mardi, 22 juillet 2008
Traître ou rebelle
PARIS (Reuters) - Jack Lang a effectué lundi un pas supplémentaire hors du Parti socialiste en votant, aux côtés de la majorité, en faveur de la réforme des institutions souhaitée par Nicolas Sarkozy.
L'ancien ministre de la Culture s'expose à des sanctions de la direction du PS, qui avait appelé à voter "non" contre le texte, finalement approuvé avec une seule voix de majorité lors de la réunion du Congrès à Versailles.
"Il y a une rupture qui vient de se produire. Je suis triste pour lui, triste pour tout ce qu'il a fait mais c'est son choix, ce choix de partir sur un chemin tout seul vers d'autres horizons. Quand il se retournera, peut-être qu'il se retrouvera seul", a déclaré sur la chaîne de télévision LCI Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée.
"Il a pris une grande responsabilité, c'est à lui de tirer les conclusions de cet affranchissement de la délibération collective", a déclaré à Reuters le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande tout en évitant le mot "sanction".
La position de Jack Lang est "gravissime, c'est une trahison de tous nos idéaux", a jugé pour sa part François Rebsamen, bras droit du premier secrétaire. En 1991, les députés et sénateurs socialistes qui avaient voté contre l'intervention des troupes françaises en Irak avaient été privés de toute expression au nom du PS pendant six mois, a-t-il rappelé.
"Je crois que la sanction la plus efficace ne serait pas l'exclusion, mais l'interdiction de se présenter à nouveau comme candidat au nom du PS", a expliqué à Reuters le maire de Dijon.
"OPPOSANT DÉTERMINÉ"
Dans un communiqué, Jack Lang a défendu son choix.
"La réforme des institutions (...) renforcera les droits du Parlement, des citoyens, et de l'opposition. Dire le contraire serait une négation de la vérité", écrit le député PS.
"Je demeure plus que jamais un opposant déterminé à la politique de régression sociale du gouvernement. De toutes mes forces, je continuerai à me battre, sur tous les fronts, pour faire obstacle aux projet dangereux et néfastes de cette majorité", poursuit le texte.
Pour François Fillon, Jack Lang été "courageux".
Il "a été cohérent avec au fond la pensée qui avait été celle de la gauche pendant très longtemps sur ces sujets. Je pense que c'est à son honneur", a déclaré sur TF1 le Premier ministre à qui on demandait si la droite disait "Merci Jack Lang".
En juillet 2007, son entrée au comité Balladur chargé de rédiger l'avant-projet de réforme lui avait déjà valu les foudres des socialistes, ébranlés par "l'ouverture" à gauche pratiquée par le chef de l'Etat dans les premières semaines suivant son accession à l'Elysée.
Il s'était mis en congé des activités du groupe parlementaire socialiste à l'Assemblée et avait pris ses distances avec les instances internes du parti.
Jack Lang, 68 ans, s'était également désolidarisé de la ligne officielle du parti dont il est membre depuis 1977 pour saluer, début juillet, la venue du président syrien Bachar al Assad à Paris à l'occasion du lancement de l'Union pour la Méditerranée.
Laure Bretton, édité par Yves Clarisse
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