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mardi, 15 avril 2008

Moureaux à Di Rupo : « Virez Laloux ! »

Le numéro deux du PS veut le départ du secrétaire d'Etat Frédéric Laloux. Et presse Elio Di Rupo de prendre position radicalement sur les agissements déviants.
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En répondant aux questions du Soir, Philippe Moureaux espère « provoquer un sursaut » du côté du Boulevard de l'Empereur. Sur un ton ferme et peu diplomatique, le vice-président du PS s'adresse à Elio Di Rupo, son président : « Je l'engage à donner une ligne claire (NDLR : au parti). Qui va nous coûter dans l'immédiat, mais qui nous portera plus loin. Plutôt que de faire des choix frileux qui vont nous couper de toute perspective d'avenir. »

Le Bruxellois estime que « le dernier casting gouvernemental du PS est un échec ». Il demande à son auteur, Elio Di Rupo, de « réparer ses erreurs dans ses choix ». En clair : renvoyer à Namur Frédéric Laloux, le secrétaire d'Etat à la lutte contre la pauvreté empêtré dans une affaire de pleins d'essence.

Philippe Moureaux veut que son président se montre plus sévère avec « les dérives et les pratiques qui sont les nôtres ». C'est le moment, dit-il, d'« indiquer clairement à l'opinion que le parti n'accepte plus ce genre de choses ». Et sans vains regrets : « Que ceux qui ne sont pas d'accord fassent un pas de côté ou aillent voir ailleurs. »

ENTRETIEN

On ne l'a guère entendu ces derniers mois. Celui qui représentait le PS au comité des sages sur la réforme de l'Etat observait une certaine réserve par rapport à l'évolution de la situation politique générale, et celle de son propre parti…

… Ce silence, vous le rompez…

Il me semble que, pour quelqu'un comme moi qui n'a plus aucune ambition personnelle sinon celle de réussir sa retraite, il est nécessaire maintenant, avec prudence, sans casser la porcelaine, d'exprimer ses inquiétudes, ses réserves, parfois ses critiques.

A propos…

Du dernier casting gouvernemental du PS. Un échec. Et c'est triste, car il intervient au moment où l'on aurait besoin de ce genre d'opportunité pour faire avancer le parti. Choisir des extra-parlementaires pour un gouvernement, cela peut se justifier – et ce serait difficile d'ailleurs pour moi de dire le contraire puisque j'étais moi-même un non-élu en 1980 lorsque je suis devenu ministre. Prenez récemment la désignation de Paul Magnette : elle ne me paraît poser aucun problème vu sa situation (son intervention pour faire cesser la querelle carolo en 2006, NDLR) et l'ampleur de la personnalité. Par sa connaissance des dossiers, son expertise, ou sa situation particulière, un extra-parlementaire peut donc apporter quelque chose de fondamental. Mais il n'est pas bon de négliger les parlementaires pour des personnes qui, certes ne sont pas inintéressantes, mais qui ne sont pas du même niveau qu'eux à ce stade. Je n'épiloguerai pas sur le choix de quelqu'un qui souffre d'ailleurs d'avoir été mis en première ligne.

Vous visez Frédéric Laloux…

Peut-être n'aurait-il pas connu certains avatars si on ne l'avait pas imprudemment soumis au feu médiatique et judiciaire.

La présomption d'innocence ?

Mais je ne le condamne pas. Je crois d'ailleurs que si on ne l'avait pas désigné, on aurait beaucoup moins parlé, voire pas du tout, du problème pelliculaire pour lequel il est inquiété, l'utilisation de quelques litres d'essences complémentaires. Mais à partir du moment où on est placé en première ligne, ce genre de choses prend une tout autre tournure.

Conclusion ?

Des erreurs, tout le monde en commet, mais après, il est souhaitable de les réparer. Je parle des choix du président, du casting.

Le secrétaire d'Etat doit donc, selon vous, être remplacé ?

J'ai été assez clair.

Et le casting gouvernemental ?

En le modifiant légèrement, il peut retrouver une pertinence incontestable. Laurette Onkelinx, Marie Arena, Paul Magnette, nos ministres fédéraux, sont des gens de toute première qualité. La jeune secrétaire d'Etat liégeoise ne pose pas de problème majeur. Mais ce qui est terrible, c'est qu'on ne parle pas d'eux mais de la désignation d'un garçon auquel je n'ai aucun reproche particulier à faire, mais qui devient l'image dominante pour l'opinion, alors qu'il y a derrière une belle équipe. C'est injuste. On peut y remédier. C'est la politique. Ce garçon, on l'a exposé. On lui rendrait un service en corrigeant le tir. Cela dit, derrière, je vois un problème plus global…

Vous voulez dire ?

Le choc des dernières élections a été dû essentiellement, pour moi, à ce que l'on a appelé les « affaires », des événements que l'on a d'ailleurs résumés imprudemment et injustement à ceux de Charleroi. Or, je vois qu'au PS, on a tendance à dire aujourd'hui : « Au fond, il ne s'est rien passé de spécial. Circulez y'a rien à voir ». Certains prétendant même que le grand problème pour le PS, ce fut la loi sur les armes !, qui nous aurait fait perdre des dizaines de milliers de voix. Donc : le parti aurait tout bien fait, sauf Laurette Onkelinx, à l'origine de cette loi sous la législature précédente, comme ministre de la Justice. Cette idée est totalement fausse et insupportable. C'est refuser de voir les difficultés en face. Cette loi sur les armes, je ne l'ai jamais trouvée très bien rédigée, j'ai des critiques, mais elle a été approuvée par tous les groupes politiques, dans un sursaut après les événements à Anvers (la fusillade Van Themsche, Ndlr), et considérer qu'une mesure restrictive en matière de port des armes est négative, c'est déjà étonnant en soi ! M. Bush est le grand défenseur du port d'armes aux Etats-Unis… Mais ce qui m'inquiète le plus, c'est la tentative de transférer les responsabilités de la défaite de 2007.

De la part de qui ?

Je constate simplement qu'au Boulevard de l'Empereur, au siège du parti, on a organisé des rencontres dans les fédérations, en cours, à propos de cette loi sur les armes. Une manière de nous exempter de ce qui pour moi est le problème fondamental, celui des comportements d'élus. Si le PS veut s'inscrire dans l'avenir, il doit prendre position radicalement. Il ne faut pas masquer ces réalités, par exemple avec la loi sur les armes. Ce sera dur. On encaissera peut-être des défections en vue de 2009. Mais il faut montrer à l'opinion publique qu'une page est tournée.

Elio Di Rupo appréciera…

J'appelle Elio Di Rupo, qui a fait un travail extraordinaire à la présidence par ailleurs, et qui a une capacité de travail exceptionnelle, je l'engage publiquement à faire ce choix, à donner une ligne claire. Qui va nous coûter dans l'immédiat, mais qui nous portera plus loin. Plutôt que de faire des choix frileux qui vont nous coûter et nous couper de toute perspective d'avenir.

Qui visez-vous ?

Je n'ai aucune animosité contre X, Y ou Z. Franchement, je ne mets en cause personne. Je pense aux dérives et aux pratiques, et aux règles éthiques qui sont les nôtres. Un bourgmestre qui méprise l'opposition (même si ce n'est pas illégal), un élu local qui pratique toujours un clientélisme de bas étage… Il faut indiquer clairement à l'opinion que le parti n'accepte plus ce genre de choses. Et exécuter ce qui a été décidé au PS ces derniers temps : plutôt que de faire le tour des fédérations à propos de la loi sur les armes, le faire pour expliquer et faire passer les éléments éthiques inscrits dans nos statuts et notre programme. Et que ceux qui ne sont pas d'accord fassent un pas de côté ou aillent voir ailleurs !

Ces « pratiques », quelle est leur ampleur au PS ?

Elles ne sont pas du tout majoritaires, mais elles le sont pour les médias, dans l'image qu'ils donnent. Notre mission politique reste entière. Les idées de gauche ont toute leur pertinence, et l'illusion du libéralisme qui allait régler tous les problèmes de la planète est en train de s'estomper. Mais il faut retrouver toute notre pertinence sur les comportements.

Une attaque à Elio Di Rupo ?

Non. J'ai toujours soutenu Elio, je continue à croire qu'il est un homme d'exception, mais après une période de dialogue un peu éteint, je souhaite publiquement lui dire mon inquiétude, et le presser de bien regarder vers l'avenir.

Vous servez vos adversaires en accréditant la thèse que le problème du PS, c'est les affaires…

Mais le problème du PS… c'est les affaires ! Faux en partie, et très exagéré, je l'ai dit, c'est bien de ce problème, pourtant, qu'il faut sortir aujourd'hui. A un an et demi des élections, j'espère provoquer le sursaut qui permettra de dire : le PS ce n'est pas les affaires, c'est le message social et l'action.

09:33 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : PS Belge |  del.icio.us |  Facebook | | |

Commentaires

J'impute une grande responsabilité à Di Rupo sur le déclin du PS dans la mesure qu'il essait d'imposer une certaine impunité a ses hommes ou femmes.Impose au PS des gens impopulaires et sans carisme comme ministres.Ces gens qui ont perdu des élections dans leurs propre localités et des gens qui migrent par ci par là à la ^fuite d'une défaite...c'est triste...

Écrit par : Fabrice | mardi, 15 avril 2008

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