samedi, 15 septembre 2007
Irak: Al-Qaïda veut montrer sa puissance après l'assassinat d'Abou Richa
BAGDAD - Après le coup d'éclat de l'assassinat du chef tribal sunnite Abdul-Sattar Abou Richa, Al-Qaïda entend mettre au pas la rébellion irakienne intérieure et avoir les mains libres dans son face à face sanglant avec l'occupant américain. Au lendemain des funérailles du cheikh, un groupe affilié à Al-Qaïda a ainsi annoncé son intention de traquer et de tuer les chefs tribaux sunnites qui coopèrent avec les Etats-Unis et leurs partenaires irakiens dans leur révolte contre le mouvement terroriste.
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Parallèlement, l'organisation Etat islamique en Irak a annoncé dans un communiqué une nouvelle offensive pendant le mois sacré du Ramadan, destinée à rendre hommage à Abou Moussab al-Zarqaoui, le fondateur d'Al-Qaïda en Irak, tué dans un raid aérien américain en juin 2006.
Ces différents communiqués diffusés vendredi et samedi sur des sites Internet islamistes revendiquaient par ailleurs l'assassinat jeudi d'Abdul-Sattar Abou Richa, fer de lance du soulèvement contre Al-Qaïda dans la province d'Anbar, à l'ouest de la capitale irakienne.
L'Etat islamique en Irak ajoute avoir formé "des comités spéciaux de sécurité" chargés de traquer et d'"assassiner les personnalités tribales, les traîtres, qui ont entaché la réputation des vraies tribus en se soumettant aux soldats de la Croisade", et au gouvernement sous domination chiite du Premier ministre Nouri al-Maliki.
Samedi, dans un second communiqué, le chef autoproclamé de l'Etat islamique, Abou Omar al-Bagdadi, s'est dit "honoré d'annoncer" une nouvelle offensive en mémoire du "martyr Abou Moussab al-Zarqaoui au début du Ramadan", qui a commencé jeudi pour les Irakiens sunnites et vendredi pour les chiites.
"Nous sommes aujourd'hui à la veille d'une nouvelle ère, d'un virage pour la région et pour le monde. Aujourd'hui nous sommes témoins de l'échec de la civilisation occidentale et de la renaissance du géant islamique", a déclaré Bagdadi dans un fichier audio d'une demi-heure.
Côté américain, les autorités craignent que l'assassinat d'Abou Richa ne freine le mouvement anti-Al-Qaïda qui a émergé l'an dernier lorsque le cheikh a fédéré des clans sunnites pour combattre le mouvement terroriste, provoquant une spectaculaire volte-face à Ramadi et dans la province d'Anbar en général.
La révolte a gagné des groupes d'insurgés sunnites à Bagdad, dans la province de Diyala et ailleurs. Certains insurgés qui tendaient des embuscades aux troupes américaines il y a encore quelques mois travaillent désormais main dans la main avec les Etats-Unis pour débarrasser leurs communautés d'Al-Qaïda.
Peu après l'assassinat d'Abou Richa, c'est son frère, Ahmed qui a été élu à la tête du Conseil du salut d'Anbar. Une foule de 1.500 personnes a clamé vengeance en accompagnant le cortège funèbre vendredi. Le général Ray Odierno, le No2 des forces américaine en Irak, et plusieurs hauts responsables du gouvernement ont assisté aux funérailles, dont les ministres irakiens de l'Intérieur et de la Défense.
"Nous condamnons l'assassinat d'Abou Richa, mais cela ne nous dissuadera pas d'aider la population d'Anbar, au contraire. Nous les soutiendrons davantage encore qu'avant", a déclaré le conseiller à la sécurité nationale Mouwaffak al-Roubaie. "C'est une catastrophe nationale et une grande perte pour le peuple irakien: Abou Richa était la seule personne à défier Al-Qaïda en Irak".
L'assassinat d'Abou Richa a jeté un voile sur les affirmations de George W. Bush selon lesquelles la situation en Irak connaissait des progrès, en particulier à Anbar, coeur de l'insurrection sunnite jusqu'au spectaculaire revirement des chefs tribaux. Le 3 septembre, lors de sa visite surprise à Bagdad, le président américain avait tenu à rencontrer Abou Richa. AP
Par Sinan Salaheddin
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