mardi, 17 novembre 2009
Joëlle Milquet jusqu’en 2011, puis Benoît Lutgen
L’affaire était entendue, ou presque. Après des jours, après des semaines, à consulter ses proches et certains lieutenants du CDH, le Bastognard Benoît Lutgen a présenté sa candidature à la présidence du parti, lundi matin, lors d’un comité restreint rassemblant les hauts responsables de la formation politique centriste.
Là, selon une formule pesée, calibrée, millimétrée - notamment le week-end dernier, Benoît Lutgen a explicité les conditions de sa candidature: n’accéder à la présidence du parti qu’après les prochaines élections législatives - soit, au plus tard, en juin 2011. Dans l’intervalle, c’est Joëlle Milquet qui continuerait à présider la formation orange. Et à mener les délicates négociations communautaires qui se profilent à l’horizon. Bémol, cependant, Joëlle Milquet a toujours "réservé (sa) réponse" par rapport à ce scénario qui la verrait prolonger d’une année et demie à la barre du parti.
L’affaire, donc, était (presque) dans le sac, les principaux barons étaient prêts à se ranger à cette solution hybride, ce "ticket" Benoît Lutgen/Joëlle Milquet - un "ticket" qui courrait de 2010 à 2014. C’est, du reste, l’unique manière de voir Benoît Lutgen monter du gouvernement wallon à la rue des Deux Eglises. Et d’ainsi éviter une querelle de succession à l’image du célèbre duel Milquet/Nothomb. "C’est une très bonne formule, ce "ticket" entre Lutgen et Milquet: on donne une perspective claire à ceux qui en ont ras-le-bol de Joëlle Milquet, on se donne les meilleurs chances d’exister dans la négociation communautaire à venir, et on conserve une assise dans les entités fédérées sans déstabiliser le gouvernement wallon en procédant à des changements", analyse un observateur de la vie orange.
Un Bureau politique est donc convoqué pour 10h. Retard: ce sera 10h30. Encore du retard: 11h... Seuls les parlementaires sont autorisés à rejoindre les responsables du parti. Benoît Lutgen se déclare candidat, et évoque le modus operandi: "Je me présente, mais Joëlle continerait d’assumer la présidence jusqu’après les prochaines élections", dit-il devant le Bureau politique.
Malaise parmi les participants du Bureau politique. Et c’est le député-bourgmestre de Jette, Hervé Doyen, qui tire le premier. Dans une intervention très dure, il critique le mode opératoire des inistances dirigeantes du parti: "A quoi joue-t-on?, lance-t-il devant l’assemblée. Est-ce cela la démocratie interne? On a demandé des candidatures et une élection, et maintenant on vient nous présenter une solution où on prolongerait encore le mandat de Joëlle Milquet? C’est quand même très curieux comme procédure et je trouve que cela manque de transparence et de lisibilité", poursuit encore Hervé Doyen. D’autres parlementaires emboîtent le pas au Bruxellois et abondent dans son sens. Notamment: l’ex-ministre Catherine Fonck, le député fédéral Georges Dallemagne ou encore le parlementaire wallon Michel Lebrun. "Cette démarche qui consiste à dire "Benoît Lutgen mais pas tout de suite", ça ne va pas, glisse un député. Qu’est-ce que cela veut dire? Que les autres candidatures ne seront même pas prises en considération ? On ne comprend plus rien..."
La tension monte, et Joëlle Milquet tente de convaincre Benoît Lutgen de prendre les commandes du CDH dès maintenant: "Je ne veux plus rester à la présidence", dit-elle à plusieurs de ses interlocuteurs directs. "Je ne suis certainement pas demandeuse de ce "ticket", dans ma tête, je suis déjà passée à autre chose. je pense que Benoît doit devenir rapidement président", poursuit Joëlle Milquet . Mais rien n’y fait: "Nous avons besoin de ton expérience communautaire, lui rétorque Benoît Lutgen. Je suis trop inexpérimenté dans cette matière alors que les deux années qui arrivent seront cruciales à ce niveau-là."
C’est le blocage, les heures passent, chacun campe sur ses positions. Fait notable, alors que le CDH est toujours prompt à dégainer les communiqués, aucun message ne part de la rue des Deux Eglises en direction de la boîte mail des journalistes... "Chacun va devoir mettre de l’’eau dans son vin", note un parlementaire. Temps mort, on se sépare en début de soirée. Et une nouvelle réunion du Bureau politique est convoquée vers 21 h.
Là, la présidente sortante s’est ralliée au "ticket" avec Benoît Lutgen."Si c’est la seule solution, alors il faudra bien passer par cette phase", a-t-elle dit. devant les mandataires. C’est que le Bureau politique du CDH a, à l’unanimité, demandé à Joëlle Milquet de rester à la présidence du parti jusqu’à la mise en place du prochain gouvernement fédéral. Ce qu’elle a accepté.
Concrètement, donc, l’élection présidentielle du CDH devrait se tenir en décembre prochain. Le tandem Benoît Lutgen/Joëlle Milquet devrait l’emporter haut la main devant les militants du parti. "Je suis vraiment très satisfait par l’issue de cette journée", commentait sobrement lundi soir le (désormais) candidat Benoît Lutgen. Il reprendra donc les commandes du CDH en juin 2011. Soit Dans 18 mois: une éternité en politique...
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