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vendredi, 25 janvier 2008

Confusion judiciaire sur la Société Générale, Kerviel invisible

PARIS (Reuters) - Deux parquets, Nanterre et Paris, sont en apparente concurrence pour traiter l'enquête judiciaire visant la fraude imputée par la Société générale à un trader unique et chiffrée à 4,9 milliards d'euros.

Selon deux sources judiciaires, l'arbitrage entre les deux parquets n'était pas encore rendu vendredi matin et les discussions devaient se poursuivre dans la journée.

La Société générale, qui a révélé la fraude mercredi, dit ne pas savoir où se trouve Jérôme Kerviel, le trader accusé des faits.

Me Elisabeth Meyer, avocate du jeune homme de 31 ans, mis à pied par la société, a déclaré à plusieurs médias qu'il n'était pas en fuite et se trouvait toujours en France, dans l'attente, dit-elle, d'une confirmation écrite de la banque.

Sur la boîte aux lettres de son logement de Neuilly, rue Michelis, le concierge a laissé un mot à l'intention des journalistes, a constaté un journaliste de Reuters.

"Journalistes, pour vous faciliter le travail : Kerviel inconnu dans la maison, appartement loué ou sous-loué à des locataires de type asiatique parlant anglais, ne le cherchez pas ici, il y a probablement longtemps qu'il a trouvé refuge ailleurs", lit-on sur le mot.

Le parquet de Paris, saisi le premier jeudi après-midi après la plainte contre "X" pour "abus de confiance, escroquerie, faux, usage de faux" d'un petit porteur de la banque, a confié aussitôt une enquête préliminaire de police à la brigade financière.

DEUX PLAINTES

Juste après, l'avocat et certains dirigeants de la Société générale se sont rendus personnellement voir le procureur de Nanterre (Hauts-de-Seine) Philippe Courroye pour déposer plainte à leur tour.

Cette seconde plainte vise nommément le trader accusé de la fraude, Jérôme Kerviel, et concerne des faits de "faux en écritures de banque, usage de faux en écritures de banque et intrusions informatiques".

Les dirigeants de la banque ont remis au procureur Courroye la photographie, le domicile et une série de documents liés à la fraude dont la Société générale se dit victime, a-t-on expliqué à Reuters au parquet de Nanterre.

Jérôme Kerviel habitant à Neuilly, les faits s'étant déroulés à la Défense et le siège administratif de la société étant aussi à la Défense, le parquet de Nanterre pense être territorialement compétent.

Cependant, le procureur de Paris a d'autres arguments pour se saisir de l'affaire, le siège social de la Société générale étant à Paris.

La capitale dispose par ailleurs avec le pôle financier d'une juridiction d'instruction spécialisée et particulièrement équipée en moyens humains et matériels pour les enquêtes sur les affaires financières importantes.

Les services du procureur de Paris ont précisé que le délit imputé à Jérôme Kerviel n'était pas automatiquement constitué. Le trader est payé pour acheter et vendre et le seul fait qu'il ait perdu, même des sommes importantes, ne le désigne pas comme coupable, estime-t-on.

Au pôle financier de Paris siège notamment la juge d'instruction Xavière Simeoni, qui a renvoyé en 2006 en correctionnelle la Société générale et son P-DG Daniel Bouton pour "blanchiment de capitaux" dans une autre affaire.

Le procès de cet autre dossier doit s'ouvrir le 4 février au Palais de justice de Paris.

Thierry Lévêque

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