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jeudi, 27 septembre 2007

Bruxelles:BHV -le dernier verrou

Carte blanche

Claude Thayse Animateur de « Debout la Wallonie ! », ancien président du Rassemblement Wallonie-France & Bruxelles-France, maître de conférences à l'ULB


Le flou savamment entretenu par les partis flamands autour du sens réel des revendications déposées sur la table – tout comme les doubles discours tenus devant les médias des deux communautés linguistiques – procède d'une stratégie trop subtile pour ne pas être concertée.
Les partis traditionnels parlant assez volontiers – « jésuitiquement », dirais-je – d'autonomie, ils sont ainsi considérés par nos beaux esprits en Communauté française comme des gens avec qui on peut discuter, mais malheureusement sous influence de dangereux extrémistes.
Ces autres partis considérés comme extrémistes, la N-VA par exemple, « ceux par qui tous les malheurs arrivent », sont pourtant les seuls à tenir un langage clair. Notons au passage que les défenseurs de « la Belgique de papa » leur donnent vraiment beaucoup d'importance en disant d'eux « qu'ils mènent le bal » et que les partis traditionnels suivent. Difficile d'imaginer Bart De Wever en joueur de flûte
Plutôt que de les diaboliser, il faudrait plutôt bien écouter tout ce que dit le président de la N-VA. Son raisonnement sur l'indépendance de la Flandre est rationnel et il est par ailleurs très conscient du fait qu'une Flandre indépendante devra respecter les traités internationaux en matière de minorités et qu'il est dans l'intérêt du nouvel État que son principal partenaire commercial actuel – la Wallonie – aille beaucoup mieux. A la différence des Leterme ou autres Van Rompuy et Anciaux, vous ne l'entendrez peu (pas ?) être humiliant à l'égard des Wallons et autres Bruxellois francophones (dur certes, mais pas humiliant).
Une fois qu'on se rend compte que le fond du message – indépendance versus autonomie – n'a que faire du choix des mots, on est en droit de se demander pourquoi, systématiquement, le projet d'indépendance pourtant clairement affiché n'est pas considéré comme urgent.
Il y a deux raisons. La première est de type économique. La Flandre n'est pas encore tout à fait prête. C'est l'objet d'un certain nombre de propositions à portée économique qui sont sur la table des négociations. Vulgairement parlant, « il y a encore de l'argent à prendre ». Le Club de la Warande qui regroupe les milieux économiques ne dit rien d'autre.
La seconde est d'ordre plus institutionnelle. La revendication de scission de l'arrondissement de Bruxelles-Hal Vilvorde (BHV) entre bel et bien dans la logique d'indépendance. La marche irrésistible de la Nation flamande suppose la fixation de frontières d'État : tel en est le sens. La dissolution de la Yougoslavie a en effet consacré en Europe le principe selon lequel les limites administratives internes acquièrent, en cas de sécession, le caractère de frontières d'État protégées par le droit international. Les États européens sont liés par ce principe qui maintiendrait les communes à facilités dans la Flandre indépendante. Les effets d'une scission seraient irréversibles. Encore faudrait-il que ces limites administratives soient établies de manière univoque et définitive. Or, tant que la scission de BHV n'est pas consommée, ce n'est pas le cas. Ses limites chevauchent et contredisent celles des régions linguistiques et des États fédérés de Flandre et de Bruxelles. Elles sont une indication claire de l'opposition persistante d'une des parties à la limitation de Bruxelles aux 19 communes.
L'indépendance flamande étant écrite dans les astres, les négociateurs francophones ont raison de refuser de discuter de cette scission. C'est le seul atout qu'il serait stupide de galvauder dans le dernier quart d'heure. En cédant sur ce point (ça a failli être le cas lors des négociations précédentes), c'est sacrifier le moyen et le long terme, en particulier la continuité territoriale entre la Wallonie et Bruxelles et leur avenir commun, à des satisfactions immédiates mais illusoires, comme le refinancement éventuel de la Région ou l'allégement partiel, hypothétique et transitoire des contraintes linguistiques. C'est consacrer l'objectif essentiel de la Nation flamande en devenir : la reconnaissance de frontières fermes et définitives. C'est sacrifier définitivement les habitants francophones.
Que faire alors ? Rien ! Ou plutôt préparer la suite. N'être demandeurs de rien, c'est bien la meilleure manière d'obliger les Flamands à sortir du bois. À dévoiler leur jeu. À prendre leurs responsabilités tout en sachant qu'une déclaration unilatérale d'indépendance dans les conditions actuelles provoquerait une réaction des pays voisins membres de l'Union européenne. Réaction qui se traduirait inévitablement par l'exigence d'un referendum sous contrôle international dans les territoires contestés dans un premier temps. Voilà pourquoi, dans les discours, les projets d'indépendance flamande sont minimisés ou mis provisoirement sous le boisseau. Mais nous ne perdons rien pour attendre.
De plus en plus de citoyens parlent maintenant ouvertement de divorce. Ils ont raison, le divorce, d'accord, mais pour quoi faire ensuite ? Telle est la question qu'il faut maintenant poser aux habitants de langue française de ce presqu'ex-pays. Moi, j'ai choisi !
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