Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 19 juin 2008

Le "non" irlandais force les Vingt-Sept à agir

BRUXELLES (Reuters) - Action! Les dirigeants européens entendent afficher cette semaine leur volonté de répondre aux préoccupations quotidiennes de leurs citoyens pour pouvoir surmonter le "non" irlandais au traité de Lisbonne08711a7b6c0a756db87bbb4abd2ecb8e.jpg

Les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept se retrouvent jeudi et vendredi à Bruxelles, une semaine après ce coup de massue qui les oblige à bouleverser leur ordre du jour.

Mais l'atmosphère n'est en rien comparable à celle qui a prévalu au lendemain des "non" français et néerlandais à la Constitution européenne en 2005, même si aucune solution pour sortir de la crise n'est attendue à court terme.

"Nous devrions résoudre le problème et ne pas retomber dans la dépression", a déclaré mercredi le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. "Nous avons besoin de marins et de navigateurs par beau temps, mais aussi par mauvais temps."

En 2005, le Royaume-Uni avait annoncé dès le lendemain des référendums français et néerlandais qu'il ne ratifierait pas la Constitution, entraînant son arrêt de mort et obligeant tous les pays de l'UE à renégocier un traité "simplifié".

Jeudi, le Premier ministre britannique Gordon Brown arrivera à Bruxelles après avoir obtenu la ratification du traité de Lisbonne par son Parlement et les autres pays qui ne se sont pas encore prononcés - ils sont huit en tout - ont envoyé un signal identique, même s'il est brouillé à Varsovie et à Prague.

"Il est très encourageant que ces Etats membres poursuivent le processus de ratification", a déclaré mercredi le secrétaire d'Etat slovène aux Affaires européennes, Janez Lenarcic, en notant que même l'Irlande invitait ses partenaires à continuer.

RESPONSABILITÉ IRLANDAISE

L'objectif est clairement d'isoler le "cas irlandais" d'ici à l'automne pour pouvoir envisager une sortie de crise.

Reste à savoir comment les dirigeants européens formuleront la chose: se contenteront-ils, comme en 2005, de déclarer que "les événements récents ne remettent pas en cause la validité du processus de ratification" ou s'engageront-ils plus nettement?

Mais le Conseil européen ne précipitera pas les choses et se consacrera à l'analyse des raisons du "non" avec le Premier ministre irlandais Brian Cowen pour ne pas donner l'impression que ce résultat est considéré comme quantité négligeable.

"Je soulignerai qu'il ne peut être question de réponses hâtives, ni de réparations rapides", a déclaré ce dernier.

Selon Lenarcic, l'objectif est, si possible, de définir un calendrier de sortie de crise: le prochain Conseil européen du mois d'octobre constitue un rendez-vous naturel et les élections européennes de juin 2009 représentent l'ultime échéance.

Mais Barroso a insisté sur le fait que c'est à l'Irlande de dire à ses partenaires quelle solution est pourrait envisager.

"Je serai clair, l'Irlande a la responsabilité d'aider à trouver une solution", a-t-il dit devant les députés européens. "Vingt-Sept Etats membres ont signé le traité."

Le plus logique serait d'adopter une déclaration dissipant les craintes exprimées par les électeurs irlandais: non, Lisbonne ne les obligera pas à renoncer leur neutralité, à autoriser l'avortement ou à augmenter leurs impôts.

Mais les responsables européens sont prudents parce qu'ils savent qu'ils n'ont pas droit à l'erreur: si les Irlandais peuvent être amenés à se reprononcer, comme ils l'ont fait en 2001 après avoir refusé le traité de Nice, et qu'ils redisent "non", l'impasse serait totale, tant il est vrai que l'idée d'une Europe à deux vitesses est largement incantatoire.

MESSAGE DE "DÉSAMOUR"

Il faudrait en effet que l'Irlande accepte de "s'exclure", puisque que cette décision ne peut être prise à l'unanimité.

En attendant, il faut avant tout montrer à l'opinion que la machine européenne n'est pas grippée par ce revers.

La France, qui assumera à partir du 1er juillet la présidence de l'Union, n'entend rien changer à ses priorités.

Approbation d'un pacte sur l'immigration, accords sur la défense européenne, adoption de mesures de lutte contre le réchauffement climatique et réforme de l'Europe verte: tout cela peut se faire dans le cadre des traités actuels.

Les Vingt-Sept entendent également démontrer qu'ils ont compris le message de désamour envers la construction européenne symbolisé par le vote de l'Irlande, même si les revendications disparates du camp du "non" rendent son interprétation délicate.

Ils entendent ainsi prendre à bras le corps la question de l'envolée des prix des denrées alimentaires et du pétrole.

"Il faut lancer un message de volonté d'action sur les sujets d'actualité qui sont au coeur des préoccupations de nos citoyens", a résumé un ambassadeur européen.

Même si les dirigeants européens estiment que leurs économies doivent s'habituer à vivre avec un pétrole cher, notamment par le biais des économies d'énergie et du développement des énergies renouvelables, cela n'empêche pas que des mesures à court terme puissent être prises.

Certaines sont consensuelles, comme la distribution de denrées alimentaires gratuites aux nécessiteux ou encore l'octroi d'aides ciblées aux catégories les plus défavorisées pour atténuer la hausse du prix du gazole de chauffage.

Mais certaines idées, comme les propositions de la France d'enrayer la hausse des prix du pétrole en jouant sur la TVA ou de l'Autriche visant à lever une taxe sur la spéculation sur cette matière première le sont beaucoup moins et devraient être simplement mises à l'étude après le Conseil européen.

Par Yves Clarisse Reuters -

Les commentaires sont fermés.