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mardi, 27 mai 2008

Procès fini, Fourniret fait des vers et ne fera pas appel

CHARLEVILLE-MEZIERES, Ardennes (Reuters) - Au terme de deux mois de procès où il a avoué sept meurtres de jeunes filles, Michel Fourniret a lu , en guise de dernière déclaration, des vers composés de sa main brocardant l'avocat général ainsi que son épouse et co-accusée Monique Olivier.
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Son avocat Pierre Blocquaux a annoncé auparavant qu'il ne ferait pas appel, quelle que soit la peine.

La cour et le jury se sont retirés dans une caserne de CRS, où ils resteront coupés du monde jusqu'à leur verdict attendu mercredi dans la journée.

Retournant des feuilles manuscrites, l'accusé a lu d'abord des vers louangeurs pour les parties civiles, puis a déclamé à l'adresse de l'avocat général : "Il n'en fut point de même sur les bancs du parquet, et ce fut sans surprise de la part d'un roquet", suscitant un rappel à l'ordre du président.

Le qualifiant de "clown", de "monstre nécrophile", l'avocat général Francis Nachbar avait demandé contre lui jeudi dernier la réclusion à perpétuité sans possibilité d'aménagement de peine.

A l'intention de son épouse, qui est jugée comme complice pour quatre meurtres et co-action dans un cinquième, l'accusé a lu ces vers : "Parfois le fond du box sent ce que sent la caque, les puanteurs d'autrui, au fond piètre cloaque".

Le tueur est ensuite revenu à la prose pour prendre sa propre défense et se présenter favorablement, revenant sur l'expression 'petit Fourniret' utilisée par l'avocat général : "Aucun texte à ma connaissance n'interdit à un petit Fourniret d'avoir de-ci de-là un coeur de grand bonhomme".

Il a ensuite encore nié implicitement être l'auteur des deux autres crimes pour lesquels il est mis en examen, qualifié encore l'avocat général de "SSP pour 'simplet sur pattes'", allusion à l'expression "MSP, membrane sur pattes" qu'il employait du temps de ses crimes pour ses victimes vierges.

Enfin, il a défendu Monique Olivier : "Je persiste à dire que Monique Olivier est une pauvre bonne femme incapable de nuire individuellement à quiconque dans la société, sans que ça m'empêche d'avoir une terrible dent contre elle".

Monique Olivier a simplement déclaré : "Je regrette tout ce que j'ai fait, c'est tout".

LA JUSTICE ACCUSÉE

Avant l'accusé, son avocat Pierre Blocquaux, commis d'office, a plaidé brièvement pour prendre le contre-pied de l'avocat général, qui avait dénié toute humanité aux accusés.

"Quoiqu'il ait fait, c'est un homme que l'on juge. Que ça plaise ou non, c'est une évidence, Michel Fourniret fait partie de notre humanité, hélas il fait partie de notre humaine condition", a dit l'avocat.

L'avocat a ensuite retourné ses flèches contre le système judiciaire, dont les deux mois de procès ont révélé les multiples défaillances.

"Ce procès ne doit pas masquer un ensemble d'occasions ratées, d'incuries, de fautes", a-t-il dit.

Il en a fait la liste : refus d'enquêter sur la disparition d'Isabelle Laville en 1987, pas de révocation du sursis accordé à Fourniret lors de ses comparutions pour des délits dans les années 1990, aucune suite donnée à la plainte du truand Jean-Pierre Hellegouarch en 1998, dont Fourniret avait pourtant tué la femme.

L'avocat a dit aussi son "effarement et son effroi devant l'épouvantable gâchis qui entoure Fourniret".

Il a rappelé le suicide d'un vétérinaire de Nantes faussement soupçonné d'un crime de Fourniret, évoqué un jeune homme de vingt ans incarcéré à tort durant trois mois pour un autre crime du tueur, rappelé la mémoire de Farida Hamiche, épouse d'Hellegouarch dont le meurtre ne fut jamais poursuivi.

Il a rappelé le suicide d'une fille de Michel Fourniret après son arrestation et a conclu : "Ça fait beaucoup, ça pèse des tonnes sur ce champ de ruines".

L'avocat a enfin voulu faire silence en hommage aux victimes, dont les familles étaient présentes. A leur intention, il a conclu sur des vers de Baudelaire : "Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le soir, il descend, le voici".

Thierry Lévêque

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