lundi, 13 juillet 2009
L'Américafrique contre la Françafrique ?
Le discours de Barack Obama au Ghana n'est pas sans ressembler à celui de Nicolas Sarkozy. Sauf que face à des intérêts économiques, la France a depuis avalé des couleuvres. « Comment voulez-vous qu'on investisse dans des pays où le gouvernement prend des commissions de 20% et où le chef du port autonome est corrompu?» Ce n'est pas Nicolas Sarkozy qui s'adresse ainsi aux Africains, c'est Barack Obama, samedi, à Accra, capitale du Ghana. Et le président américain, loin d'être hué, est applaudi par les parlementaires ghanéens, vêtus en son honneur de leur superbe tenue traditionnelle, et par la jeunesse de l'Afrique entière, qui voit en lui un espoir de changement!Il y aurait de quoi être amer pour le président français, sifflé le mois dernier à Libreville alors qu'il se rendait aux obsèques du chef d'Etat gabonais Omar Bongo en compagnie de Jacques Chirac : à lui, on crie «Partez ! » Tandis qu'Obama n'entend que «Revenez!». Le sang noir Pourtant, et si l'on excepte la phrase malheureuse du discours sarkozyste de juillet 2007 à Dakar sur «l'Homme africain, pas entré dans l'Histoire», leur message est le même: «Cessez de faire porter à l'Occident la responsabilité de vos échecs. Prenez-vous en mains. Instaurez la démocratie et luttez contre la corruption...» Mais voilà: ce discours, qui valut à Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la Coopération, d'être muté aux Anciens Combattants pour avoir déclenché la colère de Bongo, cette ligne à laquelle Sarkozy a dû renoncer pour mettre ses pas dans ceux de ses prédécesseurs, Obama peut, lui, les reprendre :parce qu'il a « du sang keynian dans les veines » et parce que sa femme, Michelle, est la descendante d'esclaves partis de Cape Coast. Et l'or noir Sous les sentiments, affleurent, comme toujours, les intérêts. L'Afrique détient 10% des ressources mondiales de pétrole et8%des ressources de gaz, sans compter les minerais. Cela n'avait pas échappé à Bill Clinton, qui jeta les bases de «l'Americafrique» avec l'intention de faire passer de 15% à 25% la part du continent noir dans l'approvisionnement des Etats-Unis. Cela n'a pas échappé non plus à Pékin, qui a envoyé des milliers d'ingénieurs et techniciens sur les routes de 13 pays africains afin d'y bâtir une «Chinafrique» qui se voulait exemplaire, mais qui s'enlise à son tour dans la corruption. La France, très bien placée avec Elf et Total, mais aussi avec de puissants réseaux comme celui du Breton Vincent Bolloré (l'ami de Sarkozy) bien implanté dans les ports africains, a moins intérêt que jamais à s'effacer. Voilà pourquoi, en dépit des frictions dues à notre passé colonial, en dépit aussi des actions en Justice contre huit chefs d'Etat africains accusés de détournements de fonds, Sarkozy va continuer d'avaler des couleuvres: pour sauver la Françafrique.
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Auteur: Le Telegramme.com |
09:40 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | del.icio.us | Facebook | | |
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