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jeudi, 27 septembre 2007

Sarkozy au pied du mur budgétaire

l’heure de vérité. Le gouvernement parie sur un « choc de croissance ». Mais gare à laisser filer le déficit. PARIS
De notre envoyée permanente
C’est l’heure de vérité. Le temps où le gouvernement ne peut plus se contenter de promesses mais se doit de présenter l’ardoise cartes sur table.
C’est peu dire que le premier projet de budget de la nouvelle ère Sarkozy était attendu hier. Le conseil des ministres a dévoilé le projet de loi de finances 2008 dans un contexte explosif. Il y a quelques jours, le premier ministre François Fillon avait jeté un pavé dans la mare en estimant que la France était « en situation de faillite ».
Les mots du chef du gouvernement ont dû dépasser sa pensée. Ou en tout cas celle du Président. Car de New York déjà, Nicolas Sarkozy avait remis la veille les pendules à l’heure. Un plan d’austérité ? Quel plan d’austérité ? Le chef de l’Etat parie toujours sur un choc de croissance. Et pas question de « serrage de vis ». « La réalité, a résumé Nicolas Sarkozy, c’est que la France n’a pas suffisamment parié sur la valeur travail. On va travailler plus et cela va créer davantage de richesses ».

Alors que la croissance s’annonce molle, la majorité mise tout de même sur un taux de 2,25 %. Et annonce qu’elle stabilisera les déficits. Une promesse qui ne devrait pas suffire à rassurer la Commission européenne… Celle-ci ne cache pas son agacement devant les largesses budgétaires de Paris.

Comme il l’avait annoncé tout en flattant habilement les agents de l’Etat (ces fonctionnaires si « remarquables »), Nicolas Sarkozy va réduire la voilure de la fonction publique. Vingt-trois mille fonctionnaires qui partiront à la retraite l’an prochain ne seront pas remplacés (soit un agent sur trois). Pour le reste, seules les « dépenses d’avenir » seront valorisées : les budgets de l’enseignement et de la recherche seront en augmentation. De même que celui de la Justice, qui prévoira des dépenses en hausse pour la construction de nouvelles prisons.
Mais cela suffira-t-il pour compenser les fameuses promesses fiscales faites dès le début du quinquennat ? Le coût de ces crédits d’impôts est évalué à 9 milliards d’euros. Une équation impossible à équilibrer, selon la gauche. « On peut considérer qu’il y a deux budgets. un budget affiché et un budget caché », dénonce le premier secrétaire du parti socialiste, François Hollande, qui brandit l’épouvantail de la rigueur. « Pour Nicolas Sarkozy, il est indispensable de renvoyer à après les municipales le constat de son échec. Il a été élu sur le thème du « travailler plus pour gagner plus » et on s’aperçoit aujourd’hui que c’est un problème. »

Inaudible ou presque depuis son pari présidentiel raté, le centriste François Bayrou joint sa voix au concert de critiques. « La réalité rattrape toujours la fiction », dénonce le patron du MoDem qui avait placé sa campagne sous le signe – très peu glamour – de la réduction des déficits. « Il aurait fallu une politique courageuse pour remettre le pays en ordre », déplore-t-il.
La question budgétaire est devenue, au sein même de la majorité, un sujet qui fâche. Et cela alors même que des réformes tous azimuts sont annoncées, pour les retraites ou par la sécurité sociale. Un plan pour combler le déficit de la branche maladie a été annoncé il y a quelques jours à peine qui prévoit une franchise impopulaire sur le remboursement des médicaments.

François Fillon, en parlant de constat de « faillite » n’est pas le seul à prononcer un mot tabou. Avant lui, il y a quelques semaines déjà, la ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, s’était fait rappeler à l’ordre pour avoir utilisé le mot « rigueur ». Mais Nicolas Sarkozy, fervent adepte de la culture du résultat, reste fidèle à son credo. Que l’opinion le juge après les mesures de relance de l’économie, demande-t-il. Elle n’y manquera pas.

MESKENS,JOELLE

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