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mercredi, 12 septembre 2007

A l'exposition ‘ Quand l'Afrique s'éveillera’ : Abdou Diouf répond au président Nicolas Sarkozy

Mieux vaut tard que jamais ! L’adage est à rappeler en ce qui concerne la réaction du président Abdou Diouf visitant l’exposition sur ‘Quand l’Afrique se réveillera…’ de la Cité des Sciences et de l’Industrie de Paris en collaboration avec le Cnrs, l’Ird et le Conseil régional d’Ile-de-France (la région parisienne, Ndlr). Et c’est pour répondre au président français, Nicolas Sarkozy, qu’Abdou Diouf affirme que le thème général de l’exposition, ‘Quand l’Afrique se réveillera…’, bouscule les préjugés et prend le contre-pied des idées reçues, selon lesquels l’Afrique est étrangère à tout développement. Même s’il ne l’a pas nommé, tous les regards se sont tournés vers Nicolas Sarkozy qui a soutenu, dans son discours de Dakar, que l’Afrique est réfractaire au développement. Le secrétaire général de l’Oif ne pouvait manquer une telle occasion pour dire ce qu’il pense du discours polémique du chef de l’Etat français et lui rappeler quelques vérités.

(Correspondance) Le discours du président Diouf, prononcé le 6 septembre dernier à l’occasion de sa visite de l’exposition de la Cité des Sciences et de l’Industrie, consacrée à l’Afrique, a une allure de réponse au discours de Dakar du président français, Nicolas Sarkozy. En pleine visite, l’ancien président du Sénégal et actuel secrétaire général de la Francophonie attaque : ‘Quand l’Afrique s’éveillera… bouscule (…) les préjugés selon lesquels ce continent serait étranger à toute perspective de progrès’. Avant de préciser qu’’elle prend le contre-pied des idées reçues qui décrivent - à tort ! - l’Afrique comme une région immobile, engluée dans ses traditions, incapable de créer, d’innover.’ Réponse ne peut être plus cinglante que celle du président Abdou Diouf à l’endroit de Sarkozy qui accuse, en substance, l’Afrique de refuser le progrès. Reprenant ainsi certaines idées du philosophe allemand, Hegel, et certains afro-pessimistes.

Pour le prédécesseur du président Wade, ‘cette exposition a en fait le double mérite de mettre en évidence l’énorme potentiel de cette région et de nous rappeler que le sort de l’Afrique nous concerne tous’. Et que ‘les enjeux qui s’y déroulent ne sont pas circonscrits aux frontières africaines, mais ils concernent au contraire l’humanité toute entière’. Le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie estime que ‘toutes ces raisons expliquent l’intérêt et le succès de cette exposition’. Avant de formuler un vœu : ‘J’espère qu’après sa présentation en France, elle pourra être diffusée au niveau international, et notamment en Afrique.’ Ce qui va permettre de diminuer certains préjugés négatifs qui stigmatisent le continent.

L’exposition, qui se tient au Parc de la Villette où siège la Cité des Sciences et de l’Industrie, se déroule depuis le 26 juin et prendra fin le 4 novembre 2007. Elle propose une analyse factuelle des réalités du continent en matière de développement ainsi qu’une vision prospective de l’Afrique subsaharienne. Elle s’interroge également sur la contribution et les limites de la science et de la technologie au développement durable du continent. Avec comme lueur d’espoir des exposants, tirée d’un proverbe africain et qui figure dans le dossier de presse remis : ‘La nuit dure longtemps mais le jour finit par arriver.’

Les thèmes de l’exposition sont nombreux et variés. ‘De la problématique de l’eau aux conséquences du réchauffement de la planète, des questions agroalimentaires aux bouleversements de l’agriculture, de l’accès au traitement du Sida aux centres de santé communautaires, de l’électrification des villages au développement de l’Internet et des téléphones portables… Quand l’Afrique se réveillera… dresse un état des lieux de l’Afrique d’aujourd’hui et esquisse l’avenir des sociétés africaines en mutation’, lit-on dans le dossier de presse. Afin de ne pas verser dans un optimisme béat, ‘cette exposition insiste sur les nombreuses difficultés rencontrées pour qu’une avancée scientifique ou une innovation technologique se mue en développement et en bénéfices pour les populations africaines’, soulignent les organisateurs. Toutefois, ils avertissent que ‘l’éveil’ du continent implique un développement ‘non pas calqué sur le modèle occidental, (mais) un développement à l’africaine’.

L’exposition s’articule autour de quatre axes. Un axe développé autour de la question de nourriture vu qu’un tiers de la population africaine (200 millions) souffre de malnutrition, dont 35 millions d’enfants. Donc, selon le slogan de l’exposition sur ce thème : il faut ‘D’abord se nourrir’. Et la clef ? C’est ‘rendre l’agriculture plus performante, car elle est le fondement et la principale source de revenus des économies africaines et de leurs populations’, proposent-ils. Le deuxième axe concerne la santé à cause du Sida, du paludisme, de la tuberculose, ou des maladies diarrhéiques. ‘Chaque année, on compte deux millions de morts du Sida, un million du paludisme, 700 mille de diarrhées aiguës, 900 décès maternels et 4 300 décès d’enfants pour 100 mille naissances’, énumère le dossier de presse. Expliquant que cela peut être évité si l’on développe des systèmes de santé de qualité.

L’exposition n’a pas non plus oublié d’étaler les richesses naturelles de l’Afrique : gisements de cuivre, de cobalt, de coltan (qui entre dans la fabrication du téléphone portable, Ndlr), de diamant, d’or, de pétrole, de charbon, d’uranium… largement sous-exploitées. Toutes choses qui ne correspondent pas au progrès social qu’auraient pu engendrer ces richesses.

C’est pourquoi l’exposition invite les dirigeants africains à ‘une meilleure gestion et une utilisation optimale de ces ressources naturelles’. Le quatrième thème est relatif à la démographie de l’Afrique caractérisée par une population jeune et un taux de fécondité élevé aux yeux des Occidentaux avec en moyenne 5,5 enfants par famille. Et ‘D’ici à 2050, sa population (770 millions actuellement) devrait presque tripler (1,7 milliard en 2050) et migrer massivement vers les villes et vers l’extérieur du continent’. Avec toutes les conséquences à la fois économiques, politiques, sociales et culturelles inhérentes. Avant de rappeler que l’étudiant africain est le plus mobile au monde : 1 sur 16 part étudier à l’étranger.

Plusieurs films sont proposés à la projection. Entre autres, on peut citer : Tic à Dakar, qui dure 18 minutes, tourné à Dakar et réalisé par Jean-Christophe Monferran. Ce dernier a aussi réalisé Le Ventre de Douala qui va être projeté également, en plus du court-métrage Nepad : l’Afrique d’abord, d’une durée de 10 minutes, dont l’auteur et le réalisateur sont respectivement Jean-Christophe Victor et Jean-Loïc Portron. Des objets sont, en outre, exposés comme le Marcheur du sculpteur sénégalais Ndary Lô, dont l’œuvre en question mesure 2,60 m. Cette création trône aux côtés des tableaux : L’enfant roi, Tête de femme et 3 personnages du franco-béninois, Niko, etc. Les conférences ne sont pas oubliées. Une série est prévue tous les jeudis du 11 au 25 octobre 2007 avec, entre autres thèmes, ‘La sécurité alimentaire et recherche sur la mousson africaine’, ‘Les nouvelles technologies de l’information et de la communication en Afrique’ ; ‘L’état des sciences en Afrique’. Tout cela se déroule sur 300 m2 et pour y entrer il faut débourser 8 euros (5 327 francs cfa), quand on n’a pas moins de 7 ans. Et surtout n’y allez pas les lundis parce que les portes de l’exposition sont fermées ce jour-là.





Auteur: Moustapha BARRY

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