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samedi, 03 novembre 2007

L'Arche de Zoé: les inculpés transférés à N'Djamena

PARIS/N'DJAMENA - Le dossier de l'Arche de Zoé et les 17 Européens arrêtés dans cette affaire ont été transférés vendredi d'Abéché, dans l'est du Tchad, à N'Djamena, sur ordre de la Cour suprême tchadienne. Les avocats des Français se rendront mardi dans la capitale.

Les neuf Français -dont trois journalistes, en reportage pour deux d'entre eux-, sept membres de l'équipage espagnol de l'avion qui devait emmener en France 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour, et un pilote belge, avaient été arrêtés le 25 octobre. Les Français ont été inculpés d'enlèvement de mineurs et d'escroquerie, les Espagnols et le Belge de complicité. Deux Tchadiens ont également été inculpés pour complicité.

Les enfants ont été placés sous la protection d'organisations humanitaires internationales officielles à Abéché. Il semble d'après leurs déclarations que beaucoup d'entre eux n'étaient ni du Darfour, ni orphelins, contrairement à ce qu'affirmait L'Arche de Zoé, mais tchadiens et ayant au moins un parent ou une personne qu'ils considèrent comme telle.

Interrogé par l'Associated Press, un avocat du groupe, Me Mario Stasi, président d'honneur d'Avocats sans frontières (ASF), a estimé probable que le procès des Français, du moins ceux qui ne sont pas journalistes, ait lieu au Tchad, et que d'éventuelles extraditions vers la France n'interviennent qu'ensuite.

"Les accusations ne tiennent pas", a affirmé vendredi Me Gilbert Collard, l'un des avocats des Français, reçu pendant environ deux heures au Quai d'Orsay avec les familles des détenus par la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Rama Yade. "On a affaire à des rêveurs qui ont trébuché sur leurs rêves, pas à des voyous", a-t-il insisté, "si je crois à la justice, je crois qu'ils vont revenir en France".

En ce qui concerne les journalistes -Marc Garmirian de l'agence Capa, Jean-Daniel Guillou, photographe à l'agence Synchro X, et Marie-Agnès Pèleran, de la chaîne de télévision France-3 Méditerranée, le président français Nicolas Sarkozy a demandé qu'ils soient relâchés, et son homologue tchadien Idriss Déby a également souhaité jeudi qu'ils le soient "dans les plus brefs délais", avec "les hôtesses de l'air et ceux qui ne sont pour rien". Selon la soeur de Mme Pèleran, Marie-Pierre Ruhlmann, Rama Yade "a confirmé que le sort des trois journalistes serait sans doute traité un peu a part".

Contrairement à ses confrères, Marie-Agnès Pèleran avait pris un congé pour participer à une mission humanitaire, mais selon la radio RTL, tous étaient munis de lettres de mission de l'association Children Rescue, nom de l'Arche de Zoé au Tchad. C'est cependant une pratique courante pour ce genre de reportages, selon des professionnels. Mme Ruhlman a déclaré sur France-3 que les familles avaient reçu du courrier des prisonniers et leur en avaient transmis vendredi.

Dans la matinée, l'épouse de Marc Garmirian avait été reçue au Quai d'Orsay. Le président de Reporters sans frontières (RSF), Robert Ménard, le patron de Capa, Hervé Chabalier, et le directeur général adjoint chargé de l'information à France-3, Paul Nahon, devraient arriver samedi au Tchad.

Interrogé sur les divers documents dont se font l'écho les médias, Me Collard a appelé à "être particulièrement prudent" car "il y a un risque énorme de manipulation". Quant à la plainte pour escroquerie déposée par l'une des familles volontaires pour accueillir un enfant, l'avocat n'entend pas y attacher d'importance.

"J'ai l'impression maintenant que le but des autorités françaises est de tout faire pour nous aider", a déclaré Me Collard, qui leur a reproché d'avoir dans un premier temps condamné publiquement l'action de L'Arche de Zoé. Selon lui, l'un des Français a été "fouetté" par un policier avant que Paris n'intervienne. "A présent, on a l'assurance que la santé physique et morale des incarcérés est protégée (...) Probablement que si les choses avaient été ainsi tout de suite, l'affaire n'aurait pas évolué comme elle a évolué", a-t-il lancé.

A présent, a-t-il conclu, "on est dans une phase judiciaire et diplomatique où on doit avancer avec beaucoup de prudence et faire preuve d'une certaine retenue de parole". AP

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