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lundi, 04 septembre 2006

Sarkozy s'associe avec la RACAILLE Johnny Hallyday et Doc Gynéco

par Emmanuel Jarry

MARSEILLE (Reuters) - Nicolas Sarkozy a lancé ce week-end une opération séduction à l'adresse de l'électorat jeune, dans lequel il pâtit de l'image attachée à ses fonctions de ministre de l'Intérieur et de sa réputation de libéral.
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"Je vous demande de m'aider à agir si vous ne voulez pas subir", a-t-il lancé dimanche à quelque 6.000 personnes, en majorité de jeunes militants, réunis au parc d'exposition de Marseille pour la conclusion de l'université d'été de l'UMP.

"Je suis venu vous demander d'être l'âme du changement, d'être les acteurs d'une rupture dont je suis certain qu'au fond de vous-même vous l'appelez de vos voeux", a-t-il ajouté.

Tout au long du week-end, Nicolas Sarkozy est apparu sûr de lui et dominateur, fort de sondages qui le donnent largement favori des Français pour porter les couleurs l'UMP lors de l'élection présidentielle d'avril-mai 2007.

Le président du principal parti de droite, qui admet se préparer depuis quatre ans à briguer la succession du président Jacques Chirac, s'estime également conforté dans ses ambitions par le succès de son livre, "Témoignage", publié en juillet et déjà tiré à 335.000 exemplaires.

Ses déclarations à l'emporte-pièce sur la situation dans les banlieues, ses propositions en matière d'immigration "choisie", l'expulsion d'enfants d'immigrés sans papiers scolarisés, passent cependant mal dans la jeunesse.

Il pâtit sans doute aussi de son appartenance à un gouvernement contre lequel des centaines de milliers de lycéens et d'étudiants ont fait grève et ont manifesté au printemps dernier pour obtenir le retrait du "contrat première embauche".

En mai, juste après cette fronde anti-CPE, un sondage LH2 le créditait de 26% d'avis favorables parmi les jeunes de 18 à 24 ans, contre 49% en faveur de Ségolène Royal, aujourd'hui sa principale rivale socialiste dans l'opinion.

"Je suis venu vous proposer de construire ensemble une société où chacun recevra selon son mérite et où chacun aura sa chance", a-t-il lancé dimanche à l'adresse de ces jeunes.

Dans un discours de plus d'une heure, ponctué de références littéraires et historiques et aux accents souvent lyriques, il a déroulé l'ébauche d'un programme présidentiel.

"TOUT EST POSSIBLE"

Il a notamment assuré que sa "plus grande ambition" était de ramener le taux de chômage en France à 5% de la population active dans les cinq années de la prochaine législature.

Il a cependant rappelé que si les jeunes avaient des droits, ils avaient aussi des devoirs, et annoncé qu'il proposerait la création d'un service civique de six mois pour les 18-30 ans, faisant ainsi concurrence au Parti socialiste et à l'UDF de François Bayrou, qui proposent également un service civique.

Nicolas Sarkozy avait invité, pour écouter son discours, Johnny Hallyday, toujours très populaire et adhérent de l'UMP.

Pas sûr, en revanche, que les déclarations d'un autre artiste invité, le rappeur français de parents antillais Doc Gynéco, adhérent de fraîche date, ait l'impact espéré.

"Les banlieusards, c'est des clowns. Ils sont choqués d'avoir entendu 'racaille' ou 'Kärcher' (dans la bouche de Nicolas Sarkozy) quand tous les jours entre eux ils s'insultent", a-t-il déclaré samedi à propos des violences urbaines de l'automne dernier.

Dix mois après cette crise, Nicolas Sarkozy a lancé un appel aux jeunes de banlieue issus de l'immigration : "La France est votre pays (...) Aimez la France parce que la France le mérite (...) Battez-vous pour construire et non pas pour détruire."

S'il est trop tôt pour juger de l'effet de son discours sur l'électorat jeune, le ministre de l'Intérieur a en tout cas atteint un double objectif: faire de l'université d'été de l'UMP une démonstration d'unité après la cacophonie de celle du Parti socialiste le week-end précédent à La Rochelle, tout en marginalisant, au moins pour le moment, ses rivaux potentiels.

Des intervenants, le Premier ministre Dominique de Villepin et la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie en tête, ont certes invité l'UMP et son président à ne pas jeter aux orties le bilan du quinquennat de Jacques Chirac.

Michèle Alliot-Marie n'a pas exclu de se présenter en 2007. Mais tous ont multiplié les appels au rassemblement.

"Tout est possible si on le veut. Et ici, à Marseille, je suis venu vous dire que nous le voulons (...) plus que jamais, plus que quiconque ne l'a jamais voulu", a lancé Nicolas Sarkozy en conclusion de son discours de dimanche.