mercredi, 08 septembre 2010
Olivier Maingain: "Je ne puis l’admettre "
Lors du dernier bureau du MR, lundi matin, Olivier Maingain a subi les foudres de plusieurs leaders libéraux, dont Louis Michel. En cause : le rappel de positions tranchées sur l’élargissement de Bruxelles. Nous avons recueilli la réaction du président du FDF.
Vous sentez-vous désormais isolé au MR ?
Ce qui s’est passé, je ne puis ni l’admettre, ni le comprendre davantage. Je crois tout simplement que c’est une précipitation un peu hasardeuse de la part de certains. Car entre-temps, j’ai reçu beaucoup de soutien de la part de membres du MR. Le MR a tout intérêt, et pour l’ensemble des francophones et pour lui-même, à ne pas faire preuve d’impatience. Il est préférable de laisser venir les événements si les choses devaient se décanter au cas où la négociation entre les 7 ne devait pas aboutir. La patience est préférable au piaffement.
Que vous reprochent les libéraux traditionnels ?
C’est à eux qu’il faut poser la question. Moi, je considère que rappeler un enjeu aussi essentiel que celui de l’élargissement de Bruxelles, émis de tout temps par les partis francophones, rappeler l’indispensable lien territorial avec la Wallonie, rappeler en ces heures graves, au moment où se joue l’avenir du pays et l’avenir de Bruxelles comme Région à part entière ce n’est pas déplacé ou provocateur, c’est juste rappeler des positions constantes de tous les francophones. Si on ne veut pas le séparatisme, la meilleure façon de l’écarter, c’est de protéger la région centrale du pays dans son espace vital. C’est en enfermant Bruxelles dans la Flandre qu’on donne des arguments aux séparatistes. Au contraire, quand on accorde le lien territorial entre Bruxelles et la Wallonie, on tue l’espoir qu’ont les séparatistes d’emmener Bruxelles dans leurs bagages.
Vous avez le sentiment que le MR cherche à se rendre plus “fréquentable” aux yeux des Flamands les plus radicaux en vous éloignant d’éventuelles négociations ?
J’ai eu l’explication suivante. Puisqu’il y a un refus des francophones de se concerter, le MR a contacté l’ensemble des partis flamands pour leur dire que le MR n’avait pas fait le choix délibéré de l’opposition. Le MR est un parti capable d’assumer, en parti responsable, une négociation institutionnelle. Il ne s’agissait pas d’entamer une négociation avec la N-VA. Et moi, je rappelle juste que nous avons fait campagne sur l’élargissement de Bruxelles. Ce n’est pas pour être désagréable à l’égard de qui que ce soit : c’est une exigence pour l’équilibre institutionnel de la Belgique. Rappeler cela en toute sérénité me semble opportun d’autant que je lis dans les sondages de "La Libre" que l’élargissement de Bruxelles n’est pas tabou pour un quart des Flamands.
Vous vous imaginez négocier l’avenir de la Belgique avec Bart De Wever… ?
Il était déjà à la table des négociations de Val-Duchesse en 2007. Ce n’est pas nouveau. Il ne faut pas entrer dans la logique confédéraliste et séparatiste qu’il souhaite. Il faut avoir le sens de la perspective : quand les partis flamands négocient une réforme de l’Etat, ils cherchent à avoir en mains les leviers pour préparer la suivante. Méfions-nous de leur en donner puisqu’on sait que leur but avéré, c’est aller vers le séparatisme.
Vous estimez que les francophones ont déjà lâché. En même temps, vous regrettez de ne pas être tenu informé du contenu des négociations. C’est contradictoire… !
Dans son interview de rentrée, Didier Reynders précisait que ce qui filtre des négociations montrait que certaines exigences flamandes progressaient et qu’il n’en allait pas de même pour les demandes francophones. M. De Wever avait initialement accepté de ne pas parler de la loi de financement. Il a obtenu des francophones que le sujet soit sur la table. C’est un fait que l’on ne peut nier. En revanche, je n’ai pas entendu un seul parti francophone rappeler que toute évolution institutionnelle de BHV devait s’accompagner d’une extension de Bruxelles. Je sais, j’insiste, mais c’est capital. En 2005, nous avions proposé une extension des compétences de la Communauté française : c’était déjà une manière de briser le carcan de Bruxelles en Flandre.
Ne faut-il pas attendre la fin pour juger ?
Bien entendu, nous ferons un jugement définitif lorsque nous connaîtrions le détail de l’accord ou de ce qui a été mis sur la table, faute d’accord. Mais pourquoi ne pas rappeler les engagements passés et pris par tous les francophones ? D’autant que j’ai entendu cette petite phrase de Mme Onkelinx qui indiquait qu’il n’y avait pas que le refinancement de Bruxelles qui posait problème
Les libéraux qui se sont opposés à vous demandaient que chacun respecte une certaine discrétion plutôt que le rappel incessant de positions radicales.
Je veux bien que l’on retienne son souffle lorsque nous sommes associés à une négociation car je constate que tout est mis en œuvre, avec une sorte d’acharnement pour que les négociations à 7 aboutissent. Les chances d’y être ne semblent donc pas encore établies à ce jour.
Si le trouble interne au MR persiste, cela pourrait-il déboucher sur un divorce plus fondamental ?
Je suis très attaché à ce qui a été la volonté commune de créer la fédération PRL-FDF : Jean Gol avait une vision d’avenir pour l’ensemble des francophones. Il savait que l’on allait vers une évolution chaotique de l’Etat belge et qu’il fallait fortifier l’unité de la Wallonie et de Bruxelles. C’est fondamental. Je souhaite que le MR réincarne pleinement ce qu’avait été l’appel de Jean Gol.
Les liens sont-ils rompus avec certains libéraux ?
Je parlerai très franchement de ce qui s’est passé avec ceux qui ont eu, lundi, une attitude agressive à mon égard et de manière injustifiée à mes yeux. Le non-dit n’a pas lieu d’être. Il faut clarifier cette situation sereinement, positivement pour éviter de vivre dans l’ambiguïté. Il faut trouver avec sagesse et mesure la bonne manière de poursuivre une action commune.
Etes-vous déçu par Didier Reynders, lui que vous avez toujours soutenu…
La politique m’a blindé pour ne pas être déçu. Je suis fidèle en amitié. C’est peut-être un de mes défauts parce qu’en politique ce n’est peut-être pas de mise. Mais j’ai une amitié sincère pour Didier Reynders. Je continue à penser qu’il a un rôle essentiel à jouer au sein du MR en raison de sa capacité de travail, de son intelligence. Je crois que malheureusement, ces soubresauts répétés au MR sont la conséquence d’un mauvais débat interne amené par certains. Bien sûr, on peut toujours améliorer le fonctionnement interne d’un parti, mais je regrette vivement ce climat. On ne peut pas nier que le FDF est un parti organisé, cohérent et soudé. Je voudrais que tout le MR soit à son image.
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