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vendredi, 14 mai 2010

Pédophilie : l’Eglise d’Afrique aussi

arton19751-b632c.jpgLe pape Benoît XVI s’est exprimé sur les actes pédophiles de ses pairs, mardi à Lisbonne. Un discours attendu alors qu’on lui reprochait notamment de couvrir certains de leurs abus. Ce sont aujourd’hui les prêtres africains qui se retrouvent sous les projecteurs médiatiques. En effet, l’Eglise catholique n’est pas exempte de scandales pédophiles sur le continent. C’est ce qu’a déclaré Buti Tlhagale, archevêque de Johannesburg, dans une homélie le 1er avril dernier. Des évènements qui ternissent l’image de l’Eglise catholique en Afrique et dans le monde.

La sexualité déviante des prêtres fait à nouveau la une des journaux. Le pape Benoît XVI, vertement critiqué pour sa discrétion quant aux scandales pédophiles ayant éclaboussé l’Eglise catholique ces dernières semaines s’est exprimé, mardi à Lisbonne, capitale portugaise. « Nous voyons aujourd’hui d’une façon vraiment terrifiante que la plus grande persécution de l’Eglise ne vient pas de ses ennemis extérieurs mais qu’elle procède du péché au sein même de l’Eglise », a-t-il déclaré aux journalistes. Seulement quelques mois avant ces propos, Mgr Angelo Sodano, ancien secrétaire d’Etat du Saint-Siège et aujourd’hui doyen du collège des cardinaux, présentait ces allégations de pédophilie comme « des ragots sans importance ». Un point de vue qui en dit long sur le chemin à parcourir ausein de la hiérarchie catholique.

Ces scandales pédophiles qui touchent l’Eglise catholique en Europe et aux Etats-Unis n’ont pas épargné le continent africain. « Je sais que l’Eglise d’Afrique souffre des mêmes maux », a affirmé le responsable de la Conférence des évêques catholiques d’Afrique australe et archevêque de Johannesburg, Buti Tlhagale, dans une homélie le 1er avril dernier. Une référence aux « scandales douloureux de l’Eglise d’Irlande ou d’Allemagne » impliquant le pape Benoît XVI et nombre de ses pairs. Plus tabous et moins médiatisés, les actes pédophiles dans le clergé africain semblent moindres. Une hypothèse démentie par un prêtre congolais des facultés théologiques de Kinshasa. « Au sein de l’Eglise, on n’a pas le droit d’en parler. L’institution est gênée, elle ne joue pas le jeu de la transparence. De manière hypothétique, il y a eu des cas en Afrique », explique-t-il. Loi du silence oblige.

Pédophilie, un mot tabou en Afrique ?

Mais cette réticence à la dénonciation connait quelques exceptions récemment dévoilées par la presse. En Ouganda, le ministre de l’éthique et de l’intégrité James Nsaba Buturo a appelé, au début du mois, les habitants de son pays à lutter contre les prêtres catholiques aux valeurs morales plus que douteuses. Le Père Santos Constantino Wapokura, âgé de 45 ans, aurait notamment abusé de deux jeunes filles et leur aurait transmis le virus du VIH-Sida. Le gouvernement incite la justice à se saisir de l’affaire. L’ecclésiastique risque la réclusion à perpétuité. Et il est loin d’être le seul. Le mois dernier, l’Eglise catholique kenyane enquêtait sur la déclaration de quatre jeunes hommes affirmant avoir été agressés sexuellement par un prêtre italien officiant à la maison des enfants quelques années auparavant. La radio mozambicaine signalait également, au début du mois de mai, qu’un prêtre jésuite italien installé au Brésil avait été transféré au Mozambique suite à des allégations d’abus sexuels impliquant huit garçons et jeunes hommes.

Une affaire en particulier a fait plus de bruit que les autres. Celle, il y a cinq ans, du père François Lefort des Ylouses, un prêtre français ayant officié au Sénégal dans les années 1990. Il avait finalement été condamné en 2005 à huit ans de réclusion et à une amende de 134 000 euros pour agressions sexuelles, viols et tentatives de corruption sur six Sénégalais de moins de 15 ans. La République démocratique du Congo ou encore le Zimbabwe ont connu des faits similaires ces dernières années. Ce sont au total, près de 40 cas de violences sexuelles sur mineurs qui ont été signalés aux autorités depuis 14 ans sur tout le continent africain, indique le responsable de la Conférence des évêques catholiques d’Afrique australe. Mais le concept même de pédophilie semble avoir du mal à se frayer un chemin dans l’opinion publique africaine. « Tout le monde accepte si un prêtre est avec une femme, mais personne ne comprendrait ce qu’il cherche chez un jeune garçon. Cela signifie qu’aucun enfant ne serait cru s’il affirmait qu’un prêtre l’avait touché », affirme Felix Koffi Ametepe, ancien pasteur du Burkina Faso.

Ce sujet sensible fait cependant la une de tous les journaux européens depuis plusieurs semaines. Certains responsables du Vatican en viennent même à accuser les médias d’entamer une campagne de dénigrement de l’Eglise catholique. Plus grave encore, au Zimbabwe, Fidelis Mukonori, prêtre jésuite et aumônier du président Robert Mugabe soupçonne les journalistes de s’emparer de ces histoires « pour l’argent », mais également pour masquer leurs propres activités déviantes. « Ceux qui trouvent du plaisir à écrire sur les péchés des autres peuples sont eux-mêmes des pécheurs », a-t-il déclaré à sa congrégation. Des propos qui ont provoqué l’ire des médias et qui laissent à penser que le chemin vers le pardon est encore long.

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