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dimanche, 27 avril 2014

Jean XXIII et Jean Paul II faits saints par le pape François

«Nous déclarons et définissons saints les bienheureux Jean XXIII et Jean Paul II, et nous les inscrivons dans le catalogue des saints et établissons que dans toute l’Eglise ils soient dévotement honorés parmi les saints», a dit solennellement le pape argentin, sous les portraits d’Angelo Roncalli et Karol Wojtyla, déroulés sur la façade de la basilique.

La formule, prononcée en latin, après trois demandes adressées par le cardinal Angelo Amato, préfet de la cause des saints, a été acclamée par la foule tandis que les cloches résonnaient dans les églises de Rome. Maria Cardoza une Péruvienne sanglote d’émotion: «Jean Paul II a protégé mes enfants».

Première absolue dans les 2000 ans d’histoire de l’Eglise catholique, cette double canonisation a lieu en présence de deux papes, François et son prédécesseur Benoît XVI. Le pape à la retraite, tout de blanc vêtu et coiffé d’une mitre, a pris place à gauche de l’autel, même s’il participe à la célébration de la messe, afin de ne pas créer de confusion avec le pape régnant. Ce proche de Wojtyla a été longuement applaudi à son arrivée, notamment par les nombreux fidèles polonais. Le pape François lui a fait une accolade en souriant.

«Deux papes saints au ciel, deux papes sur la place Saint-Pierre», peut-on lire sur une banderole brandie par un fidèle sur la place.

98 délégations d’Etats ou d’organisations internationales, dont 24 chefs d’Etat et têtes couronnées — du roi d’Espagne au président zimbabwéen Robert Mugabe — assistent à l’événement.

La via della Conciliazione qui mène à la basilique et peut contenir quelque 300.000 personnes étaient déjà archi pleine bien avant le début de la cérémonie. Des fidèles ont dû se replier sur les endroits mythiques de Rome (Colisée, Forum romain, place Farnese) où la messe est retransmise sur écrans géants. Entre 800.000 à un million de participants étaient attendus pour «le dimanche des quatre papes», «la journée des saints papes», comme titrait la presse italienne.

Beaucoup de drapeaux polonais

Une foule énorme s’est pressée toute la nuit pour assister à cette double canonisation sur la place Saint-Pierre. « On voit beaucoup de drapeaux polonais. Ils sont venus pour Jean-Paul II. Ils le considèrent comme le héros national, celui qui a changé leur pays », rapporte Élodie Blogie, notre envoyée spéciale. « Il y a aussi pas mal de drapeaux français, mais peu de Belges ».

Si l’on parle d’une double canonisation, Jean-Paul II vole la vedette à son prédécesseur. « Les jeunes connaissent Jean XXIII par l’histoire : il leur est évidemment plus lointain. Beaucoup d’entre eux viennent pour l’événement. Ils ont fait les JMJ et ils veulent vivre ce moment important de l’Église ».

Accéder à la place Saint-Pierre relève du parcours du combattant. Trois rues seulement ont été ouvertes. Très tôt dans la nuit, le public s’y est installé.

« Il m’a fallu une heure pour avancer de seulement 70 mètres », témoigne Élodie Blogie. « La foule est vraiment dense. Heureusement, des mesures de sécurité ont été prises : le milieu de la rue a été réservé aux services de secours et des bouteilles d’eau sont distribuées ».

Une cérémonie en mondovision

Après la cérémonie de canonisation, retransmise en mondovision et des centaines de cinéma dans le monde en 3D, et suivie par plus de 2.000 journalistes accrédités, a débuté une messe assez dépouillée. Des centaines de prêtres et diacres devaient donner la communion.

La canonisation de Jean XXIII, initiateur du Concile Vatican II (1962-1965) qui marqua l’ouverture de l’Eglise catholique au monde moderne, ne semble critiquée par personne, à part les traditionalistes.

Jean Paul II reste le pape le plus populaire de tous les temps. Mais, même si nul ne conteste sa stature internationale et le rôle qu’il a joué dans la chute du communisme, il a ses détracteurs qui lui reprochent notamment un aveuglement face aux crimes pédophiles et sa sévérité avec les théologiens dissidents.

«Ces deux figures signifient que Dieu a donné à chaque époque le visage dont elle avait besoin pour conduire l’Eglise», analyse pour l’AFP Mgr Georges Pontier, président de la Conférence épiscopale française, archevêque de Marseille. En 1958, un «vieillard» qui «a rétabli une sorte de confiance entre Eglise et société». Et en 1978, un pape venu des pays de l’Est qui «allait réveiller les chrétiens par son +n’ayez pas peur+ et ébranler le mur» de Berlin.

Après l’élection historique du pape argentin, depuis 13 mois à la tête d’une Eglise d’1,2 milliard de catholiques baptisés, cette double canonisation est perçue comme un événement pouvant contribuer à dissiper le souvenir d’années marquées par des scandales, notamment la pédophilie, et réconcilier deux sensibilités différentes de l’Eglise incarnées par ces deux papes.

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