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samedi, 09 février 2008

Enquête préliminaire sur le supposé SMS de Sarkozy

PARIS (Reuters) - Une enquête de police préliminaire a été ouverte vendredi après la plainte du président Nicolas Sarkozy contre Le Nouvel Observateur, auquel il reproche d'avoir fait état d'un SMS à son ex-épouse Cécilia qu'il n'aurait jamais envoyé, annonce le parquet de Paris.

Cette procédure a été confiée à deux services de police, la Brigade de répression de la délinquance contre la personne et la Brigade d'enquête sur les fraudes aux technologies de l'information, ont précisé les services du procureur.

Le second service est composé de spécialistes de l'informatique, ce qui suppose des investigations techniques poussées.

L'enquête fait suite à la plainte déposée par le chef de l'Etat pour "faux, usage de faux et recel", inédite sous la Ve République.

Nicolas Sarkozy nie dans cette plainte avoir envoyé à son ex-épouse Cécilia un SMS lui proposant de revenir en échange de l'abandon du mariage avec Carla Bruni. Le SMS en question est un "faux", dit Me Thierry Herzog dans la plainte déposée au parquet de Paris jeudi, et l'hebdomadaire est selon lui juridiquement "receleur" de ce faux.

C'est la première fois qu'un président de la République dépose plainte au pénal contre un organe de presse. Le "faux" est passible de trois ans de prison et 45.000 euros d'amende.

"On ne peut pas considérer que le président de la République doit être mieux traité qu'un autre citoyen, mais il ne doit pas non plus être moins bien traité", a déclaré Me Herzog sur RTL.

Il accuse l'hebdomadaire de pratiquer "la calomnie pour vendre et pour obtenir des connexions".

Dans un article publié sur son site internet mercredi 6 février, Le Nouvel observateur affirme que pendant les préparatifs de son mariage avec Carla Bruni, le chef de l'Etat a écrit à Cécilia dans un SMS : "Si tu reviens, j'annule tout."

Le président de la République, qui a divorcé d'avec Cécilia en octobre, a épousé le mannequin devenu chanteuse samedi dernier lors d'une cérémonie civile à l'Elysée.

"CHAROGNARDS", DIT YADE

Vendredi sur RTL, la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme, Rama Yade, a vivement condamné ce qu'elle qualifie d'"attaques personnelles" de la presse contre Nicolas Sarkozy.

"On a l'impression de voir des charognards qui ont humé l'odeur de leur proie et qui fondent sur lui, qui s'acharnent, parce que je trouve que c'est une véritable chasse à l'homme", a-t-elle ajouté.

"Il n'y a plus de morale, personne ne recule devant aucune bassesse, aucun scrupule, personne n'a rien appris, tout oublié du choix démocratique des Français. Ceux qui veulent la peau de Nicolas Sarkozy sont des gens qui veulent leur revanche parce qu'ils n'ont pas accepté qu'il préside aux destinées de ce pays", a-t-elle ajouté.

En marge d'un déplacement à Astana, au Kazakhstan, François Fillon, s'est refusé à commenter les propos de Rama Yade, soulignant qu'il n'avait que des mots gentils pour la profession.

"Je n'ai aucun mot dur à dire aux journalistes, je n'ai que des mots gentils", a déclaré le Premier ministre à des journalistes.

Dans un communiqué, l'association Reporters sans frontières s'inquiète de la nature des poursuites engagées par le président.

"Nous regrettons que Nicolas Sarkozy ait choisi la voie la plus dure pour attaquer en justice le site du Nouvel Observateur. Le chef de l'Etat poursuit sur la base du code pénal, alors qu'il aurait très bien pu engager des poursuites civiles pour atteinte à la vie privée", note RSF.

"Le chef d'accusation de 'faux et usage de faux' retenu par son avocat prévoit une peine d'emprisonnement. Même si nous faisons confiance à la justice pour faire preuve d'équité, cette manière de procéder suscite notre inquiétude. En plus, engager une poursuite au pénal permet de faire convoquer le journaliste incriminé devant la justice et éventuellement de lui demander de révéler ses sources. Ce qui n'est pas le cas dans le cadre d'une affaire civile", ajoute l'organisation.

Thierry Lévêque

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