jeudi, 28 janvier 2010
Obama veut créer deux millions d'emplois
Le président Barack Obama a appelé mercredi les parlementaires américains à faire de l'emploi la priorité de l'année 2010, dans un discours offensif sur l'état de l'Union, où il a également imploré le Congrès de poursuivre l'effort de réforme du système de santé.
Emploi, déficit budgétaire, taxation des banques, compétitivité des exportations et investissements dans les énergies vertes ont été quelques-unes des questions d'un discours largement consacré au thème de l'économie. Le président a également insisté sur l'éducation, la réforme du système de santé et abordé l'engagement militaire des Américains et les droits des homosexuels dans l'armée, entre autres thèmes.
En ouverture de son discours, le président a opté pour un ton résolument optimiste: «Ma confiance en l'avenir des Etats-Unis n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui», a-t-il déclaré. «L'emploi doit être la toute première priorité en 2010. Je veux voir un projet de loi consacré à l'emploi sur mon bureau sans délai», a martelé M. Obama, en expliquant que les efforts des parlementaires devraient s'orienter vers les petites et moyennes entreprises. Il a proposé de mettre à contribution les banques, sauvées du naufrage par le coûteux plan de sauvetage financé par les Américains, en consacrant 30 milliards de dollars «remboursés par Wall Street» au financement des petites et moyennes entreprises.
Le président a justifié la nécessité de sauver les banques pendant la crise financière, tout en parlant de l'aversion qu'il avait éprouvée lorsqu'il a dû le faire et en fustigeant Wall Street pour sa responsabilité dans la crise. Comme prévu, il a proposé de mettre en oeuvre à partir de 2011 un gel partiel des dépenses budgétaires, qui n'affectera pas les postes jugés prioritaires. «Nous parcourrons le budget ligne par ligne à la recherche de programmes qui ne sont pas efficaces et coûtent trop cher et nous les supprimerons», a promis Barack Obama.
La question de la réforme du système de santé, sur laquelle il était très attendu, s'est aussi taillée une part du lion. «D'ici à la fin de mon discours ce soir, des Américains auront encore perdu leur couverture santé. Des millions d'Américains perdront leur couverture cette année. Je n'abandonnerai pas ces Américains. Et les membres de ce Congrès ne devraient pas abandonner ces Américains», a-t-il plaidé, avant d'en appeler aux parlementaires des deux camps: «Ne tournez pas le dos à cette réforme. Pas maintenant. Pas si près du but». M. Obama a fait de cette réforme un élément central de son premier mandat. Un revers électoral venu des Démocrates dans le Massachusetts, synonyme de perte de la majorité qualifiée au Sénat, a sérieusement compromis le projet.
«J'assume ma part de responsabilité pour n'avoir pas assez bien expliqué le projet aux Américains», a-t-il reconnu, avant d'en appeler à l'unité nationale: «Trouvons un moyen de nous rassembler, et de terminer le travail, au bénéfice du peuple américain». M. Obama est aussi revenu sur la présence militaire des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan. Il a rappelé son engagement de retirer les troupes américaines d'Irak d'ici au mois d'août et de «mettre fin à la guerre». Sur le dossier afghan, il s'est montré plus prudent. Il a aussi abordé la question militaire en se prononçant contre l'interdiction faite aux soldats de révéler leur homosexualité sous peine d'être radiés.
Les observateurs qui s'attendaient à un discours pétri d'humilité suite aux échecs qu'a subis l'administration Obama en ont été pour leurs frais. Le président a commencé par un bain de foule dans les travées du Congrès, en arborant un sourire confiant. A plusieurs reprises, il s'est permis de plaisanter, par exemple sur ses difficultés à faire progresser la réforme du système de santé. «Je n'ai jamais dit que ce serait facile», a-t-il insisté, en rappelant qu'il avait été élu sur la promesse du changement et en reconnaissant que ce changement «n'arrivait pas assez vite» pour de nombreux Américains«. Le président, qui s'est permis de réprimander l'élite politique et de railler »Washington, où chaque jour est une campagne électorale«, a demandé à de nombreuses reprises aux parlementaires de s'unir et de dépasser »les pesanteurs« du système politique au bénéfice des Américains.
Il a terminé son discours par une envolée déterminée: »Nous ne sommes pas de ceux qui renoncent. Je ne suis pas quelqu'un qui renonce«. Quoiqu'il n'ait pas été hué, son discours a été fraîchement accueilli par l'opposition, qui a dénoncé par exemple le dirigisme de ses positions économiques ou le coût des mesures qu'il envisage, de nature à creuser encore la dette. »J'espère que ce nouvel accent mis sur l'économie va conduire le gouvernement à dire plus souvent non aux dépenses et à l'endettement«, a par exemple réagi le sénateur Mitch McConnell, qui dirige l'opposition au Sénat.
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