Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 24 novembre 2007

Le Liban, sans président, s'enfonce dans la crise

BEYROUTH (AFP) - Le Liban, qui s'est réveillé samedi sans chef de l'Etat, fait face désormais à un vide présidentiel qui fait redouter une aggravation des tensions provoquées par le bras-de-fer persistant entre un gouvernement soutenu par l'Occident et l'opposition proche de Damas et Téhéran.
5528c69468418c124323fafcc1f3f247.jpg
"Une République sans président", titrait le quotidien proche de l'opposition, Al-Balad, après le départ à minuit du prosyrien Emile Lahoud, au terme de son mandat, sans que le parlement ne soit parvenu à lui trouver un successeur.

Le journal a choisi de mettre à sa une un encart blanc "en guise de photo du nouveau chef de l'Etat".

Faute de consensus entre majorité et opposition, la séance du Parlement, qui élit le président, a été reportée vendredi -pour la cinquième fois en deux mois- au 30 novembre.

La vacance au sommet de l'Etat suscite l'inquiétude des Libanais et de la communauté internationale sur l'avenir du pays et relance les craintes sur une possible dégradation de la sécurité.

Plusieurs journaux estiment que le Liban est entré dans une période de "vide organisé" et redoutent que cette étape ne se prolonge indéfiniment.

"Il y a désormais un statu quo, les deux camps ayant peur l'un de l'autre", déclare à l'AFP un diplomate arabe à Beyrouth. "Il y a des craintes que la situation ne dégénére en un conflit entre sunnites et chiites ou entre chrétiens, c'est pour cela que tout le monde va faire preuve de retenue".

La majorité des sunnites soutient la coalition antisyrienne au pouvoir, tandis que les chiites appuient pour la plupart l'opposition, menée par le puissant Hezbollah, allié de Damas.

Les chrétiens, et notamment la communauté maronite dont est traditionnellement issu le président de la République, sont divisés entre les deux blocs.

En quittant le palais présidentiel, M. Lahoud, un des présidents les plus controversés de l'histoire du Liban, a confié à l'armée la sécurité du pays.

Cette initiative a immédiatement été rejetée par le gouvernement qui, conformément à la Constitution, est investi dès samedi de tous les pouvoirs exécutifs du fait du vide présidentiel.

Le gouvernement a assuré vendredi soir qu'il continuerait "d'assumer ses responsabilités et d'exercer toutes ses prérogatives" après le départ du président.

Or ce même gouvernement est considéré par l'opposition, comme par l'ex-président, comme "illégitime", depuis la démission il y a un an des ministres chiites de l'opposition.

Depuis ce départ qui a plongé le pays dans une crise politique sans précédent depuis la fin de la guerre civile (1975-90), la majorité accuse l'opposition de suivre les instructions de Damas et de Téhéran pour permettre à la Syrie, ancienne puissance de tutelle, de regagner son influence.

L'opposition accuse quant à elle le pouvoir d'être inféodé à l'Occident, et notamment aux Etats-Unis, et de vouloir imposer un président soumis au bon vouloir de Washington.

"La Syrie et les Etats-Unis organisent le vide dans le calme", titre le quotidien al-Akhbar, en estimant que les deux pays veulent mettre une sourdine au dossier libanais avant la conférence de paix au Proche-Orient d'Annapolis, près de Washington, la semaine prochaine.

En raison de la tension politique, les mesures de sécurité ont été renforcées, notamment à Beyrouth et ses environs. L'armée, régulièrement chargée du maintien de l'ordre, a été déployée sur les principaux axes de la capitale.

Inquiets de la vacance présidentielle, Les Etats-Unis, l'ONU et l'Union européenne ont exhorté toutes les parties libanaises à faire preuve de retenue et à s'efforcer de trouver un compromis le plus tôt possible.

Les commentaires sont fermés.