lundi, 01 février 2010
SENEGAL:REVELATIONS DE MOUHAMADOU MBODJ : Comment Wade compte liquider l’Armp
L’excellent travail fait par l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) semble gêner en haut lieu. Car, révèle le coordonnateur du Forum civil, Mouhamadou Mbodj, Me Wade envisage de suspendre la redevance de la régulation accordée à l’Agence pour faire des audits. Le chef de l’Etat veut-il museler l’Armp ? Les Sénégalais comme l’opinion internationale continuent de s’émouvoir des graves fautes commises par la majorité des 80 services publics audités par l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) sur le mode de passation des marchés publics. Mais ces audits pourraient être les premiers et les derniers de l’Armp. C’est la lecture qu’il faut faire des révélations faites par le coordonnateur du Forum civil, Mouhamadou Mbodj. Il confie que le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, «a pris sur lui d’adresser deux lettres à l’Armp pour suspendre la redevance de la régulation». Or, «ce sont les ressources tirées de ces redevances qui permettent de réaliser ces audits par l’Armp. Donc, s’il n’y a pas de redevance, il n’y aura pas d’audits», éclaire-t-il. Pour le coordonnateur du Forum civil, cette décision du chef de l’Etat de suspendre les redevances de la régulation constitue «une menace pour la réforme» qui a abouti à la mise en place de l’Armp. Laquelle réforme est «la plus importante depuis l’indépendance après la création de la Cour des comptes». En effet, de l’avis de M. Mbodj, la décision du président de la République peut être interprétée comme une volonté de tuer l’Armp à petits feux. «D’où la nécessité de mobiliser l’opinion autour de la question», suggère-t-il. Il rappelle ainsi que «c’est comme ça que la Cour des comptes a été menacée quand elle avait déposé son rapport». Mouhamadou Mbodj renseigne, par ailleurs, que le Sénégal a le plus bas taux de redevance. «Du point de vue réglementaire, cette redevance est fixée à 0,5% de la commande publique, alors que dans les autres pays avec lesquels nous partageons cette réformes, la redevance est plus élevée», compare-t-il. Quelles suites donner aux rapports ? Ses craintes exprimées, le coordonnateur du Forum civil ne cache pas sa satisfaction et se félicite des résultats produits par la réforme. Car, «en deux ans seulement d’existence, les Sénégalais se rendent compte de l’efficacité de cette structure qu’est l’Armp». Mieux, il plaide pour le renforcement du modèle qui a réussi grâce à «l’approche tripartite». «Il y a le secteur privé, la société civile et l’Etat, et ça marche. C’est cette coalition globale qui permet d’avoir ces bons dossiers.» D’ailleurs, s’empresse-t-il d’ajouter, ces audits ne doivent pas seulement se limiter à une simple publication pour être rangé dans les tiroirs. M. Mbodj part des révélations pour tirer sa conclusion : «Des cuillères à 42 000 francs, des tapis de prières à 15 000 francs, cela montre qu’on est en train de dilapider les fonds de la Nation. En toute impunité.» L’ampleur des fautes dicte, selon M. Mbodj, des sanctions contre leurs auteurs. «Si des dossiers présentent quelques indices qui pourraient faire l’objet de poursuites, je crois que l’Etat va prendre ses responsabilités. Si l’Etat ne dit rien, cela veut dire qu’il couvre ces malversations. De ce point de vue, la responsabilité des plus hautes autorités de ce pays pourrait être engagée. Publiquement et politiquement», résume-t-il. Par ailleurs, M. Mbodj fait une autre lecture des audits réalisés par la structure dirigée par Youssouf Sakho. Il pense que «les rapports, leur contenu et leur orientation livrent une réponse partielle à l’interprétation du chef de l’Etat la semaine dernière, en Conseil des ministres, demandant au bâtonnier de l’Ordre des avocats, aux acteurs qui travaillent dans la gouvernance d’éviter de faire des interprétations tendancieuses qui pourraient affecter l’image du pays». Auteur: NDIAGA NDIAYE
10:18 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : senegal | del.icio.us | Facebook | | |
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