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samedi, 01 décembre 2007

Le "formateur" démissionne en Belgique, la crise s'aggrave

BRUXELLES (Reuters) - La crise politique belge s'est aggravée samedi avec la démission du démocrate-chrétien flamand Yves Leterme, qui avait pour mission de former un gouvernement, et la situation semble désormais inextricable.

Leterme s'est rendu chez le roi Albert II pour lui demander d'être déchargé de sa mission de "formateur" d'un gouvernement composé de socialistes et de démocrates-chrétiens, 174 jours après les élections du 10 juin dernier. Il avait déjà rendu son tablier en août dernier mais avait été renommé.

"Le roi a accepté cette demande", peut-on lire dans un bref communiqué du palais royal.

"Ces dernières semaines et mois, j'ai fait tout ce qui était possible pour mener cette tâche à bon port", a déclaré Yves Leterme "Malheureusement, cela n'a pas été possible", a-t-il ajouté en estimant qu'un "chemin considérable a été parcouru" mais qu'il n'était "pas sérieux" de continuer sans accord clair.

"Notre pays a besoin d'un gouvernement stable et de réformes qui permettent de prendre les problèmes des gens à bras le corps et de réformes de nos institutions", a-t-il poursuivi dans une courte déclaration prononcée dans les locaux du parlement.

Le programme socio-économique de la coalition "Orange bleue", le mélange des couleurs de deux familles politiques qui sont sorties renforcées du scrutin, est pratiquement prêt.

Mais les négociations butent sur l'impossibilité de rapprocher les points de vues des ailes francophone et flamande de la démocratie-chrétienne sur l'avenir de la Belgique fédérale, dont la pérennité est menacée par les tensions.

Yves Leterme n'a en effet gagné les élections que grâce à la création d'un "cartel" entre son parti démocrate-chrétien et une petite formation nationaliste, la "Nouvelle alliance flamande" (NVA), qui prône l'indépendance à terme de la Flandre.

Un accord semblait pourtant à portée de main.

Les quatre partis avaient accepté de créer une "Convention", à l'instar du forum qui a rédigé le projet de Constitution européenne, pour débattre des demandes flamandes d'octroyer plus d'autonomie aux régions dans des domaines comme la fiscalité, l'emploi ou même une partie de la sécurité sociale.

LE POIDS DES NATIONALISTES FLAMANDS

Même si les francophones rechignent à une telle réforme qui risque selon eux d'aboutir à une confédération où la Wallonie, beaucoup plus pauvre que la Flandre prospère, hériterait de compétences qu'elle serait incapable de financer, ils se sont résignés à cet exercice après avoir obtenu des assurances.

La Convention comporterait en effet autant de députés francophones que néerlandophones, elle aurait officiellement pour but de renforcer la "Belgique fédérale" et la solidarité entre le Nord et le Sud devrait être maintenue.

Les libéraux flamands et francophones, de même que les démocrates-chrétiens francophones, avaient accepté en début de semaine cette proposition longuement négociée d'Yves Leterme.

Mais la NVA a estimé qu'il n'y avait pas de garantie de réforme de l'Etat et a exigé un renforcement du mandat des "conventionnels", obligeant le formateur à revoir sa copie.

C'est ce qu'il a fait en demandant aux quatre partis pressentis pour former une coalition de répondre avant samedi à trois questions qui orienteraient les travaux de la Convention.

Pourra-t-on y parler de tout? Les régions pourront-elles octroyer des incitants fiscaux aux entreprises? Pourra-t-on voter les propositions à la majorité classique des deux-tiers?

Pour les libéraux et les démocrates-chrétiens flamands, la réponse aux trois questions est positive.

Mais les libéraux francophones sont réservés et, pour les démocrates-chrétiens du Sud du pays, il faut s'en tenir aux accords acceptés en début de semaine par trois partis.

ALLOCATIONS FAMILIALES DIFFÉRENCIÉES

Si les francophones sont d'accord pour débattre de tout au sein de la Convention, cela signifie pour eux qu'il faut aussi pouvoir renforcer des compétences à l'échelon central, ce qui n'est pas du tout le but recherché par les Flamands.

La NVA estime par exemple que le débat doit permettre de différencier les allocations familiales selon les régions, un véritable tabou pour tous les partis wallons.

La régionalisation de l'impôt sur les sociétés risque selon les Wallons d'entraîner une concurrence fiscale entre la Flandre et la Wallonie, qui en sortirait encore plus démunie.

Enfin, derrière la revendication flamande de l'adoption des réformes à la majorité "classique" des deux tiers se cache selon eux un piège: cela signifierait que l'on pourrait les adopter même si une majorité de députés francophones s'y opposent.

Dans un communiqué, les démocrates-chrétiens francophones (CDH) estiment que ces questions remettent en cause les "garanties essentielles" obtenues en matière de maintien d'une sécurité sociale et d'une fiscalité unique au niveau fédéral.

Le roi se trouve désormais dans une situation peu enviable.

Il n'existe en effet pas vraiment d'alternative à la coalition "Orange bleue" et, sans la NVA, le gouvernement ne dispose par d'une majorité du côté flamand.

L'élargissement de la coalition aux socialistes, grands perdants des élections du 10 juin, est rejetée par la plupart des partis de la coalition pressentie.

Elle serait en outre incompatible avec la satisfaction des revendications flamandes, qui sont rejetées avec force par les socialistes francophones, très à cheval sur la solidarité.

L'entrée au gouvernement des écologistes francophones pour remplacer leurs homologues démocrates-chrétiens est évoquée du côté flamand, mais les "Verts" ne veulent pas se prêter à une manoeuvre de démembrement de la Belgique.

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