vendredi, 23 novembre 2007
DAKAR = APRES LES MANIFESTATIONS DE MERCREDI, L’ARMEE S’EN MELE:
C’est un calme fort précaire qui règne au centre ville de Dakar. Les hostilités qui ont repris vers les coups de 10 heures, à Petersen se sont vraiment tassées avec l’intervention musclée et très tôt des forces de l’ordre. Cela n’a tout de même pas empêché que des cantines soient brûlées dans l’enceinte du Garage Petersen par les
marchands ambulants et petits commerçants. Vers 13h, un impressionnant dispositif de l’armée vient prendre position au rond-point Petersen Des pourparlers se sont tenus toute la journée d’hier, jeudi entre le maire de la ville de Dakar, Pape Diop et les représentants des marchands. Il a ainsi été décidé, à la suite de ces rencontres, la reprise par les ambulants et commerçants leur emplacement initial d’ici la fin des fêtes de Tabaski et du nouvel an.
L’ordre a eu du mal à se rétablir hier, jeudi 22 novembre, à Dakar après les manifestations violentes des marchands ambulants qui ont créé, mercredi plusieurs foyers de tension dans la capitale sénégalaise. Le climat reste encore très tendu au centre ville de Dakar.
C’est aux environs de 10h, hier jeudi, que les marchands ambulants ont commencé à manifester. Telle une « guérilla », les jeunes commerçants sortent par groupuscules pour attaquer les éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi) en faction au garage Petersen et ses alentours. Ils viennent du garage et des rues environnantes et font des attaques furtives avec des jets de pierre avant de se replier très vite. Avant « l’Intifada », ils ont commencé par brûler toutes les cantines qui étaient à l’intérieur du garage de Petersen que la mairie de Dakar leur avait allouées. C’est ainsi, sous un feu ardent, que toutes ces installations se sont presque entièrement consumées avant que les sapeurs pompiers interviennent pour éteindre l’incendie.
Les forces de l’ordre qui sont venues en nombre suffisant ont, à cet effet, utilisé les gros moyens pour étouffer rapidement la furie de ces jeunes commerçants. Les éléments des Gmi en tenue d’émeute, armés de lance-grenades et de matraques ont assiégé le garage tout en le « bombardant » de grenades lacrymogènes. Quelques minutes après, ils ont pu contenir le mécontentement de cette foule de marchands ambulants qui s’est retranchée aux confins du garage et du marché Petersen.
Cela peut dégénérer à tout moment
Non loin de cet endroit, notamment sur l’avenue Lamine Gueye qui mène vers le rond-point de Sandaga, c’est une atmosphère fortement morose qui y règne. Cela peut dégénérer à tout moment. Les forces de l’ordre ont pris d’assaut les périmètres à partir desquels les manifestations de mercredi ont démarré. Armés de fusils lance-grenade, casques bien vissés et visage grave, les policiers se sont postés sur des points stratégiques. Toutes les intersections, grandes rues et carrefour sont assaillis par les forces de l’ordre. Sur les trottoirs et à proximité des cantines installées régulièrement, des groupes de petits commerçants et de marchands ambulants font grise mine. La plupart d’entre eux palabre. Ils discutent des événements de mercredi qui ont embrasé la capitale Sénégalaise. Les commentaires vont, ainsi, bon train chez les commerçants ambulants dont certains jugent les concessions de l’Etat « insuffisantes ».
C’est le même climat, le même décor qui prévaut, également, à l’avenue Georges Pompidou. Les rues sont vides, une bonne partie des cantines fermées, les gens perplexes. Les commerçants en situation régulière craignent une reprise des échauffourées entre les ambulants et les forces de l’ordre.
L’armée s’en mêle
Retour au rond-point de Petersen. La situation n’a pas sensiblement évolué. Sauf qu’à la place des éléments du Gmi, c’est un impressionnant dispositif de l’armée qui se positionne. Aux commandes de ce détachement, un adjoint qui n’a pas voulu un seul instant communiquer avec la presse. Il s’est juste contenté d’indiquer « qu’on est là pour l’ordre et la sécurité des citoyens et des biens ». Ce sont deux camions qui, selon nos sources, ont pris départ de l’état-major des armées situé à Dial Diop. Ils sont sous les ordres du commandant de la zone militaire numéro un, le colonel Antoine Wardini. Ces militaires ont tenu un petit regroupement sous le commandement de leur supérieur qui leur a donné des instructions fermes avant le déploiement sur le terrain (rond-point, devant le garage et les rues situées aux alentours de Petersen). Ils sont en tenue de combat et sont armés de fusil d’assaut ( des Fa-Mas ou des M 16).
Au domicile privé du président de la République, Abdoulaye Wade situé au Point E, c’est un camion de la gendarmerie rempli d’agents armés jusqu’aux dents qui est en faction devant la maison, en plus des trois gardes qui y sont postés habituellement tous les jours.
Les autorités font machine arrière
Les autorités de l’Etat et de la Mairie de Dakar sont depuis l’éclatement des manifestations en conclave pour trouver des solutions. Face à la détermination des jeunes, elles ont reculé. Le maire de la ville de Dakar et président du Sénat, Pape Diop a annoncé en fin d’après-midi que les marchands ambulants et les petits commerçants peuvent regagner leur emplacement habituel en attendant la fin des fêtes de Tabaski et du nouvel an. Il leur a, simplement, demandé de ne pas se mettre sur les trottoirs pour ne pas gêner la circulation. Le maire de Dakar a, en outre, avancé des projets qui sont en train d’être réalisés pour recaser dans des sites répertoriés par la mairie et dans des centres commerciaux les ambulants. Il a promis que certains projets seront réalisés en collaboration avec les commerçants. « Nous sommes en train de lancer des travaux complémentaires à Petersen et à la Foire. Si nous arrivons à faire 5000 magasins et à y caser des commerçants, ce serait déjà un grand pas », a-t-il déclaré.
Le premier magistrat de la ville de Dakar a beaucoup déploré le problème d’interlocuteur qui se pose avec ces commerçants. L’Association des marchands ambulants du Sénégal et le Groupement des jeunes marchands de Dakar ne sont pas les seuls cadres d’expression des jeunes. Préoccupation exprimée par le maire de Dakar et président du Sénat, Pape Diop qui a demandé que les autres associations se signalent. Il a, ainsi, pu rencontrer hier, jeudi dans la matinée une bonne frange de ces marchands ambulants et commerçants. « Ils ne s’organisent pas. Nous avons un crédit municipal pour le financement de leurs activités, mais il n’y a pas plus de dix marchands ambulants qui y ont ouvert un compte », a déploré l’édile de la ville de Dakar. Pape Diop a, par ailleurs, souligné des problèmes liés à la saturation du métier d’ambulant. « Tout le monde ne peut pas faire ce métier. Nous ne pouvons pas prendre 20.000 ou 30.000 jeunes », a-t-il indiqué.
Auteur: Ibrahima Lissa FAYE
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