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mardi, 12 mai 2009

Avalanche de grèves au Burkina Faso

   
 

Frappés de plein fouet par la cherté de la vie, les Burkinabès crient leur ras le bol
Alors que la crise sociale perdure à Total Burkina, les fonctionnaires, eux, fulminent. Las d’attendre des réponses satisfaisantes à leurs doléances et déçus par les promesses non tenues du gouvernement, leurs différents syndicats, organisés en coalition contre la vie chère, mènent, les 12 et 13 mai, un vaste mouvement de grève généralearton16753.jpg

Les services publics seront paralysés mardi et mercredi au Burkina Faso. Une coordination de 17 syndicats de la fonction publique a appellé à un arrêt de travail. Ce mouvement d’humeur vise à rappeler au gouvernement burkinabè ses engagements non encore tenus vis-à-vis de ses fonctionnaires. Depuis 2005, ceux-ci décryptent à la loupe, sans succès, les incidences financières de leurs avancements annuels sur leur bulletin de salaire. En décembre 2008, le gouvernement décidait d’examiner, avec ses partenaires sociaux, la question de la régularisation des avancements de 2007 et 2008 avec leurs effets financiers. A cet effet, une rencontre censée se tenir, courant janvier 2009, entre le ministère de la fonction publique et les organisations syndicales, n’a toujours pas eu lieu.

Dénonçant « le silence radio » du gouvernement, la coordination syndicale, dans sa plate-forme revendicative « minimale », exige l’effectivité sans condition des avancements de 2007 et 2008 avec leurs effets financiers pour l’ensemble des travailleurs de la Fonction publique. Ils réclament également l’arrêt de la mise en œuvre du nouveau système d’évaluation des agents de la Fonction publique et le retour à l’ancien système en attendant sa relecture consensuelle. Enfin, ils demandent l’annulation sans condition des sanctions prises à l’encontre des travailleurs et la restitution des sommes illégalement coupées pour fait de grève.

Un ras le bol généralisé

Depuis le début de l’année, les préavis de grève s’empilent sur le bureau de Jérôme Bougouma, le ministre Burkinabè du travail et de la sécurité sociale. La grogne sociale se généralise et gagne tous les corps de métier qui crient leur ras le bol. Tous crient à la cherté de la vie. Malgré une campagne agricole excédentaire de 717 000 tonnes, les prix des céréales continuent de flamber et restent inaccessibles à la masse. Le sac de riz se négocie entre 17500 et 23 000 F CFA (environ 26 à35 euros) alors que le maïs et le mil, varient entre 16 000 et 18 000 CFA (environ 24 et 27 euros).

Les mesures prises au lendemain des violentes manifestations populaires contre la vie chère, n’ont pas produit les effets escomptés. A l’époque, le gouvernement procédait à une baisse des taxes à l’importation des produits de grande consommation. En décembre 2008, il augmentait les salaires de 4% et baissait les prix des hydrocarbures de 30 F CFA à 10F CFA sur le litre. Les syndicalistes avaient jugé ces mesures insignifiantes et promettaient de revenir à la charge. Ils ont décrété le 26 mai prochain, journée nationale de protestation contre la vie chère.

Les négociations piétinent à Total

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Sur le front de la contestation depuis deux semaines, les travailleurs de Total et leur employeur peinent à s’accorder. La direction maintient le licenciement du délégué du personnel. En compensation, elle a proposé de lui verser, sans autres droits, 36 mois de salaire. Cette offre a été qualifiée « d’immonde et d’inappropriée » par les grévistes qui l’ont rejetée. Samedi dernier, ils ont protesté dans les rues de Ouagadougou. A coups de slogans anti coloniaux et anti impérialistes, ils ont exigé, à travers une lettre remise au directeur général de Total, « la réintégration sans délais et sans condition de leur porte-parole ».

Total Burkina qui considère les grévistes en situation d’abandon de postes, a procédé à l’installation de nouveaux agents venus de la France, du Cameroun et d’une société locale (intérim Burkina) gérée par un français, Jean-Louis Serre Combe. Tentatives d’intimidation ou début d’un licenciement massif ? Ce coup de plus porté aux grévistes pourrait être décisif quant à la suite du mouvement. Le pressentant peut-être, ceux-ci ont depuis, le 8 mai, confié leur cause à la redoutable Confédération Générale des Travailleurs du Burkina (CGTB).

A travers une lettre adressée au ministre burkinabè du travail, l’union générale de la CGT du Gréisivaudan en France, a, le 8 mai, demandé une implication franche de l’Etat burkinabè pour la résolution du conflit. « Au Mali, au Bénin et au Togo, Total a connu les mêmes problèmes avec ses employés locaux. Mais leurs gouvernants les ont soutenus. Pourquoi notre gouvernement se tait-il quand nos droits et notre dignité sont bafoués ? » s’insurge un gréviste. Venu en négociateur, Jérôme Bougouma, semble impuissant face l’intransigeance de la multinationale française. Convié à une réunion de conciliation, Thibault Flichy, le directeur général intérimaire de Total Burkina, ne se serait pas rendu au rendez-vous. Ce serait plutôt le ministre burkinabè qui l’aurait rejoint dans les locaux de son entreprise, a confié à Afrik.com, une source proche des négociations.

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