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lundi, 06 octobre 2008

Procès de "VIP" sous tension pour les ventes d'armes à l'Angola

(Reuters) - Sur fond de pressions politiques et diplomatiques, le procès visant 42 personnalités pour des ventes d'armes présumées illégales à l'Angola entre 1993 et 2000 s'ouvre lundi à Paris pour cinq mois.

Le banc des prévenus est prestigieux, avec le fils aîné de l'ancien président, Jean-Christophe Mitterrand, un ex-conseiller du même chef de l'Etat, Jacques Attali, l'ex-ministre de l'Intérieur Charles Pasqua et son ex-bras droit Jean-Charles Marchiani. Sont jugés aussi l'écrivain Paul-Loup Sulitzer et le journaliste Jean-Noël Tassez.

Le procès, premier du genre dans l'histoire judiciaire française, risque fort d'attiser les tensions diplomatiques entre la France et l'Angola, pays riche en pétrole et fief de Total.

L'enquête ouverte fin 2000 a établi que le Français Pierre Falcone et son associé Arcadi Gaydamak, Israélien d'origine russe, ont vendu au régime angolais du président Eduardo dos Santos, en pleine guerre civile, 790 millions de dollars d'armes achetées en Europe de l'Est, notamment en Russie et Bulgarie.

Pierre Falcone devrait être présent. Arcadi Gaydamak, visé par un mandat d'arrêt et réfugié en Israël, refuse d'assister au procès et sera représenté par ses avocats.

Le bénéfice, évalué à 397 millions de dollars, a été "mis à profit pour acheter l'influence de diverses personnalités du monde politique, économique et des médias", dit l'ordonnance de renvoi.

Tout a commencé, selon l'accusation, quand Jean-Bernard Curial, socialiste contacté par le régime dos Santos, a sollicité en 1993 Jean-Christophe Mitterrand, qui aurait mis en contact les vendeurs d'armes et le régime de Luanda.

Le fils de l'ex-chef de l'Etat, qui a perçu 2,6 millions de dollars en Suisse de Pierre Falcone, nie tout rôle dans le commerce d'armes.

LE ROLE DE LA BNP

Selon le dossier, la banque BNP-Paribas a joué un rôle-clef dans la vente, qu'elle a financée. Un cadre de la banque, Jean-Didier Maille, comparaîtra pour avoir perçu à titre personnel des commissions de 7,3 millions de dollars.

Si aucun officiel angolais n'est parmi les prévenus, le tribunal doit pourtant évoquer des centaines de millions d'euros de versements au président dos Santos et une trentaine d'officiels du régime, ce qui met Luanda en fureur.

Eduardo dos Santos a multiplié en vain les démarches auprès du président Chirac pendant l'enquête pour obtenir l'arrêt des poursuites. Tournant apparent, en visite officielle en Angola le 23 mai dernier, Nicolas Sarkozy a déclaré à propos de l'affaire vouloir "tourner la page des malentendus du passé".

Le 11 juillet, son ministre de la Défense Hervé Morin a écrit une lettre aux avocats de Pierre Falcone. Il y écrit qu'à ses yeux, le délit de commerce illicite d'armes n'existait pas.

Lundi, les 60 avocats de la défense devraient utiliser cette lettre dans le but de faire capoter le procès. Ils soutiennent la légalité de la vente, les armes n'ayant pas transité par la France.

Le parquet de Paris a cependant dit à des journalistes cet été qu'il maintenait l'accusation de trafic d'armes, constituée pour tout commerce réalisé à partir de la France sans déclaration et autorisation. Brenco et ZTS-Osos, sociétés des associés, étaient basées à Paris, souligne le parquet.

La défense va aussi prendre pour cible le juge Courroye, aujourd'hui procureur à Nanterre, qu'elle accuse de diverses irrégularités de procédure. Il est cité comme témoin.

Ils vont soutenir la thèse selon laquelle le juge a agi avec l'appui hors-procédure du patron des Renseignements généraux Yves Bertrand, dans le seul but d'écarter Charles Pasqua de la présidentielle de 2002, pour le compte de Jacques Chirac.

Pierre Falcone, Arcadi Gaydamak, Charles Pasqua, Jean-Charles Marchiani encourent jusqu'à dix ans de prison, les autres prévenus cinq ans.

Edité par Yves Clarisse

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