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mardi, 22 juillet 2008

Cavale terminée Radovan Karadzic arrêté après onze ans

Par Elie Tzortzi et Daria Sito-Susic Reuters - il y a 2 heures 18 minutesBELGRADE/SARAJEVO (Reuters) - Radovan Karadzic, ancien président des Serbes de Bosnie recherché pour des crimes de guerre d'une gravité sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale, a été arrêté au terme de onze ans de cavale.
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"Karadzic a été repéré et arrêté", déclare le président serbe Boris Tadic dans un communiqué laconique diffusé lundi soir. La nouvelle s'est rapidement répandue à Sarajevo, assiégée pendant 43 mois par les forces fidèles à l'ancien homme fort de Pale, qui y ont fait 11.000 morts.

"C'est ce qui pouvait arriver de mieux. On voit des gens faire la fête partout", s'est réjoui Fadil Bico, un habitant de la capitale célébrant l'événement.

Karadzic avait été placé sous surveillance il y a plusieurs semaines, après une information transmise par les services de renseignement d'un pays tiers, précise-t-on de source proche du gouvernement.

En cavale depuis 1997, il n'a pas opposé de résistance. Son interpellation s'est déroulée vendredi alors qu'il se déplaçait en autobus entre deux localités de la banlieue de Belgrade, a déclaré à la presse son avocat Svetozar Vujacic.

Son arrestation et celle de son chef d'état-major Ratko Mladic, qui court toujours, était l'une des conditions fixées à Belgrade pour l'obtention du statut officiel de candidat à l'intégration à l'Union européenne.

Un premier acte d'accusation à l'encontre de Karadzic et de Mladic a été déposé le 24 juillet 1995 par le procureur du TPIY. Il accusait les deux hommes de génocide, crimes contre l'humanité, infractions graves aux Conventions de Genève et violations des lois ou coutumes de la guerre.

Un deuxième, confirmé le 16 novembre 1995, les met en cause pour des violations sérieuses du droit humanitaire commises par les forces serbes de Bosnie lors du siège et de la prise des zones de sécurité de Srebrenica, en juillet 1995. Cet acte d'accusation inclut les charges de génocide, crimes contre l'humanité, infractions graves aux Conventions de Genève et violations des lois ou coutumes de la guerre.

"L'arrestation de Radovan Karadzic confirme que tous les criminels devront répondre de leurs actes devant la justice", s'est félicitée Munira Subasic, qui préside une association de femmes de Srebrenica.

REPRÉSAILLES

Le diplomate américain Richard Holbrooke, ancien secrétaire d'Etat adjoint et principal architecte des accords de Dayton, qui ont mis fin en 1995 à la guerre civile, a salué l'arrestation d'un "Oussama ben Laden d'Europe".

Son interpellation a été annoncée à la veille d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne qui doivent évoquer le resserrement des liens avec la Serbie après la formation d'un nouveau gouvernement pro-occidental.

Serge Brammertz, procureur en chef TPIY est par ailleurs attendu mardi à Belgrade.

"Il s'agit d'un événement très positif qui va contribuer à la justice et à la réconciliation dans l'ouest des Balkans. Cela montre la détermination du nouveau gouvernement serbe à coopérer pleinement avec le TPIY", s'est félicité José Manuel Barroso, président de la Commission européenne.

L'endroit où il se cachait a fait l'objet de multiples spéculations. Les Occidentaux ont longtemps soupçonné Belgrade de rechigner à le rechercher. Le nouveau gouvernement qui réunit le Parti démocratique pro-européen du président Tadic et le Parti socialiste de feu Slobodan Milosevic semble aujourd'hui décidé à répondre aux exigences de Bruxelles.

"Cette arrestation, longtemps attendue, manifeste clairement la volonté du nouveau gouvernement de Belgrade de rapprocher la Serbie de l'Union européenne, en contribuant à la paix et à la stabilité des Balkans", s'est réjoui Nicolas Sarkozy, chef de l'Etat français et président en exercice du Conseil européen.

Ban Ki-moon, secrétaire général de l'Onu, a quant à lui félicité les autorités serbes "pour cette mesure décisive visant à mettre fin à l'impunité de ceux ayant été inculpés pour des violations graves du droit international humanitaire pendant le conflit en ex-Yougoslavie".

Karadzic devrait rester au moins trois jours en Serbie avant son transfert à Scheveningen, quartier pénitentiaire du TPIY, en attendant l'examen du recours de son avocat contre son extradition, dit-on de sources judiciaires à Belgrade, où beaucoup le considèrent encore comme l'un des grands hommes de Serbie.

"Karadzic est un héro serbe, il y aura d'importantes représailles", a ainsi averti Aleksandar Vucic, membre du Parti radical, formation nationaliste.

Version française Jean-Philippe Lefief

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