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mardi, 06 novembre 2007

Les pilotes belges de l'Arche de Zoé

FRANÇOIS-XAVIER PINTE A PILOTÉ POUR « CHILDREN RESCUE ». C'EST LUI qui a proposé en toute bonne foi à Jacques Wilmart, dont la libération pourrait être envisagée ce mardi, de travailler pour « L'Arche de Zoé ».
Un membre de l’Arche de Zoé avec un petit enfant à la tête bandée : une image prise par le reporter de Capa libéré ce week-end. Photo Marc Garmirian/Capa/AFP.
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ENTRETIEN

On a parfois évoqué, dans le dossier de l'Arche de Zoé, un « deuxième pilote belge », resté jusqu'ici très discret. Il s'appelle François-Xavier Pinte, il a 23 ans, et c'est lui qui a contacté Jacques Wilmart, le pilote belge toujours emprisonné à N'Djamena, pour lui proposer cette mission au Tchad. Nous l'avons rencontré à Bruxelles, où il est revenu il y a une semaine.

Comment avez-vous été en contact avec l'« Arche de Zoé » ?

Je travaillais comme pilote au Tchad depuis fin mai 2006, pour une compagnie aérienne louant ses services à des organisations humanitaires, en l'occurrence le Haut-commissariat de l'ONU pour le déminage. A la mi-septembre 2007, l'organisation Children Rescue a loué un petit appareil à ma compagnie, et j'ai donc été leur pilote pendant deux semaines. J'ai rencontré le chef de l'organisation, Eric Breteau, et les autres pompiers français actifs sur place, au total 25 personnes. A ce moment, il n'a jamais été question de l'Arche de Zoé, mais uniquement de Children Rescue. Leur travail semblait sérieux : ils avaient un petit centre de santé à Adré, dans une zone qui est souvent sous le feu des rebelles, et un autre, nettement plus important, à Abéché, une localité plus importante qui est à 5 heures de route ou à 45 minutes d'avion d'Adré. Pour chaque vol effectué, tous les documents de bord étaient parfaitement en ordre. J'ai transporté pour eux 1,5 tonne de matériel médical, des vivres, mais pas d'enfants. Les pompiers – médecins, infirmiers, psychologues – étaient de vrais professionnels mais on sentait un peu d'amateurisme sur le terrain humanitaire. Pendant les deux semaines où j'ai volé pour eux, j'ai eu l'impression qu'ils voulaient vraiment venir en aide aux enfants. Et puis ils m'ont dit qu'ils avaient acheté un petit avion, un Cherokee PA 32, et

qu'ils avaient besoin d'un pilote. Ils m'ont demandé si je connaissais quelqu'un.

C'est là que vous avez pensé à Jacques Wilmart ?

Je ne le connaissais pas directement, mais j'ai contacté quelques personnes en Belgique, et c'est ainsi que j'ai été en contact avec lui. Je lui ai expliqué sur quoi portait la mission : transporter des enfants qui avaient besoin de soins médicaux de la structure d'Adré à celle d'Abéché, toujours en présence de personnel médical. Jacques a pris contact avec Eric Breteau, il a reçu son ordre de mission et nous a rejoints à N'Djamena. Ils n'ont donc plus eu besoin de mes services puisque leur pilote était arrivé.

Quel genre d'homme est Jacques Wilmart ?

Pour moi, c'est un « aviateur romantique », un homme que je trouve extraordinaire. Il veut rendre les gens heureux, il est d'une totale bonne foi. Il a 22.000 heures de vol et, à 74 ans, il voulait faire une dernière mission humanitaire. Il était très heureux de pouvoir venir en aide à ces enfants et a travaillé de façon tout à fait bénévole. Dans des circonstances comme celles qui existent autour d'Adré, quand on demande à un pilote d'évacuer un enfant malade, il le fait sans hésiter. Il a accompli sa mission avec sérieux. Si des gens lui ont menti, c'est une autre histoire… J'ai lu et entendu que c'est lui qui était aux commandes du Boeing 757 qui devait ramener les enfants en France : c'est totalement faux. Jacques n'a pas suivi la formation pour piloter ce type d'avion et il est interdit de piloter un avion de ligne ou charter quand on a plus de 65 ans. Il y avait un équipage espagnol pour cela. Nous avons passé les cinq derniers jours avant son arrestation à N'Djamena ensemble. Quand on est venu l'arrêter, il m'a dit de partir, pour que je puisse raconter ce qui s'est passé. J'ai donc quitté N'Djamena au plus vite : voilà mon cachet de sortie, à la date du 28 octobre…

Que pensez-vous d'Eric Breteau, qui dirige Children Rescue/ L'Arche de Zoé ?

Je vous ai parlé de ce que j'ai vu sur place et qui me semblait sérieux. Maintenant, quand j'entends que ces enfants avaient de la famille, je pense que l'association voulait faire le bien, qu'il n'a jamais été question de trafic d'enfants pour des pédophiles ou pour leur prendre leurs organes, loin de là, mais il y a eu un trop grand amateurisme. Eric Breteau a répété plusieurs fois qu'il trouvait trop lourdes les contraintes administratives que respectent l'ONU et les grosses ONG, que lui, il voulait passer au-dessus de cela, que ce qui compte, c'est de sauver des victimes. Ce qui apparaît maintenant, c'est qu'ils avaient un modus operandi différent des ONG standards…

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