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jeudi, 06 septembre 2007

Dominique de Villepin sort ses griffes contre Nicolas Sarkozy

PARIS (Reuters) - Inspiré par l'Aigle napoléonien, qui "sait tomber avec hauteur", Dominique de Villepin aiguise ses griffes contre Nicolas Sarkozy, puisant dans sa "rage" de justice les ressorts d'une renaissance politique.


Le silence de l'ancien Premier ministre, d'abord fruit de sa volonté de réserve puis du choc de sa mise en examen dans l'affaire Clearstream, a laissé place à un discours tranchant et opportunément ciselé pour briser l'unanimisme qui prévaut dans la majorité depuis l'élection de Nicolas Sarkozy.

Le retour du "vrai Villepin", veulent croire ses amis. De là à imaginer un courant "villepiniste" au sein de l'UMP? Dominique de Villepin s'affirme pour l'heure dans le rôle du franc-tireur aux côtés d'une opposition de gauche quasi atone.

"J'entends dire ce que je pense", a prévenu l'ancien chef du gouvernement, qui multiplie les interventions dans les médias depuis fin août à l'occasion de la parution de son nouvel ouvrage sur Napoléon, "Le Soleil noir de la puissance".

Ce passionné qui aime à disséquer le pouvoir en presque chirurgien se pose en "conscience" de la majorité - et de Nicolas Sarkozy? - face à "l'esprit de cour" qui menace selon lui l'action du chef de l'Etat, rival d'antan.

Mercredi, sur France Inter, Dominique de Villepin a durci le trait en tançant les "béni-oui-oui" et les "cire-pompes".

"Ce n'est pas quand vous êtes entouré de béni-oui-oui, de cire-pompes et de courtisans que vous faites avancer un pays", a-t-il dit à, invoquant l'exemple du "Bourgeois gentilhomme", personnage fat, entiché de noblesse, créé par Molière.

"On confond parfois le pouvoir et la gloire", a-t-il souligné. "Le Bourgeois gentilhomme, c'est toujours celui qui se met en scène. C'est forcément celui vers lequel les regards se tournent".

Par Sophie Louet

"Je suis celui qui remplit le rôle de conscience et d'aiguillon d'une majorité qui ne doit pas s'endormir sur ses lauriers", a-t-il expliqué, rappelant les "courtisans" à la réalité d'"une conjoncture économique difficile", d'un "investissement pas glorieux" et d'un commerce extérieur qui "atteint les chiffres les plus mauvais".

"NICOLAS SARKOZY AVAIT RAISON"

Déjà lundi, sur Europe 1, Dominique de Villepin, ancien ministre des Affaires étrangères, avait souhaité que le nouvel exécutif "fasse mieux" sur plusieurs dossiers diplomatiques, critiquant sans détour les "interprétations éminemment discutables" de Nicolas Sarkozy sur l'Afrique et s'alarmant d'une possible "caution" donnée à l'administration Bush en Irak.

L'ancien Premier ministre, qui fut secrétaire général de la présidence de la République de 1995 à 2002, s'est attaqué également à l'omniscience et l'omniprésence médiatiques de l'entourage élyséen. Claude Guéant, a-t-il ainsi estimé, n'a "pas de légitimité politique" à s'exprimer publiquement.

"Il faut qu'il réfléchisse aux erreurs qui ont été commises aussi pendant sa période, c'est le meilleur service qu'il a à rendre", a répliqué mercredi sur i-télé le porte-parole du gouvernement Laurent Wauquiez, relayant l'agacement de plusieurs responsables UMP.

"S'il estime qu'on manque d'une opposition, après tout, il y a des emplois vacants", a ainsi déclaré Patrick Devedjian, secrétaire général délégué de l'UMP.

Maniant à son tour l'ironie, Dominique de Villepin a rétorqué mercredi que sa posture était d'essence sarkozienne.

"J'ai été dans un gouvernement où Nicolas Sarkozy n'a pas arrêté d'expliquer qu'il fallait animer le débat, qu'il y ait des grandes voix, des consciences capables de porter le débat et de nous permettre d'aller plus d'animer le débat. Nicolas Sarkozy avait raison", a-t-il lancé.

Convoqué de nouveau par les juges le 13 septembre pour s'expliquer sur le dossier Clearstream, qu'il présente comme une "construction" politique destinée à lui nuire, Dominique de Villepin sait que son combat judiciaire hypothèque pour l'heure tout scénario politique personnel.

Avec toujours à l'esprit l'exemple de Napoléon.

"Napoléon possède le génie de la conquête mais pas celui de la conservation. Le premier nécessite l'alliance de l'instinct, du courage et de la volonté. Le second, une réelle capacité d'écoute et de questionnement sans laquelle la politique s'abîme dans l'habitude et l'artifice entretenus par l'adulation intéressée des courtisans", écrit-il.

Dominique de Villepin, qui affirmait vouloir "tourner la page", travaillerait-il à sa "conservation" politique?

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