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mardi, 15 avril 2008

La FAO met en garde contre les biocarburants

BRASILIA/NEW YORK (Reuters) - L'augmentation mondiale de la production de biocarburants menace l'accès aux denrées alimentaires pour les populations pauvres d'Amérique latine, a estimé lundi la FAO (Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation).
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"A court terme, il est très probable que la rapide expansion des carburants verts, au niveau mondial, aura des effets importants sur l'agriculture d'Amérique latine", affirme la FAO dans un document.

Produire davantage de biocarburants va s'effectuer aux dépens des productions vivrières en puisant dans les réserves en eau, en détournant des terres mais aussi des capitaux, et, de ce fait, cela augmentera les prix des denrées alimentaires et "mettra en péril l'accès aux vivres pour les éléments les plus défavorisés", conclut la FAO dans un rapport présenté à Brasilia, lors de sa conférence pour l'Amérique latine et les Caraïbes.

Les représentants du Venezuela et de ses alliés régionaux que sont la Bolivie, le Nicaragua et Cuba ont vivement critiqué les biocarburants lundi lors de cette conférence.

"Sans sécurité alimentaire (pour les pauvres), nous ne pouvons pas même envisager des biocarburants(...). Cela créerait d'énormes déficits alimentaires et des troubles sociaux", a déclaré devant la conférence le vice-ministre vénézuélien chargé du Développement rural, Gerardo Rojas.

LE BRÉSIL CONTESTE LA FAO

Pour le représentant cubain Juan Arsenio Quintero, il est inacceptable que les pays pauvres, dont le parc automobile représente 15% seulement du total des voitures du monde entier, produisent des biocarburants pour les pays riches.

Toutes ces critiques, sur fond d'"émeutes de la faim" survenues dans des dizaines de pays du tiers monde ces derniers jours, sont un revers pour le Brésil, qui s'efforce de propager la production de biocarburants en Amérique latine et en Afrique en tant que moyen pour éliminer la pauvreté dans les campagnes.

En visite à New York, le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, a rejeté devant la presse, lundi, l'idée que la production de carburants verts poussait à la hausse les prix des denrées alimentaires dans le monde entier. Selon lui, un tel problème est limité aux Etats-Unis.

"Cela met en péril la production alimentaire ici aux Etats-Unis, mais pas au Brésil, pas dans les pays d'Afrique, pas dans les pays d'Amérique latine, qui ont assez de terres pour produire les deux" (vivres et biocarburants), a-t-il assuré.

Voici un an, Fidel Castro, alors encore président cubain, avait signé une virulente tribune dans le journal cubain Granma au sujet de l'usage des biocarburants aux Etats-Unis. Selon lui, trois milliards d'habitants de la planète sont voués à mourir prématurément de faim ou de soif en conséquence du projet des Etats-Unis de transformer en carburant des denrées alimentaires comme le maïs.

Raymond Colitt, Walter Brandimarte, version française Eric Faye

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