mercredi, 19 novembre 2008
RDC : De Gucht s’étonne de la sensibilité francophone
En fin d’après-midi, le ministre des Affaires étrangères s’est étonné de constater chez « certains politiciens francophones » une sensibilité différente de la sienne à propos de la République démocratique du Congo. Le matin, dans « Le Morgen », Karel De Gucht tirait à boulets rouges sur Charles Michel, Louis Michel, Joseph Kabila et Laurent Nkunda.
Le chef de la diplomatie belge Karel De Gucht a épinglé mardi son prédécesseur, le commissaire européen Louis Michel, et son fils, le ministre de la Coopération au développement, Charles Michel, pour leur politique envers la République démocratique du Congo (RDC) et son président Joseph Kabila.
Dans une interview accordée au « Morgen », le ministre belge des Affaires étrangères réitère ses vives critiques à l’encontre de Kabila. « Que l’on parle à Kabila ou pas n’a pas d’importance, cela ne change jamais rien », explique M. De Gucht, dont des propos en mars dernier sur la corruption en RDC avaient provoqué une brutale détérioration des relations entre Kinshasa et l’ex-puissance coloniale belge.
« Je n’ai jamais été un fan de Kabila, contrairement à mon prédécesseur Louis Michel », explique M. De Gucht à propos de l’actuel commissaire européen au Développement. « Si la situation actuelle au Congo est le fruit de la politique de (Louis) Michel, cela interpelle », dit Karel De Gucht, en jugeant que la « situation n’a jamais été aussi navrante » en RDC.
M. De Gucht estime également que le chef rebelle Laurent Nkunda « craint d’être un jour inculpé pour crime contre l’humanité devant la Cour pénale internationale de La Haye », ce qui « explique pourquoi il veut tant négocier à présent ».
Le ministre VLD des Affaires étrangères tire également à boulets rouges contre son homologue chargé du Développement, le libéral francophone Charles Michel, coupable à ses yeux d’avoir rencontré sans son aval le président Kabila à Kinshasa il y a une semaine. « Quel a été le résultat de cette rencontre ? Rien, nul, nada ! », lance M. De Gucht à propos du ministre du Développement, qui avait affirmé dans le même journal que le chef de la diplomatie belge, persona non grata en RDC, ne pouvait jouer aucun rôle dans la résolution du conflit dans l’est du pays. « C’est ce que j’appelle être déloyal et le problème d’un ministre déloyal est un problème pour le Premier ministre », ajoute M. De Gucht.
Yves Leterme s’est jusqu’ici bien gardé de prendre parti dans la brouille entre M. De Gucht et son ministre du Développement.
Les Michel se gardent de commentaire
Le ministre de la Coopération Charles Michel a commenté très brièvement mardi matin des déclarations du ministre des Affaires étrangères Karel De Gucht, tandis que son père, le Commissaire européen Louis Michel, s’est refusé mardi matin à tout commentaire.
Charles Michel souligne que les dirigeants du monde entier parlent au président congolais Kabila. Pour le reste, il se refuse à tout commentaire. « Je veux être un homme de solution et pas un homme qui provoque la polémique et les problèmes », dit-il.
« Je constate que le monde entier parle à Kabila et au gouvernement congolais qu’il s’agisse de Ban Ki-moon, de Bernard Kouchner, de Condoleezza Rice… Je suis certain que Barack Obama le fera aussi. Le premier ministre Yves Leterme lui a parlé et moi-même je l’ai fait. Pour le reste, je ne ferai aucun commentaire sur les déclarations de M. De Gucht. Je veux être un homme de solution et pas un homme qui crée la polémique et les problèmes », a dit le ministre Charles Michel à l’Agence Belga.
De Gucht s’étonne des « sensibilités différentes »
Karel de Gucht a admis mardi, tout en s’en étonnant, l’existence d’une sensibilité différente chez « certains politiciens francophones » de la sienne en ce qui concerne l’attitude à tenir envers la RDC.
« Je trouve cela assez étrange, comme si Flamands et Wallons étaient deux peuples différents, avec des différentes ethnies », a affirmé M. de Gucht en fin d’après-midi en clôturant le 4e congrès consacré à la politique étrangère de la Belgique organisé par l’Université catholique de Louvain (UCL, francophone) et l’université de Gand (RUG, flamande). « Je n’ai jamais observé que l’analyse des diplomates francophones et néerlandophones sur la situation en RDC est différente », a ajouté le chef de la diplomatie belge, en réponse à une question.
M. De Gucht (Open VLD) a expliqué qu’il rencontrait « beaucoup de gens » et recevait du courrier de la part de citoyens lui donnant raison dans son attitude envers la RDC, qui consiste à dénoncer la corruption minant le pays et à défendre « l’obligation morale » de prendre position sur ce qui se passe dans l’ancienne colonie belge.
(belga, AFP)
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