jeudi, 12 novembre 2009
Charles Pasqua met Jacques Chirac en cause dans l'Angolagate
L'ancien ministre français de l'Intérieur Charles Pasqua, condamné pour son implication dans le scandale des ventes d'armes à l'Angola, déclare que les plus hautes autorités de l'Etat en étaient informées. "J'affirme que les plus hautes autorités de l'Etat étaient informées", a-t-il dit lors d'une conférence de presse en citant notamment l'ancien président Jacques Chirac et le secrétaire général de l'Elysée de l'époque, Dominique de Villepin. "Tous deux ont manqué à leurs devoirs", a-t-il ajouté en regrettant qu'aucun d'entre eux n'ait été interrogé. Il a particulièrement visé Jacques Chirac qui, selon lui, n'a rien fait pour arrêter le flux des exportations d'armes, ce qui aurait dû selon lui être le cas si ce commerce était illégal : "Je l'accuse de ne pas avoir assumé ses responsabilités". Charles Pasqua, 82 ans, a été condamné le 27 octobre pour trafic d'influence à trois ans de prison dont un ferme et 100.000 euros d'amende, une sanction entrainant une inéligibilité automatique de dix ans. L'appel qu'il a déposé suspend la sanction. Le tribunal retient qu'il a échangé l'attribution de l'Ordre national du mérite le 14 juillet 1996 à Arcadi Gaydamak, un des trafiquants d'armes vers l'Angola, contre 1,5 million de francs (228.673 euros) versés deux jours avant par ce dernier à France-Afrique-Orient, association dirigée par Charles Pasqua. Les juges ont remarqué que ce paiement avait été effectué via deux écrans successifs par des paradis fiscaux. La décoration, gage de respectabilité, a été remise au trafiquant par Jean-Charles Marchiani, alors préfet du Var, au titre d'un faux dossier évoquant les supposés mérites d'Arcadi Gaydamak dans l'exportation de viande. Jean-Charles Marchiani, ancien bras droit de Charles Pasqua à l'Intérieur, qui a perçu à titre personnel près d'un million d'euros des trafiquants d'armes, a été condamné à trois ans de prison dont 15 mois ferme, et 375.000 euros d'amende. L'argument selon lequel Arcadi Gaydamak aurait en fait été récompensé pour ses supposées interventions dans la libération de militaires français retenus en otages en Bosnie en 1995 est écarté par le tribunal. Réelle ou non, cette intervention ne change rien au fait que la décoration a été monnayée, disent les juges. Lors de l'audience du 25 novembre 2008 au procès, Charles Pasqua avait déjà avancé cette version et assuré que Dominique de Villepin - alors secrétaire général de l'Elysée - lui avait remis entre 900.000 et un million de francs en espèces sur les fonds spéciaux de la présidence, pour l'opération de Bosnie. Il l'a réitérée jeudi lors de sa conférence de presse. Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse
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