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vendredi, 26 janvier 2007

De Martinique, Ségolène Royal met en garde Nicolas Sarkozy

FORT-DE-FRANCE (Reuters) - Ségolène Royal a mis en garde jeudi Nicolas Sarkozy, à 7.000 kilomètres de distance, qu'elle n'entendait pas laisser l'Etat devenir un "système clanique".

A peine arrivée en Martinique, la candidate socialiste à la présidentielle a réagi aux révélations sur les enquêtes des Renseignements généraux dont auraient fait l'objet certains de ses proches.

"Cela prouve (...) la nécessité d'incarner un autre fonctionnement de l'Etat au service de l'intérêt général, qui ne soit pas au service d'un candidat", a-t-elle expliqué aux journalistes en allusion au ministre de l'Intérieur, ministre de tutelle de RG, qui a démenti toute commande à ses services.

Depuis son investiture par les militants socialistes, Ségolène Royal affiche sa volonté de conduire une campagne sans attaques personnelles.

Jeudi soir, à La Batelière, le grand hôtel où sa délégation est descendue non loin de Fort-de-France, elle n'a jamais cité nommément Nicolas Sarkozy.

"L'Etat ne doit pas être un système clanique", a-t-elle martelé, quelques heures après en avoir appelé à Jacques Chirac pour qu'il veille au bon fonctionnement de la campagne présidentielle.

"Un Etat fort, un Etat respecté est un Etat impartial", a fait valoir la candidate, qui s'est fixé pour objectifs présidentiels l'avènement d'un "ordre juste" et d'une "République du respect".

Accompagnée de l'ancien ministre socialiste des DOM-TOM Louis Le Pensec, Ségolène Royal a atterri en fin d'après-midi à l'aéroport Martinique-Aimé Césaire.

La compagne de François Hollande, mère de leurs quatre enfants, a été accueillie par une foule de femmes martiniquaises, une rose rouge à la main, criant "Ségolène présidente" et "Ségolène femme debout".

Passage obligé de tout postulant à l'Elysée, cette visite antillaise de trois jours et demi se décompose en deux étapes égales, en Martinique, où elle a vécu enfant, puis en Guadeloupe. Le tout à bride abattue.

ECOUTE ET PROPOSITIONS

Son emploi du temps de vendredi comporte pas moins de quatorze étapes en douze heures, dont une rencontre avec le poète de la négritude, Aimé Césaire, une visite de son ancien pensionnat, un forum participatif avec "les forces vives économiques" et un meeting en plein air à La Trinité.

"Et encore, je n'ai pas pu satisfaire toutes les demandes", s'est-elle amusée jeudi soir devant la presse, enroulée dans un grand châle rose.

C'est un "déplacement très dense", a-t-elle reconnu, assurant qu'elle trouverait des "moments d'accalmie" pour faire le point sur sa "phase d'écoute", préalable à la présentation de son programme, le 11 février.

La méthode suscite des interrogations parmi les "éléphants" socialistes et offre à l'UMP une fenêtre de tir idéale, qui attaque la candidate sur son absence de propositions.

Glissement sémantique ou réajustement de campagne en pleines turbulences, l'impétrante présidentielle a évoqué jeudi une phase "d'écoute et de dialogue" à laquelle son co-directeur de campagne, François Rebsamen a rajouté des "propositions".

"On lui faisait à tort le reproche d'être uniquement dans une phase d'écoute", a expliqué le numéro deux du Parti socialiste qui fait partie du voyage caribéen.

Vendredi soir, lors d'un meeting à La Trinité, elle devrait "replacer un certain nombre de propositions" autour des "valeurs de gauche et de progrès", a assuré François Rebsamen.

Elle parlera de logement social, d'éducation, de développement économique ultra-marin mais "n'entend pas faire un grand discours sur l'évolution institutionnelle" des DOM-TOM, a précisé Louis Le Pensec.

Officiellement, le rythme de la campagne participative et décentralisée n'a pas changé et ne changera pas mais l'emploi du temps - et le plan média - de la candidate a été considérablement étoffé.

Depuis l'investiture de Nicolas Sarkozy, à la mi-janvier, six sondages ont placé le candidat de l'UMP en tête au deuxième tour de l'élection présidentielle. Au premier tour, selon une enquête BVA pour Orange publiée cette semaine, elle perd huit points, quatre dans le dernier baromètre Ipsos pour Le Point.

La tournée en Martinique et en Guadeloupe - réservoir traditionnellement à gauche de 630.000 voix - revêt donc une importance électorale non négligeable. Cette visite est bien un "temps de mobilisation en vue de 2007", a souligné François Rebsamen. /LBR

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