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jeudi, 13 décembre 2007

Bruxelles:Le « non » du MR au plan Verhofstadt

Le plan sur lequel travaille Guy Verhofstadt d’un « 4+2 » ouvrait la voie à un gouvernement interimaire. Mais le MR n’en veut pas. Par ailleurs, on apprend que le Premier ministre n’est pas candidat à sa propre succession. Il est également prêt à renoncer à toute fonction de ministre si c’est nécessaire.
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Tout le monde en convient : ça ne peut plus durer, « il faut un gouvernement pour Noël ». Il s’agit bien là de l’exécutif « intérimaire », d’« affaires urgentes » appelé de ses vœux par le Palais royal, sachant que le vrai, le définitif, lui, suivrait, dans trois, quatre mois, on verrait…

A la manœuvre, Guy Verhofstadt souffre. Premier en affaires courantes en mission d’« informateur » depuis dix jours, il est tenu pourtant à une obligation de résultat. Pour lundi, ou mardi prochain, estime-t-on. Sinon ? Sinon qui d’autre pourra jamais plus dénouer la crise ?… Qui d’autre après lui ?… Il est le dernier recours. Si Guy Verhofstadt n’y arrive pas ? Ce sera les élections. Un scénario-catastrophe.

Alors, l’informateur consulte sans relâche. Et travaille depuis 48 heures prioritairement à cette équation à une inconnue : 2N = 3F + X.

2N ? Deux partis néerlandophones sont partants pour composer une majorité temporaire, il s’agit du cartel CD&V/N-VA et du VLD. 3F ? Trois francophones se disent prêts à se hisser sans tarder au gouvernement, PS, CDH et Ecolo, et ceux-ci veulent une quadripartite au sud, réalisant l’« unité » francophone, disent-ils, face à la Flandre et en vue des négociations institutionnelles. C’est bien là le « X ». Le MR, si vous préférez. Dans « Le Soir » hier, nous rendions compte de cette équation. Elle reste vraie. Même si les libéraux francophones freinent à fond.

Ils ont un argument majeur. Et tiennent leur réplique.

Leur argument majeur : il est paradoxal, au moins, de constater que l’on demande aux partis francophones de fournir, à quatre, la majorité des deux tiers nécessaires à une réforme de l’Etat dont ils ont toujours dit qu’ils ne voulaient pas… Un gouvernement 4 + 2 a typiquement un profil « institutionnel », alors que ce qui importe, c’est le socio-économique. CQFD ?

Leur réplique, enfin : nous sommes disponibles, disent-ils, pour un gouvernement pleinement d’Union nationale, comme l’avait expliqué Didier Reynders lundi en conférence de presse – tous dedans, au sud comme au Nord –, mais en tout état de cause, c’est pour le voir appliquer notre programme socio-économique, au prorata de notre puissance électorale du 10 juin : baisser l’impôt des sociétés, la fiscalité sur les bas revenus, sur les revenus moyens, conforter le statut des indépendants, limiter le recrutement de fonctionnaires, etc., etc.

Oui, mais : pour évoquer tout ceci, pour négocier un compromis, ne faut-il pas commencer par accepter de s’asseoir à une table de négociation avec des partenaires potentiels ? Là, au MR, on vous répète, en boucle : au préalable, nous voulons des engagements sur notre programme… Nous en sommes là.

Entendu au MR toujours : et pourquoi pas continuer le gouvernement intérimaire avec la Violette ? Ou ceci : et pourquoi pas négocier d’emblée un gouvernement à part entière, sans passer par le provisoire ? Ou ceci encore : et pourquoi pas aller dans l’opposition ? Et ce n’est pas une blague…

Inutile de dire que les détracteurs des libéraux-réformateurs se déchaînent. On vous passe les commentaires au PS, au CDH, comme chez Ecolo. En résumé : de la difficulté pour le MR d’« atterrir » après sa victoire du 10 juin, et après six mois de foi dans l’Orange bleue, cette coalition de prédilection qui devait lui garantir un rôle de tout premier plan, et des portefeuilles ministériels en série…

Plus rien de tel ici, dans l’hypothèse de la quadripartite francophone, où il faudra vivre chichement, partager le pain, cohabiter avec le PS d’Elio Di Rupo, le CDH de Joëlle Milquet, la « vice-présidente socialiste », comme la désigne maintenant un dirigeant libéral… Un cauchemar bleu.

Verhofstadt, rapportait-on hier, la trouve limite. Le Standaard du matin donnait Reynders au « 16 » à sa place durant l’intérim… Le libéral francophone y verrait une compensation à la coalition 4+2… Mais voilà : Verhofstadt a les faveurs de tous, au Nord et au Sud, et en véritable « intérimaire », lui s’effacerait après trois ou quatre mois, vraisemblablement pour Leterme. Correct. Pas pour tout le monde.

Le Premier ministre en affaires courantes s’envolait ce matin pour Lisbonne et la signature du traité européen. Sans certitude. Comme disait Reynders l’autre jour : qui va « arrêter le compteur de la crise » ?

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