Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 15 février 2007

Vingt-neuf prévenus jugés pour les attentats de Madrid

MADRID (Reuters) - Vingt-neuf accusés comparaissent à partir de ce jeudi devant la justice espagnole pour leur rôle présumé dans les attentats de Madrid qui ont fait 191 morts il y a trois ans, précipité l'alternance politique en Espagne et abouti au retrait d'Irak des forces espagnoles.

Les autorités ont relevé le niveau d'alerte à l'approche du procès des attentats du 11 mars 2004, qui demeurent à ce jour les attaques islamistes les plus meurtrières jamais commises sur le sol européen.

Près de trois ans après le début de l'enquête, 29 prévenus devront expliquer, dans une salle sous étroite surveillance, la façon dont ces attentats ont été imaginés, organisés, financés et réalisés.

Vingt Arabes, en majorité d'origine marocaine, sont inculpés pour appartenance à une organisation terroriste. Certains sont accusés de meurtres. La plupart sont par ailleurs mis en cause pour avoir pris part à un trafic de drogue afin de dégager les fonds nécessaires à l'achat des explosifs, pour avoir aidé des suspects à prendre la fuite ou encore pour avoir préparé les bombes mortelles qui ont explosé dans quatre trains de banlieue et blessé en outre près de 2.000 personnes.

Neuf Espagnols comparaissent quant à eux pour avoir fourni les explosifs à la cellule islamiste.

"C'est le début, ou plutôt la fin d'un long et difficile périple que nous avons entamé il y a trois ans", a déclaré Pilar Manjon, qui préside l'association des victimes des attentats.

Pendant les audiences, qui devraient se dérouler sur plus de cinq mois, l'accusation cherchera à comprendre comment une cellule islamiste s'est développée en Espagne et a décidé de commettre un attentat pour infléchir la politique étrangère espagnole.

ONZE SUSPECTS ABSENTS

En novembre dernier, un tribunal italien a condamné l'Egyptien Rabeï Osman Sayed Ahmed à dix ans de prison pour son rôle dans les attentats. Ahmed, également connu sous le nom de "Mohamed l'Egyptien", avait été arrêté à Milan trois mois après les attentats.

Les autorités italiennes l'ont extradé pour permettre à la justice espagnole de le juger. Il est soupçonné d'être l'un des idéologues à l'origine de l'opération.

"Il sera très difficile de prouver qu'il a eu une responsabilité quelconque dans ces attentats", a affirmé son avocat Luca D'Auria, qui avait assuré sa défense en Italie et sera de nouveau présent dans le prétoire au procès de Madrid.

"Les preuves qui pèsent contre lui ont été collectées à Milan et rien ne prouve qu'il a eu des contacts avec les organisateurs, avec les autres accusés", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'Ahmed ne connaissait certains suspects que par la fréquentation de la même mosquée.

Onze des principaux suspects ne seront pas dans le box des accusés. L'un d'eux a vraisemblablement été tué en Irak. Trois sont en fuite et certains des instigateurs des attentats ont péri quand sept suspects se sont fait exploser dans un appartement de la banlieue de Madrid encerclé par les forces de sécurité quelques semaines après les attaques.

"C'est probablement le procès le plus compliqué qui ait été organisé en Espagne", estime-t-on de source proche de l'Audience nationale, la Haute Cour de justice espagnole. "Au fur et à mesure que les preuves seront rassemblées, il y aura sans doute de nouvelles affaires liées au 11 mars. Mais au moins, à l'issue de ce procès, on devrait savoir l'essentiel de ce qu'il y a à savoir."

600 TEMOINS ET 100 EXPERTS

La police enquête toujours sur ces attentats. Elle a récemment arrêté six autres personnes soupçonnées d'avoir des liens avec les fugitifs.

Les quelques 100.000 pages du dossier d'accusation évoquent notamment les trafics de haschisch et d'ecstasy mis en place pour financer les attentats et les contacts pris auprès d'anciens mineurs du nord de l'Espagne pour acheter la dynamite.

Plus de 600 témoins et une centaine d'experts seront appelés à la barre d'un procès qui sera retransmis en direct à la télévision et sur internet, via le site datadiar.com.

A l'issue des audiences, les trois juges réunis sous la présidence de Javier Gomez Bermudez devraient mettre plusieurs mois avant de rendre leurs verdicts. Sans doute pas avant octobre. La peine maximale d'emprisonnement en Espagne est de 40 ans.

Les commentaires sont fermés.