mercredi, 22 novembre 2006
belgique:4.000 emplois directs perdus. La Golf quitte bel et bien VW Forest.
Le soir: L'usine est réduite à très peu de chose. Viable ? Rien n'est moins sûr.I l ne pouvait guère être de scénario pire que celui-là. Les chiffres des licenciements chez Volkswagen Forest sont enfin tombés. Et ils sont terrifiants. 4.000 personnes vont perdre leur emploi, soit trois quarts du personnel. Le couperet est tombé mardi matin, suite à une réunion du conseil d'entreprise. La Golf, le modèle qui a fait les beaux jours de l'usine, quitte la Belgique. Il ne sera plus assemblé que dans deux usines allemandes : au siège du groupe, à Wolfsburg, et à Mosel. Il représentait 95 % de la production de Forest...
Aux 4.000 licenciements, il faut ajouter les nombreux emplois perdus chez les sous-traitants de l'usine. On parle de 10.000 emplois... Des mots résonnent dans la tête : Renault Vilvorde, Sabena, Ford Genk... c'est l'une des pires catastrophes sociales que le pays ait connues.
La direction de VW invoque la surcapacité qui règne en Europe de l'Ouest, la nécessité de rationaliser la production et de ramener sur deux sites au lieu de trois la production de ce modèle. « A un problème structurel, il faut prendre des mesures structurelles, explique Evelyne Helin, porte-parole. Mosel et Wolfsburg peuvent reprendre sans frais les volumes de production de Forest car ils ont de la capacité suffisante. Ce sera économiquement plus rentable de produire la Golf dans ces deux usines, notamment pour des raisons logistiques : 60 % de nos pièces viennent d'Allemagne, dont les tôles de carrosserie. »
Que restera-t-il à Forest ? On n'en sait rien pour l'instant. Tout ce que l'on a appris, c'est que VW entend maintenir environ 1.500 emplois sur le site. Il n'y a aucune certitude sur la Polo.
Sera-t-elle toujours assemblée l'année prochaine ? Le volume de production, 11.000 en 2006, va-t-il être augmenté ? Mystère. En l'état, il est de toute façon inconcevable de faire tourner une usine pour seulement 11.000 voitures.
Pour beaucoup, cette restructuration massue n'est qu'une fermeture déguisée. « Avec 1.500 salariés, VW Bruxelles n'est pas viable. C'est la première étape avant la fermeture », estime Pascal Van Cauwenberge, délégué de la CSC. La direction dément. « La fermeture du site n'est pas envisagée, même à plus long terme, insiste Reinhard Jung, président du conseil d'administration de VW Forest. Nous essayons de trouver une solution constructive. »
Dès demain, la direction belge va entamer des discussions avec les syndicats... pour évoquer toute une série de scénarios. « Nous avons des idées. Et la direction allemande aussi, sinon elle aurait fermé l'usine, explique la porte-parole de l'usine. Grâce à de nouvelles activités et à des réductions du temps de travail, nous pourrons maintenir 1.500 emplois et faire mieux peut-être. Quant à ceux qui seront licenciés, nous ne laisserons tomber personne. Nous nous engageons vis-à-vis de tous nos collaborateurs. »
Dès l'annonce des licenciements, les réactions politiques ont fusé. Le Premier ministre Guy Verhofstadt a pris la parole, se déclarant déçu « de voir que des considérations essentiellement nationales ont constitué le fondement de cette décision. Cela me choque. D'autant que tant d'efforts ont été consentis ces dernières années pour transformer cette implantation en l'une des plus productives d'Europe. Je comprends l'amertume et la colère des travailleurs et des familles touchées par ces mesures ».
Le Premier ministre a rencontré hier après-midi les syndicats et la direction de Forest. Il a également eu un entretien avec Wolfgang Bernhardt, le patron de la marque VW, responsable de la restructuration. Il s'attelle à organiser une réunion entre le gouvernement et la direction allemande du constructeur début décembre. « Les chances que ces discussions aboutissent sont minces », avertit-il néanmoins.
Une cellule de crise réunissant les trois ministres régionaux Yves Leterme, Jean-Claude Marcourt et Benoît Cerexhe a également été créée pour tenter de trouver une solution de reclassement pour les travailleurs licenciés. Elle se réunira demain.
Aussi bien du côté politique que syndical, on insiste néanmoins sur le fait que la priorité pour l'heure, ce n'est pas le reclassement et l'accompagnement des travailleurs touchés. C'est plutôt la nécessité d'obtenir de la direction un plan industriel solide qui garantit la pérennité du site à long terme et tenter de réduire au maximum le nombre de licenciements.
C'est seulement dans une seconde phase de la loi Renault, quand syndicats et patrons seront tombés d'accord, qu'il sera question du reclassement.
A l'usine même, la situation est restée calme. La plupart des travailleurs sont restés chez eux comme le leur avaient demandé les délégués syndicaux. Ils se réuniront en assemblée générale ce mercredi matin pour évoquer la stratégie et les actions à mener dans les semaines à venir
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Commentaires
http//www.expression-libre.eu/vw-forest : Le débat sur la fermeture de VW Forest est ouvert sur ce site ça vaut la peine d'aller signer la pétition et, tant qu'à faire, y placer un lien vers ce bon billet... Bravo pour ton article... L’union fait la force !
Écrit par : Marc | mercredi, 22 novembre 2006
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