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vendredi, 30 avril 2010

Belgique,Leterme: "Il faut faire taire les extrémistes"

Pour le Premier ministre, Yves Leterme, les francophones auraient dû contredire Olivier Maingain, comme le CD & V l’a fait, alors, avec la N-VA. Nous voulons continuer à vivre en Belgique mais il faut un nouveau pays.pict_231367.jpg

Le Premier ministre Yves Leterme revient sur ces derniers jours cruciaux qui ont marqué l’Histoire du pays. Mercredi, il a annoncé qu’il laissait à Marianne Thyssen le soin de mener la campagne électorale du CD&V.

Votre pas de côté, c’est quand même un aveu d’échec ?

Non, c’est une prise de responsabilité. Je suis quelqu’un qui prépare ses décisions. Cela fait deux ou trois semaines que cela mûrit dans ma tête. Gouverner, c’est prévoir. Mais je n’ai pas eu le temps, vraiment, de prendre les contacts nécessaires. La première fois que j’ai parlé de cela avec Marianne Thyssen, c’était mardi soir, quelques heures avant de prendre ma décision.

Vous vous effacez. Et BHV n’a toujours pas été scindé comme vous l’aviez dit : il suffisait de 5 minutes de courage politique…

Force est de constater que la volonté de la démocratie chrétienne flamande de réaliser des réformes, n’a pas abouti là où nous voulions aller. Et ce, malgré l’engagement de 5 personnes du CD&V : Herman Van Rompuy, Jean-Luc Dehaene, Kris Peeters, Jo Vandeurzen et moi-même. A des échelons différents. De ces 5 personnes, je suis le seul à me présenter aux élections. Moi, je dois prendre des responsabilités de ce qui a été fait et de ce qui n’a pas réussi. Et j’assume. Pour la crédibilité de la démocratie-chrétienne, qui n’est pas seulement basée sur un programme communautaire, il est essentiel d’avoir, à la tête, quelqu’un d’incontestable, avec une crédibilité intacte.

Vous estimez donc que votre crédibilité était entamée ?

Le CD & V s’est battu pour avoir cette réforme. Nous avons tout fait, nous avons même sacrifié notre cartel avec la N-VA, un geste très fort. Quand je suis revenu en décembre, j’ai demandé ce qu’on allait faire de BHV. On m’a répondu : s’il y a quelqu’un dans ce pays qui est capable de résoudre ce dossier par la négociation, c’est Jean-Luc Dehaene. J’ai beaucoup de respect pour lui. Il a fait tout ce qu’il pouvait. Et quand il allait commencer les négociations, l’Open VLD a quitté la table. Le CD & V était le seul parti flamand encore prêt à prendre ses responsabilités. Et je crois que les collègues francophones étaient prêts à trouver un accord.

Vous, vous ne vous êtes quasiment pas occupé de BHV. En quoi, cette fois-ci, votre image était-elle écornée ?

Moi, en Flandre, je suis toujours Monsieur 800 000 voix. Moi, je suis l’homme à abattre. Je ne veux pas concentrer les critiques négatives et ternir ainsi l’image du CD & V. La démocratie chrétienne est plus riche que le communautaire. Depuis trente ans, j’ai tout investi dans ce parti. Je le ferais encore. Il faut parfois penser plus à l’intérêt du groupe qu’à soi-même. Le parti est en de bonnes mains.

Ces derniers jours, vous avez joué en “solo”. Vous vous êtes engagé dans une logique d’élection, alors que vos partenaires francophones cherchaient encore à éviter un scrutin…

J’ai constaté que, du côté flamand, un seul parti est encore prêt à dialoguer avec les francophones. Les autres ont perdu leur patience; ils en ont ras le bol. SPA et VLD disent : pas avec nous. Et je ne parle pas des autres. 80 % des mandataires flamands ont déjà dit non.

Pourquoi la négociation sur BHV a-t-elle échoué ?

Je regrette que l’Open VLD ait quitté la table des négociations. On faisait vraiment du bon travail. On a eu trois heures de négociations, le mardi soir. Là, on a parlé de l’essentiel : on a parlé de la scission et, en contrepartie, du renforcement des francophones dans les six communes à facilités. Là, il y a eu un bon débat. Mais le lendemain, M. De Croo a dit : il me faut une déclaration pour demain. Et on a travaillé uniquement sur cette déclaration.

Vous avez chargé la ministre de l’Intérieur de veiller à la légalité des élections alors que le Roi essayait encore de les éviter…

Il est normal que je demande, en bon père de famille, à la ministre de l’Intérieur de se préparer à la tenue de ces élections. C’est une mesure de précaution.

Les vice-Premiers ministres francophones ont appris par l’agence Belga que vous prépariez un Conseil des ministres destiné à établir la liste des articles à réviser…

Non. Non. La révision de la Constitution n’était pas à l’ordre du jour pas plus que l’organisation des élections. Hier matin, nous avons parlé du contrôle budgétaire et de l’aide à la Grèce.

Les francophones ne veulent pas toucher aux pouvoirs du Roi.

Ce n’est pas, non plus, ma priorité.

Certains bourgmestres, de votre parti, veulent boycotter les élections...

Cela fait partie de la responsabilité du ministère de l’Intérieur.

Les élections, ce sera bien le 13 juin ?

Je n’ai jamais parlé de dates

On se moque de la Belgique partout en Europe…

Oh, il y a des élections au Royaume-Uni aussi

Donc, l’image de la Belgique n’est pas écornée ?

La Belgique est un des pays fondateurs de l’Union européenne. On est très loin dans la préparation de notre présidence, tout se passera très bien. Je l’ai garanti au Roi.

Quel est votre avenir ?

Il est entre les mains des électeurs.

Mais pourriez-vous rester Premier ministre après les élections ?

Mon avenir est entre les mains des électeurs. Pour l’instant, on ne désigne pas un candidat Premier ministre mais un leadership pour le Sénat et pour le parti. Moi, je vais faire campagne pour la Chambre. Mon numéro 1, c’est Marianne Thyssen.

Cette décision de faire un pas de côté, l’avez-vous prise seul ?

En âme et conscience après avoir consulté quelques amis. Les choses se sont précipitées et j’ai pris les devants.

Quel est votre état d’esprit ?

Je suis très serein. Je me sens comme quelqu’un qui est prêt à gérer le pays. Je sais aussi que j’ai fait ma part de boulot dans la résurrection de la démocratie-chrétienne en Flandre et que Marianne Thyssen a les capacités de prendre le relais.

Il existe un risque que les partis nationalistes flamands sortent renforcés des élections et que la conclusion d’un accord soit encore plus difficile…

Le CD & V a toujours tenu un discours raisonnable. Nous voulons continuer à travailler et à vivre en Belgique, mais il faut un nouveau pays. Nous voulons des réformes.

La Belgique a-t-elle un avenir ?

La Belgique a un avenir. Mais il faut constater que le nombre de partis flamands qui veulent encore se mettre à table avec les francophones se limite de plus en plus. Le CD & V en fait partie.

Mais pourquoi le CD & V ne parvient-il pas à convaincre davantage que c’est la marche à suivre ?

Mais on parvient à convaincre par la crédibilité de nos actes ! Et cela passe par la conclusion d’accords ! On n’est pas arrivé à conclure un accord ! Il ne faut pas sous-estimer cette dynamique flamande et il y a une réelle possibilité que cette dynamique flamande soit renforcée par les élections

Les francophones étaient tout de même prêts à accepter de nombreuses choses…

Il fallait surtout contredire Maingain ! Les gens qui veulent donner un avenir à la Belgique doivent faire taire les extrémistes. Nous nous l’avons fait avec la N-VA. Cela nous a amputés de 7 à 8 %.

Et le MR ne le fait pas ?

Ça, c’est vous qui le dites. Je constate simplement qu’on a fait taire les extrémistes.

Mais ils n’ont jamais été aussi forts que depuis que le cartel n’existe plus…

La loi naturelle sur laquelle la Belgique est basée est que la majorité n’impose pas sa volonté à la minorité, mais qu’en échange la minorité accepte toujours de négocier. Il faut avouer que cette loi naturelle a été violée de part et d’autre. La Flandre en votant contre la minorité francophone, et de l’autre côté avec certaines voies qui ont bloqué toutes les négociations. Cela dit, je reconnais que Reynders, Di Rupo, Milquet et Javaux étaient prêts à boucler un accord et ont fait de gros efforts.

Mais est-ce que vous ne surestimez pas le FDF d’Olivier Maingain : deux députés au Parlement…

Je suis autiste, M. Maingain l’a dit un jour Je dis que je suis prêt à travailler avec ces quatre présidents de parti francophones. Le problème, c’est que côté flamand, ceux qui rejettent la Belgique, à présent, c’est un peu plus que deux sièges.

Comment expliquez-vous le succès de la N-VA et de Bart De Wever ?

Moi, je savais ce que je faisais en 2003 en faisant un cartel avec la N-VA. L’évolution qui s’est produite, c’est que la Flandre modérée a basculé vers un point de vue beaucoup plus flamand au niveau de l’évolution des institutions.

Vidéo: Sonnette d'alarme

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