jeudi, 17 mai 2012
Le premier gouvernement français sous François Hollande
PARIS (Reuters) - François Hollande et son Premier ministre Jean-Marc Ayrault ont nommé mercredi un gouvernement respectueux des diverses sensibilités socialistes, marqué par le retour aux affaires d'un pilier de l'ère mitterrandienne, Laurent Fabius, et l'absence de Martine Aubry.
L'équipe compte 34 membres, 18 ministres et 16 ministres délégués, avec une parfaite parité hommes-femmes, une première en France, selon le voeu du nouveau président de la République, et une place notable faite à la diversité.
Les alliés verts du Parti socialiste y trouvent leur place avec deux représentants, dont Cécile Duflot qui hérite d'un ministère de l'Egalité des territoires et du Logement.
Pour affronter la crise, le nouveau président et son Premier ministre ont fait confiance à Pierre Moscovici, qui se voit confier le portefeuille de l'Economie, des Finances et du Commerce extérieur, et Jérôme Cahuzac, président de la commission des Finances de l'Assemblée, qui le secondera au Budget.
Aux côtés de ce duo expérimenté, Arnaud Montebourg, héraut de la "démondialisation", sera chargé d'un ministère du Redressement productif.
Très proche de François Hollande, qui lui avait confié la responsabilité de son projet de campagne, Michel Sapin est finalement nommé ministre du Travail, de l'Emploi et du Dialogue social, alors qu'il était pressenti pour un retour à Bercy, où il a exercé près d'un an en 1992-1993.
Il partagera le pôle social avec la députée d'Indre-et-Loire Marisol Touraine, auteur du projet de François Hollande sur les retraites, nommée aux Affaires sociales et à la Santé.
Intervenant sur France 2, Jean-Marc Ayrault a averti mercredi soir que les ministres candidats aux élections législatives qui seraient battus ne pourraient rester au gouvernement. Plus d'une vingtaine seraient en lice dans le scrutin des 10 et 17 juin.
FABIUS EN TÊTE DE LISTE
L'annonce du gouvernement, faite par le secrétaire général de l'Elysée Pierre-René Lemas sur le perron de la présidence, est intervenue avec plusieurs heures de retard sur l'agenda initial, signe, semble-t-il, de la complexité des tractations.
Laurent Fabius, ancien Premier ministre de François Mitterrand, aujourd'hui âgé de 65 ans, reçoit le portefeuille des Affaires étrangères. Il sera le premier membre du gouvernement dans l'ordre protocolaire, juste devant le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon, un rang qui témoigne de la priorité accordée par François Hollande à l'école.
Il sera chargé de mettre en oeuvre la promesse de François Hollande de créer 60.000 postes dans ce secteur en cinq ans.
La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, avait fait savoir plus tôt dans la journée qu'elle ne ferait pas partie du gouvernement, en "bonne entente" avec le président.
L'ancienne ministre du Travail de Lionel Jospin, finaliste battue par François Hollande lors de la primaire d'investiture du PS, souhaitait Matignon mais le chef de l'Etat lui a préféré un fidèle, Jean-Marc Ayrault, moins marqué à gauche.
Avec Martine Aubry, les autres grands absents socialistes du gouvernement sont le maire de Paris Bertrand Delanoë, alors que son nom avait été cité pour la Justice, et celui de Dijon François Rebsamen, longtemps en course pour la place Beauvau.
La Guyanaise Christiane Taubira, ancienne candidate à l'élection présidentielle de 2002 sous l'étiquette radicale de gauche, est nommée garde des Sceaux.
Comme prévu, Manuel Valls, l'un des hommes à poigne du PS, classé à la droite du parti, dirigera le ministère de l'Intérieur.
NOUVELLE GÉNÉRATION
Jean-Yves Le Drian, un ami de 35 ans de François Hollande, sera le prochain ministre de la Défense. Il avait pris contact durant la campagne présidentielle avec des gouvernements étrangers, notamment avec l'administration américaine pour préparer le sommet de l'Otan de Chicago, les 20 et 21 mai.
Avec seulement une poignée de ses membres ayant déjà exercé des fonctions ministérielles, ce gouvernement joue la carte du renouvellement, illustré notamment par la promotion de jeunes femmes remarquées pendant la campagne comme Najat Vallaud-Belkacem (34 ans, Droits des femmes, porte-parole) et Delphine Batho, 39 ans, ministre déléguée à la Justice.
Autres figures de la jeune garde socialiste, Aurélie Filippetti, 38 ans, hérite de la Culture et Fleur Pellerin, 37 ans, du portefeuille de ministre déléguée aux PME, à l'Innovation et à l'Economie numérique.
Les différentes sensibilités du Parti socialiste sont aussi respectées. Stéphane Le Foll complète la liste des fidèles du chef de l'Etat comme ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire.
L'aile gauche du PS, que devait incarner Martine Aubry au sein du gouvernement, sera représentée par Marylise Lebranchu (Réforme de l'Etat, Décentralisation et Fonction publique), une amie proche de la maire de Lille, Benoît Hamon (Economie sociale et solidaire) et François Lamy (Ville).
Les proches de Ségolène Royal ne sont pas oubliés, avec Najat Vallaud-Belkacem, Delphine Batho et Dominique Bertinotti (Famille), sa directrice de campagne durant la primaire du PS.
Parmi les alliés potentiels du Parti socialiste, le Front de gauche emmené par Jean-Luc Mélenchon avait déclaré avant la présidentielle qu'il ne participerait pas à un gouvernement.
Le premier conseil des ministres du quinquennat Hollande se déroulera jeudi à 15h00.
"L'essentiel, c'est de se mettre au travail", a souligné Jean-Marc Ayrault mercredi matin lors d'une brève allocution après la passation de pouvoirs avec François Fillon.
Sophie Louet, Yann Le Guernigou et Elizabeth Pineau, édité par Patrick Vignal sophie.louet.thomsonreuters@reuters.net))
11:02 Publié dans Politique, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, gouvernement français | del.icio.us | Facebook | | |