samedi, 07 mars 2009
La reprise de Fortis par BNP Paribas
Le gouvernement belge a annoncé dans la nuit de vendredi à samedi un nouvel accord avec BNP Paribas sur le démantèlement de Fortis, prévoyant que la banque française reprenne 75% de Fortis Banque en Belgique.
C'est la troisième tentative visant à mettre en oeuvre cet accord né des difficultés financières de Fortis.
"Aux termes de ce nouvel accord, l'Etat belge apportera à BNP Paribas 75% de Fortis Banque", peut-on lire dans le communiqué du gouvernement, soit la même part que ce que prévoyait le précédent protocole, retoqué par la justice belge et rejeté par les actionnaires.
"Bien entendu il faut attendre que les actionnaires se prononcent mais nous sommes très confiants sur cette fois-ci le succès de cette opération", a déclaré sur France Info le directeur général de BNP Paribas, Baudouin Prot.
L'accord crée la première banque de dépôt de la zone euro et doit clore la saga du "Fortisgate" qui agite la vie politique belge depuis presque six mois.
"C'est un pas très important: après l'acquisition de BNL en Italie en 2006, BNP Paribas aura désormais, il ne faut pas non plus oublier le Luxembourg, une présence sur quatre marchés en Europe", a poursuivi le directeur général de BNP Paribas.
"Ceci donne en matière de dépôts, en matière de crédit, en matière aussi de gestion d'actifs et de banque privée, une dimension nettement accrue au groupe BNP Paribas et c'est une opération de ce point de vue qui est très logique avec notre stratégie mais qui est importante."
GARANTIES
Le plan, qui prévoit aussi que Fortis Banque va acquérir 25% de Fortis Assurance Belgique pour une somme de 1,375 milliard d'euros au financement garanti par BNP, a été négocié tard dans la nuit.
Le directeur général de la BNP et le Premier ministre belge Herman van Rompuy s'étaient réunis dans la soirée au 16 rue de la Loi à Bruxelles, le siège du gouvernement belge.
L'exposition maximale de Fortis Holding à un ensemble d'actifs toxiques est ramenée de 1 milliard à 760 millions d'euros.
La garantie de l'Etat belge sur la dette financée par Fortis Banque est réduite de 5 à 4,36 milliards d'euros.
En contrepartie, l'Etat belge apportera une garantie de 1,5 milliard d'euros sur le portefeuille d'actifs structurés conservés par Fortis Banque et l'autorise à émettre pendant trois ans jusqu'à 2 milliards d'euros de capital souscrit par l'Etat.
Ces révisions visent à emporter l'adhésion d'une partie des actionnaires qui ont bloqué de justesse le précédent accord le mois dernier.
Vendredi, les rumeurs d'accord ont propulsé le cours de l'action Fortis en hausse. A la clôture, le titre affichait une hausse de 13,34% à 0,96 euros alors que de son côté BNP Paribas avait perdu 5,42% à 21,73 euros.
Le projet initial de démantèlement de Fortis, négocié en octobre, prévoyait que BNP Paribas, au terme d'un démantèlement orchestré par la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas, reprenne les activités belges de Fortis.
La justice belge avait bloqué cet accord en décembre, estimant que les actionnaires devaient d'abord s'exprimer, et une AG des actionnaires de Fortis l'avait rejeté le 11 février.
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mercredi, 03 décembre 2008
Le CA de Fortis désavoué par les actionnaires
Les actionnaires belges de Fortis, en colère après le démantèlement du bancassureur frappé par la crise financière, ont rejeté mardi trois des cinq administrateurs qui leur étaient proposés, dont le vicomte Etienne Davignon.
Les actionnaires belges de Fortis, en colère après le démantèlement du bancassureur frappé par la crise financière, ont rejeté mardi trois des cinq administrateurs qui leur étaient proposés, dont le capitaine d’industrie belge Etienne Davignon.
Après les Néerlandais lundi, environ 3.000 actionnaires s’étaient déplacés à Bruxelles pour demander des comptes à la direction. En ajoutant les procurations, au total 10.500 actionnaires soit 23,39 % du capital étaient représentés à l’assemblée générale.
Seuls Louis Cheung Chi Yan, représentant au conseil d’administration du premier actionnaire chinois Ping An, et le PDG désigné Karel de Boeck ont franchi la barre des 50 %. Ils avaient déjà obtenu lundi le soutien des actionnaires néerlandais.
Etienne Davignon, accepté de justesse à Utrecht comme président du conseil d’administration, a en revanche été recalé à Bruxelles, et aussi copieusement hué.
Huées, mais aussi sifflets, cris de « démission ! » ou « voyous » : la salle seulement à moitié pleine, mais très en colère, n’a cessé d’interrompre la direction qui essayait de justifier le démantèlement du groupe.
« Nous n’avions pas le choix ! », a tenté de se défendre Philippe Bodson, l’un des administrateurs désavoués par les actionnaires. « Si on n’avait pas signé, nous serions dans une situation encore plus désastreuse », a-t-il assuré, « nous n’aurions probablement plus rien du tout ! » Acculé par ses investissements à risque et par l’achat d’ABN Amro qui s’est avéré trop gros à avaler, Fortis a d’abord dû accepter une injection de 11,2 milliards d’euros des Etats belges, néerlandais et luxembourgeois, en échange d’une prise de participation dans la filiale bancaire de leur pays respectif.
Les Pays-Bas ont ensuite nationalisé l’essentiel des activités néerlandaises, et le français BNP Paribas s’est entendu avec les gouvernements belges et luxembourgeois pour prendre le contrôle de la majorité des activités de banque et d’assurance en Belgique et au Luxembourg.
Après ce dépeçage, les titres Fortis détenus par les petits actionnaires ont perdu presque toute leur valeur.
« Je me demande pourquoi vous vous êtes inféodés à la botte de ministres incompétents », a explosé un homme se décrivant comme un « actionnaire de Fortis, à condition que ça veuille encore dire quelque chose ».
« Vous avez vendu l’essentiel de la société, il ne reste rien », s’est emporté un autre actionnaire. Seulement « des miettes », a insisté un troisième.
« Il ne reste à Fortis que des actifs toxiques, des dettes et des procès à intenter », a résumé un représentant du cabinet de conseil aux actionnaires Deminor.
Selon la loi belge, le conseil d’administration de Fortis doit compter au moins trois membres, ce que ne permet pas le vote de mardi.
Karel de Boeck va donc bien devenir PDG, mais faute de remplaçants le conseil d’administration actuel reste en place, et deux nouvelles assemblées générales devront être convoquées en Belgique et aux Pays-Bas, a expliqué un porte-parole.
Les actionnaires pourront peut-être alors se prononcer sur une liste alternative d’administrateurs proposée par Deminor, et emmenée par un ancien vice-président de la Bourse de New York, Georges Ugeux. La direction de Fortis a refusé mardi de la soumettre aux votes.
(D’après AFP)
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