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samedi, 19 juillet 2014

HALTE AUX IDÉES REÇUES EN MATIÈRE D’IMMIGRATION !

Dans un rapport intitulé « Is what we hear about migration really true ? » édité par le sociologue et démographe Philippe Fargues, le Centre d’études des politiques migratoires de l’Institut universitaire européen de Florence revient sur huit stéréotypes faux qu’il importe de démonter préalablement à tout débat éclairé sur la question. Les politiciens qui exploitent ces préjugés à des fins électoralistes ou pour prôner une hypothétique fermeture totale des frontières seraient avisés de s’y référer.

 Huit stéréotypes à démonter pour établir un débat débarrassé de préjugés trompeurs

« Nous n’avons pas besoin des migrants ». Cette assertion est fausse, voire dangereuse, lorsque l’on considère le déclin démographique européen. En 2050, sans immigration supplémentaire, la population européenne aura décrue de 58 millions ! Or, comment avoir voix au chapitre des grandes puissances si la population est en déclin ? La population est également vieillissante, rendant les systèmes de retraite et l’Etat providence insoutenables à brève échéance (2030). L’immigration est donc une solution rapide et incontournable pour le maintien des systèmes sociaux et le développement économique.

« Les migrants volent nos emplois ». C’est une idée partagée par près de la moitié des citoyens de l’UE. Ce faux « bon sens » s’oppose à la rationalité du comportement des migrants : ceux-ci évitent généralement les pays avec un fort taux de chômage pour s’installer. On observe par conséquent une corrélation majoritairement négative entre l’immigration et le chômage après la crise de 2008. Un chômage élevé ne saurait donc être imputé à l’immigration sans tordre la réalité.

« Nous n’avons pas besoin d’immigrants peu qualifiés dans l’UE ». Si les Etats membres ont progressivement orienté leur politique migratoire vers les migrants qualifiés, il n’en demeure pas moins que l’économie européenne a besoin de migrants peu qualifiés, ne serait-ce que pour occuper des emplois peu prisés par les natifs. La réalité des Etats membres est toutefois hétérogène, selon la structure de l’économie et la main d’oeuvre recherchée pour y répondre.

« Les immigrés minent notre système social ». Les migrants sont accusés de profiter des allocations chômages, logement ou familiales. Ces dépenses sont néanmoins faibles pour les Etats, eu égard aux dépenses de santé ou de retraites. Or, les migrants sont souvent jeunes, actifs. Il en résulte que les immigrés sont des contributeurs nets aux comptes sociaux.

« Les immigrés entravent notre capacité d’innovation ». Empiriquement, il apparaît que les pays avec des politiques migratoires ouvertes à destination des immigrés qualifié ont de meilleures performances en matière d’innovation.

« Les côtes Méditerranéennes sont noyées sous le flot de demandeurs d’asile ».Contrairement à l’image médiatique, les réfugiés ne « débarquent » pas massivement sur les plages européennes. La majorité des flux est entre les pays du Sud. L’idée que l’Europe prenne une part aux conséquences des désastres et des guerres du monde est une obligation résultant de la Convention de Genève.

« Ceux qui immigrent pour des raisons économiques essaient de tromper notre système d’asile ». Cette idée est également fausse. Hormis des chiffres plus erratiques ces dernières années (pics en 2011 et 2013, creux prononcés en 2010 et 2012) liés à la conjoncture internationale, aucune arrivée massive n’est relevée. L’augmentation des risques de périr au cours du voyage (évalués à 3%) témoigne que ceux qui fuient leur pays cherchent davantage à fuir des persécutions qu’à gagner l’Europe uniquement pour des raisons économiques. Les migrants érythréens, nigérians, somalis, syriens ou afghans constituent désormais part conséquente des demandes d’asile, ce qui reflète les crises internationales davantage que les problèmes économiques dans ces pays.

« Nos enfants subissent la présence d’immigrés dans leur classe ». Là encore, le faux bon sens ne tient pas face à la réalité : ce n’est pas l’origine qui détermine le niveau scolaire, mais le niveau de ressources disponibles. Les moindres résultats scolaires constatés chez les enfants immigrés s’explique donc davantage par la situation socio-économique de leurs parents que par leur origine culturelle.

 Un document à mettre entre toutes les mains pour lutter contre des mythes de plus en plus diffusés

Si le document n’a pas toute la rigueur et la précision d’une étude scientifique approfondie, il permet de dissiper quelques malentendus par des données empiriques. Pour éviter que le climat délétère de racisme et de xénophobie ne se propage davantage, il est nécessaire d’agir sur notre perception de la réalité. En matière d’immigration particulièrement, il est impératif que chacun face le devoir citoyen de s’informer et de s’ouvrir plutôt que de se fier à un soit disant « bon sens ».

 

Emmanuel Buttin

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