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jeudi, 15 mai 2008

Justine Henin, la Reîne quitte le Trône

Aucune improvisation n’a filtré de la conférence de presse de Justine Henin, impériale dans la justesse de ses propos comme si elle avait été en finale d’un tournoi. « Je mets un terme définitif à ma carrière. Je conçois qu’il s’agit d’un choc, d’une surprise, mais croyez-moi, ma décision est réfléchie. »
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Votre élimination prématurée à Berlin a-t-elle déclenché votre choix ?

Non, je n’avais plus la tête au tennis depuis la fin de la saison 2007. Un ressort s’était cassé, ne me demandez pas lequel, peut-être celui sur lequel j’avais forcé exagérément. A l’issue du Masters de Madrid où j’ai sans doute disputé la finale la plus intense de ma carrière, peut-être aussi dispensé mon meilleur tennis face à Sharapova, j’ai certainement été au bout de moi-même, définitivement. Mon rêve d’enfant touche à sa fin. J’avais tout espéré, tout vécu, j’ai obtenu bien davantage.

25 ans, pour arrêter, c’est tout de même jeune !

Voilà dix ans que je suis au niveau professionnel, vingt ans que je joue au tennis. A l’âge de cinq ans, j’étais avec une raquette et, ce n’est pas prétentieux, j’étais déjà perfectionniste. Vingt ans ! C’est lourd à travers une vie d’enfant, d’adolescente, avec les drames que vous connaissez. Je n’avais plus la flamme, l’envie, l’obstination, la hargne, ce qui est grave quand on est au sommet. Il ne s’agit pas d’une décision prise sur un coup de tête. Cela résulte en fait d’un long cheminement. Depuis quelques mois, je ne trouve plus de sens à ce que je fais sur le circuit. J’ai vraiment voulu m’accrocher mais à Berlin, c’est vraiment devenu une évidence : je n’avais plus envie d’être là.

Berlin n’était pas une fin en soi, vous avez connu et subi d’autres échecs. Pourquoi celui-ci a-t-il ouvert la brèche à votre décision manifestement sans appel ?

Ma décision est ferme même si certains vont penser le contraire. Je sais que c’est un choc pour beaucoup mais je pars sans regret, avec soulagement. C’était le bon moment et, je m’excuse de le dire, un véritable soulagement. Il m’a fallu du courage car je sais qu’il y a des choses qui me manqueront. La préparation d’un match avec Carlos, les entraînements, la montée sur le court, les encouragements, le contact fabuleux avec le public, des émotions qu’on évoque sur le moment même mais moins quand c’est fini.

Ce n’est pas évident de quitter la scène à 25 ans, on l’a déjà dit, mais par-dessus le marché en qualité de numéro un. Vous n’aviez sans doute pas envie de vous retirer dans une sorte d’anonymat professionnel ?

Je suis une gagneuse. C’est mon caractère. J’aurais très mal vécu le fait de redescendre au classement. Je vais disparaître de la hiérarchie lundi avec une immense fierté. C’est peut-être unique dans l’histoire du tennis. C’est très important pour moi, merveilleux même mais je conçois que cela ne soit pas simple à comprendre pour les gens. A quoi bon poursuivre si j’ai la certitude que mon temps est passé ?

Même à dix jours du tournoi qui vous a fait reine, pour toujours, celui de Roland Garros ?

Je n’aurais pas, sincèrement, changé d’attitude si j’avais par exemple poursuivi mon aventure à Berlin. Car je suis allée très loin dans mes réserves. Je l’ai compris sans doute définitivement à Anvers dans ce tournoi qui me tenait autant à cœur qu’à celui des organisateurs. J’ai souffert, j’ai failli être éliminée devant mon propre public et j’ai compris que la suite allait être compliquée, ce qui s’est confirmé.

Vous partez sans avoir remporté le tournoi de Wimbledon et sans avoir remis votre titre olympique en jeu. Sans regret, vraiment ?

Est-ce que gagner Wimbledon m’aurait rendue plus heureuse ? En revanche, mon titre olympique demeure un souvenir intense, peut-être le plus beau dans sa construction avec cette médaille d’or décrochée pour mon pays. J’en ai retiré beaucoup de fierté – et je n’étais pas la seule.

Une telle décision ne doit pas être simple à prendre car la presse vous mettait dans une situation difficile. Est-il vrai que vous avez eu un contact avec votre idole, Steffi Graf, avant de prendre votre décision ?

Oui, mais j’ai pris ma décision seule. Sans regret. Quand à Steffi, elle m’a téléphoné hier mardi soir. C’était absolument par hasard mais elle a été la première à savoir car elle n’était pas au courant de mon projet. Elle a été surprise mais elle m’a encouragée, elle m’a même félicitée. Ses mots ont été importants.

Vous avez évoqué Athènes 2004, votre finale face à Sharapova à Madrid au Masters. Avez-vous une fierté particulière, au-delà de ces deux performances certes inoubliables ?

Une de mes plus grandes fiertés, c’est d’avoir donné de l’émotion aux gens, et j’imagine déjà leur déception à ne plus me voir, je les imagine allumer leur téléviseur avec moins d’envie. C’est aussi pour eux que je jouais, pour partager des moments joyeux. Et d’autres moins joyeux.

En quelque sorte, vous avez donné le maximum ?

Sincèrement, oui. Mon corps est cassé. J’étais la petite qui suscitait les moqueries et mon envie se décuplait quand j’affrontais les grandes. C’était comme ça quand j’étais petite, c’était comme ça quand j’étais professionnelle. Mais je ne peux plus. Et je n’ai jamais évoqué un break de six mois – car quand j’ai pris une décision…

Quelle est finalement la chose dont vous êtes la plus fière, en dehors d’avoir renoué avec votre famille ?

D’avoir obtenu le meilleur de Carlos Rodriguez ; et qu’il ait, lui, obtenu le meilleur de moi. Une complicité comme celle-là, c’est inviolable, éternel.

Lesoir

10:42 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tennis |  del.icio.us |  Facebook | | |

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