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jeudi, 10 décembre 2020

Flandre : Des drones policières durant les fêtes de fin d’année

BB1bNO3A.jpgLa zone de police Carma (As, Bocholt, Bree, Genk, Houthalen-Helchteren, Kinrooi, Oudsbergen et Zutendaal) déploiera des drones pendant la période des fêtes de fin d’année pour s’assurer du respect de l’interdiction des feux d’artifice et des mesures sanitaires.

La zone de police Carma avait déjà fait usage de drones l’année passée pour détecter des feux d’artifice illégaux pendant la période des fêtes de fin d’année. Ces appareils avaient également été déployés au cours du printemps dernier pour surveiller le respect des mesures sanitaires en vigueur pour lutter contre la propagation du coronavirus.

Des caméras thermiques pourront par ailleurs être fixées sur les drones, permettant ainsi à la police de contrôler les personnes à l’extérieur.

mercredi, 28 novembre 2007

Forcez les Flamands à se décider !

Daniel Cohn-Bendit vit en partie à Bruxelles. Le leader des Verts au Parlement européen s’y est fait une idée iconoclaste de la Belgique. Qu’il a livrée à la rédaction du « Soir ».
De Mai 68 au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit, c’est quarante ans d’expérience politique. Mais lorsqu’il parle de politique belge, c’est au registre des pathologies mentales qu’emprunte le leader des Verts : « Ce qui se passe chez vous est fou. » Il a répété ce diagnostic plusieurs fois mardi matin, face à la rédaction. Parfois en jouant à la mouche du coche, toujours prompt à décocher des « formules »…
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Cohn-Bendit, comme les milieux européens de la place bruxelloise, regarde la Belgique d’un œil un coup incrédule, un coup amusé, un coup atterré. Comme une bête curieuse. « Le président de la Commission, Barroso, et les autres ne se tracassent pas face à cette menace de séparation. Ils n’y croient pas. Avec le franc belge, sans Europe, sans euro, la Belgique aurait explosé. Aujourd’hui, ce ne serait pas un problème qu’elle explose. De toute façon, le poids de la Belgique en Europe, c’est zéro. C’est méchant à dire, mais le poids du Luxembourg dans l’UE, c’est Jean-Claude Junker. Le poids de la Belgique dans l’UE, c’est Verhofstadt. C’est l’homme qui fait ce poids. » Et de rappeler que la partition de la Tchécoslovaquie n’a pas entraîné de cataclysme en Europe.

Autre saillie iconoclaste : « Le seul problème [si la Belgique se sépare] sera de voir ce qui se passera au niveau des équipes de football. Il faut dire aux Flamands et aux Wallons que, vu du sud de la France, tout cela n’a pas d’importance. »

Daniel Cohn-Bendit renvoie donc Flamands et francophones dos à dos, n’en déplaise à ceux qui rejettent toute la faute sur le Nord. « Ils ne peuvent avoir le beurre et l’argent du beurre. » Les Wallons ne peuvent pas se contenter de regarder la Flandre « en se disant qu’ils n’en ont rien à foutre, sinon compter sur elle pour payer leurs pensions ». Quant aux Flamands, « ils devraient cesser de réagir comme il y a trente ans. Aujourd’hui, ils ont le pouvoir, mais ils se posent toujours en victimes. Avec cette idée de revanche. Faire payer au nom de l’histoire, ça fait partie de la bêtise humaine. Mais elle est vraie aussi. Regardez l’ex-Yougoslavie : on y a fait la guerre au nom d’événements qui dataient de plusieurs siècles. »

Dans le champ de chardons qu’est le landernau politique belge, une épine a le don de hérisser notre hôte : « Ces menus dans les restaurants de Hal où les plats sont annoncés en néerlandais et en anglais, mais où le français est interdit… Je ne comprends pas comment des actions ne sont pas menées devant la Cour européenne. On se croirait en Turquie où l’usage de trois lettres kurdes est interdit ! Faites-le savoir ! C’est dingue ! »

Dany-le-Vert poursuit : « Pour continuer dans la folie : le bruit. » En l’occurrence celui des avions qui décollent de Bruxelles-National. « Fixer les normes de bruit aux niveaux flamand, wallon et bruxellois est idiot. Les normes de bruit seront européennes ou ne seront pas. Ici, cela ne sert qu’à imposer une dynamique de la division. »

L’enfant terrible de Mai 68 constate ainsi que, depuis 1994, année de son entrée au Parlement européen, « le processus de désintégration de ce pays est frappant. C’est un séparatisme rampant. C’est ce qui me fait dire qu’en Belgique, la séparation ne se décidera pas, comme ça, un jour. Si elle s’impose, c’est parce qu’elle se sera insinuée, pas à pas. Mais si les francophones les mettent devant leurs responsabilités, les nationalistes flamands finiront par accepter un compromis : parce qu’ils n’oseront pas décider la séparation. En campagne, avant la formation d’un gouvernement, c’est facile de jouer les séparatistes. Lorsqu’il s’agira de la décider, c’est autre chose. Vous savez, la logique nationaliste est désintégratrice du bien-être qui existe en Flandre. Mais c’est à eux de le découvrir. Il faut que les gens aillent au bout de leur logique. Ce que l’on voit à Hal est une maladie très grave, qui ne se soigne pas par la raison. Il faut y voir une maladie psychologique très profonde. Vous ne responsabiliserez les gens qu’en les laissant aller jusqu’au bout de leurs fantasmes, de leur folie, de leurs erreurs. »

Bouillant, Cohn-Bendit amorce une nouvelle démonstration : « 80 % des Flamands sont séparatistes. » Une journaliste l’interrompt, sèchement : « C’est faux. C’est ce genre de déclarations qui attise la crise. »

L’eurodéputé ne se démonte pas : « Je dis que 80 % des électeurs flamands votent pour des partis sécessionnistes qui jouent avec le feu : la Liste Dedecker, le Vlaams Belang, la NV-A. Quant au CD&V, si un parti se met avec un parti sécessionniste pour gagner des élections, c’est que ce n’est pas contradictoire avec ce qu’il pense. La preuve, c’est qu’aujourd’hui, on en est là. »

La fin de la Belgique, donc ? « Si on leur mettait le miroir – ”C’est oui ou non ?” –, les Flamands diraient non. Mais ils ont une tentation morbide d’aller de plus en plus loin dans la séparation. Si vous commencez par séparer les allocations familiales, pourquoi cela s’arrêtera-t-il ? En fonction de qui, de quoi ? Depuis les années 70, vous avancez comme ça. Vous gardez la Belgique mais vous faites toujours moins de Belgique. Vous devez donc forcer les Flamands à se décider ! »

De l’autre côté de la frontière linguistique, il faut en finir avec « l’élitisme des francophones qui disent ne pas s’intéresser au flamand ». Une journaliste intervient, relayant un avis répandu dans l’opinion wallonne et francophone : « La langue flamande ne nous sert à rien. Pourquoi l’apprendre ? » Cohn-Bendit riposte, sans pitié : « Si vous en êtes là, séparez-vous tout de suite. Le flamand, c’est la langue de la communauté majoritaire de votre pays, tout de même… » n