Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 22 juin 2010

L'équipe de France en globalité

Quand les politiciens parlent de football

INTERVIEW - Directeur de l'Iris et géopolitologue spécialiste du football, Pascal Boniface distingue les vrais amateurs du ballon rond des commentateurs éphémères et souvent démagogiques.

 Daniel Cohn-Bendit qui critique des Bleus qui «ne jouent pas, ne s'aiment pas», Nicolas Dupont-Aignan qui estime qu'il faut «tous les virer», Marine Le Pen qui déplore une équipe faite «d'individualités arrogantes et perverties par l'argent», Hervé Mariton qui croit qu'il est «urgent que les Français aient envie de bouffer le monde»… Au lendemain de la défaite de l'équipe de France face au Mexique, synonyme de sa très probable élimination, de nombreux hommes politiques ont exprimé dans les médias leurs critiques à l'égard des Bleus.

Géopolitologue spécialiste du football et directeur de l'Institut des relations internationales stratégiques, Pascal Boniface* donne l'analyse qu'il fait de ces commentaires.

 

Crédit photo : DR.
Crédit photo : DR.

Que traduisent selon vous les réactions des hommes politiques à la débâcle des Bleus en Afrique du Sud ?

Je crois qu'il faut distinguer deux types de réactions. Il y a celles qui émanent de vrais passionnés de football, que l'on croise régulièrement dans les stades, comme Daniel Cohn-Bendit, Luc Chatel ou François Hollande par exemple. Et puis il y a les commentaires qui proviennent de personnes qui se trouvent dans une posture de critique permanente ou quasi-permanente, comme ici Marine Le Pen, et qui ne s'intéressent pas particulièrement au football. Celles-là essaient de tirer profit de la situation, et leur discours est de dire : ‘Regardez, le pays va mal, l'équipe de France va mal, tout va mal…'.

Ce genre de commentaires est-il un fait nouveau ?

Avant, les hommes politiques hésitaient à exprimer en public leur passion, ou tout du moins leur intérêt pour le football, puisque ce n'était pas un sport très noble. Certains regardaient les matches presque dans leurs caves ! Il me semble que la Coupe du Monde 1998 est venue amplifier un phénomène apparu dans les années quatre-vingt : beaucoup ont fait leur coming-out en matière de football. Et aujourd'hui, les politiques sont devenus de véritables commentateurs de foot, notamment parce que les médias les sollicitent de plus en plus sur le sujet.

Est-ce qu'il appartient à un homme politique de commenter les performances de l'équipe nationale ?

Moi, cela ne me choque pas spécialement dans le sens où le football est un fait social et économique total. En revanche, ce qui me plaît moins, c'est la démagogie des propos de certains politiques, que l'on évoquait précédemment…

Ces commentaires ne tombent-ils toutefois pas sous le coup de la peopolisation des politiques ?

En partie oui, pour une raison à mes yeux : plutôt que de commenter le football comme phénomène de société ou de parler de ses conséquences économiques, les politiques semblent davantage donner leur avis sur la prestation d'untel ou d'untel, sur la tactique mise en place par le sélectionneur… Or, en faisant cela, ils ne font que donner leur avis personnel, privé, comme une personne lambda pourrait le faire.

*Pascal Boniface est l'auteur de Football et mondialisation (éd. Armand Colin, 2006) et de Pourquoi tant de haines ? (éd. du Moment, 2010).

Les commentaires sont fermés.