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mercredi, 17 novembre 2010

Drame dans le milieu lesbien

Débuts réels, ce mercredi, devant la cour d’assises d’Arlon, du procès de Nathalie Pleugers, Marie-Ange Geris et Sabrina Tarabet, accusées du meurtre avec préméditation de Cindy Claude, en février 2008.

Retour sur les faits. Le dimanche 10 février 2008, cinq kayakistes néerlandophones descendent la Semois. Vers 16 heures, leur embarcation arrive au lieu-dit "Les Aisances" à Chiny. Ils découvrent, au milieu de la rivière, le corps d’une femme, dos tourné vers le ciel, tête dans l’eau. Elle a les mains attachées sur le ventre. Un pull lui recouvre la tête et une partie des bras.

Les kayakistes préviennent les secours. Les policiers ont devant eux le corps d’une dame de corpulence mince, d’1m65 environ. Elle a les cheveux foncés, porte une bague au majeur de la main gauche et un collier en cuir. Elle est chaussée de bottines noires et porte un pantalon en toile kaki. La morte est identifiée : elle s’appelle Cindy Claude, est âgée de 35 ans. Elle vivait seule à Saint-Mard, à côté de Virton.

Le 8 février, son grand-père Jean et sa tante Martine s’étaient présentés au commissariat de Virton pour signaler sa disparition. Cindy, toxicomane et chômeuse, n’a plus donné signe de vie depuis le 31 janvier. Le jeudi 7 février, Jean et Martine Claude se rendent à son domicile. La porte d’entrée est fermée mais non verrouillée; dans la chambre à coucher, au premier étage, la télévision est allumée; le permis de conduire, le sac à main et la veste de Cindy traînent sur le plancher.

Les policiers procèdent à une fouille en règle de la maison, ils entendent le médecin de Cindy Claude et quatorze de ses connaissances, dont les trois femmes qui se retrouvent aujourd’hui devant la cour d’assises. Ces auditions ne donnent rien.

Les résultats de l’autopsie tombent au compte-gouttes, mais il apparaît que la victime n’est pas morte par noyade.

Les enquêteurs dirigent leurs recherches vers les milieux toxicomanes de Virton, mais l’enquête piétine. Le parquet d’Arlon lance alors un appel à témoins.

Le 15 février, un témoin met en cause devant le juge d’instruction trois femmes : Marie-Ange Geris, née à Messancy, le 22 août 1980; Sabrina Tarabet, née à Saint-Denis, en France, le 30 octobre 1986; et Nathalie Pleugers, née à Namur, le 28 septembre 1982.

Il faut savoir que Claude et Geris ont été amantes en 2002 et qu’elles ont renoué le contact fin 2007, Geris affirmant toutefois avoir repoussé les avances de Cindy Claude, avant de reconnaître qu’elle n’y était pas insensible.

Quoi qu’il en soit, le témoin raconte que le trio de femmes s’est rendu chez Cindy, qui a été ligotée, frappée et étranglée. Après quoi Cindy Claude aurait été placée dans le coffre de la voiture de Marie-Ange. Les trois femmes auraient jeté le corps de leur victime dans les eaux de la Semois.

Le juge apprend que Marie-Ange et Sabrina vivent en couple, à Bleid, depuis le 17 décembre 2007, après que Sabrina a quitté mari et enfant. Marie-Ange a également accueilli sous son toit une amie rencontrée sur Internet, Nathalie, venue de France à la mi-novembre 2007 à la suite d’une rupture sentimentale.

Les trois jeunes femmes sont interpellées le même jour alors qu’elles s’apprêtaient à monter dans la voiture de Marie-Ange Geris afin de se rendre à la mortuaire pour y réciter le chapelet à la mémoire de Cindy Claude.

Elles sont inculpées et placées sous mandat d’arrêt. Leurs versions vont évoluer avec le temps, mais l’instruction n’en permettra pas moins de mettre en évidence une chronologie assez précise et le motif de leur expédition mortelle.

En mai 2006, Geris entame une relation avec Tarabet, laquelle s’achève avec le mariage de cette dernière, le 15 septembre 2007. Deux mois plus tard à peine, le couple vole en éclats et Tarabet retourne vivre chez Geris.

Laquelle a, entre-temps, hébergé chez elle Nathalie Pleugers, après que celle-ci eut rompu avec sa copine et quitté le sud de la France. Geris, Tabaret et Pleugers vivent donc à trois, au domicile de la première nommée.

Le 4 janvier, un vol de bijoux est commis au domicile des grands-parents de Cindy Claude. Un coffre appartenant à cette dernière a disparu de l’armoire où il était rangé. A cette époque, Cindy et Marie-Ange sont en contact régulier via MSN et Internet.

Le 1er février 2008, Tabaret s’absente; Cindy Claude appelle Geris, qui envisage d’aller passer la soirée chez elle, mais Tabaret refait surface et demande à Geris de la conduire en France pour acheter du shit. Geris adressera cinq SMS à Claude entre 20h et 21h30. Claude recevra également un coup de téléphone d’une certaine Lulu, qui accompagne Geris et Tabaret dans leur virée française.

Lulu enjoint Cindy Claude de rembourser les 25 euros qu’elle doit à Geris, sans quoi il lui "arrivera des bricoles".

Le même soir, toujours, deux amis de Cindy Claude la rejoignent chez elle et la trouvent en pleurs, en raison de l’attitude de Geris à son égard.

Au lendemain de ce rendez-vous manqué, les trois accusés forment le projet de se rendre ensemble chez Cindy Claude pour la voler, voire la tuer.

Le samedi 2 février, elles dérobent à la clinique Saint-Joseph, à Arlon, une boîte de gants chirurgicaux, cherchent à se procurer, en vain, une pelle, achètent deux cordes et du scotch, glissent l’ensemble de ces objets dans le coffre de la voiture de Geris, se munissent d’un GSM dont le numéro est différent de celui habituellement utilisé par Geris.

Dans la nuit du 3 au 4 février, les trois femmes se rendent chez Cindy Claude. Geris gare sa Citroën C3 dans une rue voisine et sonne à la porte du domicile de Cindy, qui lui ouvre. Les deux femmes montent dans la chambre, à l’étage de la maison. Cindy rend les 25 euros qu’elle devait à Geris et consomme de l’héroïne.

Geris prévient ses compagnes que la voie est libre. Tabaret et Pleugers enfilent leurs gants de chirurgie, prennent les cordes et le scotch et se faufilent dans la maison. Tabaret se positionne à l’entrée de la cave, Pleugers à l’entrée du salon. Geris fait descendre Cindy qui se dirige vers la salle à manger. Pleugers surgit derrière elle, lui plaque la main sur la bouche et la fait tomber en arrière. Cindy Claude a le temps de crier : "Vous êtes malades".

Pleugers maintient Cindy au sol et lui couvre la bouche et le nez. Tabaret porte des coups de poing à l’abdomen de Cindy Claude et cherche à l’étrangler.

Les accusés s’accordent pour reconnaître que Cindy Claude a frappé le sol des pieds et a gémi pendant plus de dix minutes. Après que Pleugers a immobilisé Cindy, les deux autres femmes fouillent sa chambre. Geris lui dérobe 40 euros et trois poches d’héroïne.

Les trois accusées chercheront à effacer les traces de leur crime avant de hisser le corps de leur victime dans le coffre de la Citroën, de rouler jusqu’à Chiny et de le jeter dans la Semois, sans savoir si Cindy vit encore à ce moment. Geris et Pleugers mettront ensuite le feu au matériel employé.

La tante de Cindy téléphonera à Geris pour lui demander si elle a des nouvelles de sa nièce. Geris lui répondra qu’elle lui a envoyé des courriels, sans résultat. Le 8 février, Geris téléphonera à la tante pour se renseigner sur le sort de la jeune femme.

Selon les légistes, Cindy Claude présentait une oblitération des voies respiratoires, cause d’asphyxie. Il n’y a pas de traces d’étranglement ou de coups, mais l’état de putréfaction du corps pourrait avoir masqué des lésions superficielles. Cindy a consommé des stupéfiants peu avant sa mort, dit l’autopsie.

Le 19 mars a lieu une reconstitution des faits. A diverses reprises, les accusées seront prises de fou rire.

De plus, le policier qui joue le rôle de la victime devra demander à Tabaret de déserrer son étreinte autour de son cou.

Les experts psychiatres qui ont procédé à l’examen mental des accusées les jugent toutes capables du contrôle de leurs actes, mais relèvent chez chacune des problèmes psychologiques parfois sérieux.

Au cours des auditions séparées, seule Nathalie Pleugers est passée directement aux aveux et a maintenu ses propos.

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