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jeudi, 23 novembre 2006

Bruxelles VW Forest :Les désastres des mauvaises décisions de management

Le Soir VAES,BENEDICTE:La survie de l'usine de VW Forest, les ouvriers n'y croient plus. Ils veulent faire payer le plus cher possible leur envoi à la casse.

Une manifestation est prévue le 2 décembre « pour se faire entendre jusqu'en Allemagne »
D es ouvriers ont veillé toute la nuit, au pied de l'usine, gardant précieusement leur « trésor de guerre », un millier de Golf assemblées ou en cours de fabrication. Cette prise, ils pourront la monnayer, chèrement, contre un plan social.
En face de VW est garé un grand bus. Sa carrosserie est barrée d'un immense calicot, avec la phrase d'Albert Einstein : « Le monde est dangereux non à cause de ceux qui font du mal, mais à cause de ceux qui regardent et qui laissent faire. »

Il fait étonnamment calme. Les syndicats rappellent qu'il ne faut pas détruire l'outil ni fâcher l'opinion. « Nous ne sommes pas des sauvages. Nous sommes des travailleurs responsables. Nous avons notre dignité, notre fierté. » Dans l'usine, on ne touche pas aux lignes de fabrication qui, pétrifiées par la grève, ont arrêté leur mouvement perpétuel. Les bouffées de colère n'ont saccagé que la cafétéria.
Dès l'aube, hier matin, les ouvriers rallient l'usine, depuis Gand ou Tournai, Alost ou La Louvière. Sur le parking, les délégués préparent une assemblée générale... pour annoncer la funeste nouvelle que les médias charrient déjà depuis la veille. Quatre mille emplois à la casse.
« Solidarité VW + fournisseurs » : la pancarte est brandie par les ouvrier(e)s d'Arvin Merior, l'un des sous-traitants. « Nous assemblons les portes des Golf et des Polo. VW est notre seul client. On travaille à des conditions inférieures aux siennes. Maintenant qu'on est tous dans le même pétrin, on exige le même plan social pour tous. »

Un jeune ouvrier de VW enchaîne : « Pour moi, toute l'industrie est en danger. L'usine de Forest avait tous les atouts : productivité, flexibilité, l'automotive parc, des bénéfices. Quel prix on devra payer pour garder ses emplois ? Le bénévolat ? »

Un délégué de Caterpillar, venu en signe de solidarité, lui répond en écho : « Les drames, ça pend au nez de tout le monde. VW ou Renault, c'est pareil. On nous invente sans arrêt de nouveaux trucs de flexibilité. Le monde économique dirige, le politique s'agite, mais il n'a rien à dire. »

Le parking s'emplit moins que prévu, tout de même. Sur 5.400 travailleurs, l'assemblée n'en attire que deux milliers. Plus que la révolte, c'est l'abattement qui domine. Une chape de désespoir.
Les délégués syndicaux prennent la parole depuis les étages du parking. « Nous sommes tous dans le même bateau. Ouvriers, employés, cadres, sous-traitants. C'est la pire catastrophe de l'histoire de VW. » Une clameur monte de la foule : « Merci, l'Europe sociale ! »

Le délégué lance : « On a encore un petit espoir. » « Hou, hou, hou », lui répond-on. Un homme crie : « Qu'on bloque les frontières avec des camions ! »
Un autre délégué lance : « On doit construire l'Europe sociale. Lundi se réunit le conseil d'entreprise européen. On va demander la solidarité d'IG Metall. » La foule hue. Elle attend du concret. Ici, on veut des sous, pour se consoler de toutes ces années à turbiner à la chaîne. Pour rembourser la maison, la voiture, les emprunts. Pour se faire un bas de laine contre la précarité.
Les délégués y viennent enfin. « On va décider le plus vite possible. Négocier ce qu'on peut avoir, ce qu'on doit avoir. On va savoir combien d'argent VW a mis dans l'enveloppe sociale. On veut du pognon. On ne va pas se laisser faire. » On frappe les tôles du parking, en guise de refrain.
« Rappelez-vous : on a fait des grèves contre le pacte des générations. On n'en voulait pas. On savait qu'on allait vivre des misères. Mais on va être confrontés à ce pacte. Nous, on veut que tous ceux qui ont fait 30 ans à la chaîne aient droit à la prépension. »

Des ouvriers nous expliquent : « Nous risquons de n'avoir que 20.000 ou 22.000 euros pour tout préavis. En Allemagne, ils ont touché bien plus, lors des restructurations. Au moins 100.000 et jusqu'à 250.000 euros. L'emploi, c'est foutu. Qu'on nous donne du fric pour faire oublier toutes ces années perdues. »

L'assemblée s'achève. Plus loin, la police est sur pied de guerre. Mais les victimes de Volkswagen sont désarmées par le désespoir. Leurs bourreaux allemands sont hors d'atteinte. Aucune cible n'est à leur portée pour y faire ricocher leur colère. Les délégués s'opposent fermement à ceux qui tentent d'escalader les grilles. Un cortège erre dans les rues de Forest, sans y commettre la moindre dégradation. Les syndicats vont endiguer la rancoeur. Ils organisent une manifestation, nationale et interprofessionnelle, le samedi 2 décembre. On y espère des délégations étrangères. « L'onde de choc doit porter notre message au-delà des frontières. » La direction paie la semaine. Après, ce sera la grève. Celle du désespoir.

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Ne pas rester sans rien faire... Il faut s'unir... Venez participer au débat sur le site http//www.expression-libre.eu/vw-forest

Écrit par : Marc | jeudi, 23 novembre 2006

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