vendredi, 22 février 2008
Gaullisme ne rime pas avec Sarkozy...il y a fausse note dans la musique
PARIS (Reuters) - En chute libre dans les sondages, critiqué jusque dans sa majorité pour son style et certaines de ces initiatives, Nicolas Sarkozy s'est octroyé un brevet de gaullisme, lors de l'inauguration d'un mémorial audiovisuel en hommage au général Charles de Gaulle.
Le président de la République a inauguré en compagnie de son prédécesseur Jacques Chirac cet "Historial Charles de Gaulle" - un espace installé sous les Invalides autour d'une salle de projection à écran panoramique, dédié à la vie et la carrière du chef de la France Libre et fondateur de la Ve République.
Quelques figures historiques du gaullisme étaient là, comme l'ancien ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, ainsi que l'amiral Philippe de Gaulle, fils du général.
Parmi les invités, plusieurs centaines de collégiens, dont certains venus de Neuilly, fief électoral de Nicolas Sarkozy, avaient pris place dans la cour des Invalides pour écouter le discours du chef de l'Etat.
Leur brouhaha n'a guère cessé pendant l'allocution du chef de l'Etat, qui a longuement évoqué la vie et la carrière du général de Gaulle et annoncé qu'il irait se recueillir "chaque année" sur le plateau des Glières, haut lieu de la résistance à l'occupant nazi pendant la Seconde guerre mondiale.
"Le gaullisme n'a jamais été une idéologie, le gaullisme n'a jamais été une religion", a déclaré Nicolas Sarkozy. "Mais cet homme qui voulait que la politique se fit toujours à partir des réalités et des circonstances disait aussi : 'si j'entends marcher librement, je ne marche pas pour autant au hasard'. Que cette phrase puisse inspirer chacun d'entre nous."
SOURCE D'INSPIRATION
Le chef de l'Etat s'est efforcé de démontrer que le général de Gaulle était toujours une source d'inspiration pour lui.
Lui qui s'oppose à toute "repentance" et se veut pragmatique, il a ainsi souligné que le fondateur de la Ve République n'avait pas une "vision nostalgique" de l'histoire et n'était pas un "conservateur".
Le général de Gaulle fut "le premier à comprendre la nécessité de l'ouverture pour rassembler les Français", a estimé Nicolas Sarkozy, qui a lui même fait de l'ouverture politique un principe de gouvernement.
Le gaullisme, a-t-il ajouté, c'est "l'alliance de l'ordre et du mouvement" - un slogan qu'il s'efforce aussi de faire sien.
Il a cependant estimé que le "rendez-vous entre la jeunesse et le général de Gaulle" avait été manqué en 1968, année des grandes révoltes estudiantines.
"Ce n'est pas le moindre des paradoxes de l'histoire de notre pays que d'avoir unanimement célébré la mémoire du grand homme alors que tout au long de son existence sa légitimité fut contestée", a souligné Nicolas Sarkozy.
"En voulant restaurer l'Etat dans son autorité, dans sa dignité, dans son prestige, le général de Gaulle n'a jamais craint de dresser contre lui tout au long de sa vie tous les corporatismes, tous les conservatismes, tous les clientélismes. Et à force, ils finissent par gagner", a-t-il ajouté.
"La seule question qui se pose est de savoir si nous serons à la hauteur de ceux qui nous ont transmis le flambeau, la seule question qui se pose c'est si nous saurons faire de nos vies quelque chose d'aussi utile que ce qu'ils ont construits", a conclu le chef de l'Etat.
"Ils nous ont laissé un pays libre, un pays fort. Ce n'est pas inscrit dans le marbre. Un pays libre et un pays fort ça se mérite", a-t-il ajouté.
"Ça fait jamais que 35 ans que je me suis engagé dans la vie politique et toujours dans le mouvement gaulliste et donc, bien sûr, c'est une source (d'inspiration)", a confié un peu plus tard Nicolas Sarkozy à des journalistes, après la cérémonie.
Emmanuel Jarry
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