages (...) C'est inimaginable de dire une chose pareille", avait-elle dit.
Ces rumeurs, qui circulaient chez les journalistes, ont fait le tour de la presse internationale lorsque le site internet du Journal du dimanche a publié le 10 mars un article à ce sujet dans un blog. Ceci a été vu par les médias étrangers comme un élément crédibilisant les affirmations. La presse française n'a rien publié.
Bernard Squarcini précise qu'ont été menées "des investigations techniques, notamment informatiques", mais assure qu'il n'y a pas eu d'écoutes téléphoniques et dit que l'enquête n'a pas concerné l'ex-ministre Rachida Dati.
Au même moment, le 14 mars, cette dernière s'est vu retirer une escorte de quatre policiers et une voiture officielle, et plusieurs médias avaient écrit que cette mesure était une sanction pour son implication dans la diffusion de la rumeur.
La DCRI aurait, selon son patron, cessé toute investigation dès que la justice a été saisie d'une plainte du groupe Lagardère, propriétaire du JDD et qu'une enquête de police officielle a été ouverte, la semaine dernière.
CARLA BRUNI NE CROIT PAS AU COMPLOT
Prenant le contre-pied d'un conseiller et de l'avocat de Nicolas Sarkozy, Carla Bruni a déclaré sur Europe 1 que les rumeurs d'infidélité visant son couple n'avaient pas d'importance et ne constituaient pas un complot.
"Je considère que nous ne sommes victimes d'aucun complot, les rumeurs ont toujours existé. Il n'y a pas de complot, il n'y a pas vengeance, ça ne nous concerne en rien et on a tourné la page depuis belle lurette", a-t-elle ajouté.
Elle a précisé que Rachida Dati gardait la confiance de l'Elysée.
"L'accusation qui dirait que Rachida Dati a propagé ces rumeurs est une rumeur. Je n'y crois donc pas. Elle reste tout à fait notre amie", a-t-elle dit.
Cet entretien vient contredire les propos de Pierre Charon, conseiller de Nicolas Sarkozy, et de Thierry Herzog, avocat du chef de l'Etat, qui ont évoqué publiquement ces derniers jours l'hypothèse d'une machination.
Rachida Dati s'est exprimée aussi dans plusieurs médias pour réfuter toute implication dans l'imbroglio.
"Face à "cette campagne de dénigration (sic) et de calomnies (...) aujourd'hui j'ai décidé de réagir, maintenant ça suffit, il faut que ça s'arrête", avait-t-elle dit.
L'ancienne ministre a engagé l'avocat Georges Kiejman pour menacer de poursuites ceux qui la désignent.
La police judiciaire de Paris a été saisie par le parquet de Paris d'une enquête préliminaire après la plainte du groupe Lagardère pour "introduction frauduleuse de données dans un système informatique".
Cette plainte suscite l'indignation de la société des journalistes du quotidien, qui estime que le chef de l'Etat a utilisé sa proximité avec Arnaud Lagardère, patron du groupe, pour susciter une enquête sans apparaître directement.
Le groupe a poussé à la démission un responsable de Newsweb, filiale chargée du site internet du JDD et un employé non journaliste qui semble être l'auteur de l'article sur la rumeur.
Se disant consterné, le député socialiste François Hollande a dénoncé "un climat de décomposition qu'on a rarement connu dans la République". "Mais où est-on, dans quel régime est-on, comment est-on tombé aussi bas ?", s'est-il demandé sur i>Télé.