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mardi, 10 novembre 2009

Leterme a la clé du 16 rue de la Loi

pict_202198.jpgL’ancien Premier ministre pourrait être le futur Premier... si l’actuel s’en va. Certains prédisent le chaos. D’autres des élections. C’est l’incertitude.

Le prendront-ils, notre Herman Van Rompuy, pour présider le Conseil européen ? Sans attendre, en Belgique, on cherche des solutions de rechange.

1Partira, partira pas ? A Berlin, les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 se sont retrouvés lundi soir à l’Hôtel Intercontinental pour des réunions, consultations et entretiens bilatéraux (voir pp. 14 à 19). Le Premier ministre belge aurait reçu le soutien de tous les gouvernements européens. Mais rien n’est encore fait. Car on sait que cette désignation est, officieusement en tout cas, liée à celle du chef de la diplomatie de l’Union européenne. Et lundi, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, a déclaré qu’il refusait de diriger la diplomatie européenne, préférant rester actif sur la scène britannique. Ce retrait serait un mauvais coup pour la désignation rapide de Herman Van Rompuy. Le tandem Van Rompuy-Miliband semblait convenir à tous. Faudra-t-il chercher un tout nouveau duo ? Ou suffira-t-il de choisir un autre socialiste européen pour la fonction de Haut représentant de l’UE aux affaires étrangères, Massimo d’Alema, par exemple ? On le saura dans les prochains jours, lors d’un sommet européen qui devrait se tenir très prochainement à Bruxelles. Notons d’ailleurs qu’Herman Van Rompuy ne s’est toujours pas officiellement déclaré candidat à la présidence du Conseil européen.

2Le chaos ? Admettons qu’Herman Van Rompuy soit désigné. La Belgique se retrouve orpheline d’un homme qui avait rendu une certaine stabilité politique à un pays qui doute de lui en permanence. Entre ceux qui crient à la catastrophe nationale et ceux qui attendent qu’il s’en aille dans l’espoir de le remplacer, il y a de la marge. Un mot d’abord sur la technique. Si le Premier ministre démissionne, les autres ministres ne devront pas démissionner. Il suffirait donc de changer un seul homme et hop, on est reparti ? Pas si vite. Car plusieurs scénarios se présentent.

3Marianne Thyssen ? L’actuelle présidente du CD&V, Marianne Thyssen, est présentée, par certains, comme la candidate idéale. Dans le cas de sa nomination comme Première ministre, il suffirait d’un seul changement : on enlève Van Rompuy et on installe Thyssen. C’est donc simple. De plus, une femme Première ministre, ce serait une "Première" en Belgique. Elle a, dit-on, le sens de la négociation et son profil politique s’est poli au fil du temps. Elle accepte à présent une solution négociée pour BHV. Normal. Mais au départ, le CD&V voulait scinder BHV "zonder prijs". Elle n’a jamais été ministre, disent ses opposants. Wilfried Martens non plus, lorsqu’il quitta la présidence du CD&V pour le "16", rue de la Loi. Cela dit, si Herman Van Rompuy s’en va, le scénario le plus probable n’est pas celui-là. C’est le suivant.

4Yves Leterme ! Tout le monde le dit, Yves Leterme, blanchi dans l’affaire Fortis, ne rêve que d’une chose : prendre sa revanche et se réinstaller aux commandes du gouvernement fédéral. Évidemment, l’homme, c’est peu dire, n’a pas laissé que de bons souvenirs. Au sud du pays, mais aussi au nord. Sa gestion calamiteuse des dossiers institutionnels, son incapacité à gérer une équipe disparate, son manque d’organisation expliquent en partie ses échecs successifs et le désamour des Belges à son égard. De plus, l’homme est rancunier et revanchard. Donc il veut revenir. Et le "veto" posé récemment par le journal "Le Soir" n’a eu qu’un seul effet sur son moral : cela l’a regonflé à bloc et lui a redonné l’envie de démontrer qu’il n’est pas ce maladroit endormi que l’on se plaît à dépeindre ici et là . Dans les partis politiques - dans le sien, mais aussi dans les autres - on serait donc prêt à lui donner une deuxième chance. Mais à une condition. Que, cette fois, il avance avec ordre et méthode, qu’il gouverne dans la cohérence et le respect des autres. "Impossible, on a déjà essayé", ricane un collègue et néanmoins ennemi. "Faux, il n’est pas seul responsable de ses échecs", corrige un francophone, peu suspect d’entretenir des liens privilégiés avec le CD&V. L’idéal serait donc que, très vite, après son installation au "16", il parvienne à négocier un accord sur le volet institutionnel, BHV et le reste, de manière à éviter le pourrissement du climat politiquement pendant les 18 mois derniers mois de la législature.

5Un francophone ? Gagné Leterme ? Au MR, on fait la grimace. Et on sort la calculette. Normalement, le Premier ministre doit être issu du parti le plus important de la plus grande famille politique du pays. C’est la famille libérale qui domine et le MR est plus important que le VLD. "Pourquoi ce qui vaut d’ordinaire ne vaut-il pas pour Didier Reynders ?" interroge un libéral. La réponse est toute simple : parce que les autres partis francophones, le PS et le CDH n’en veulent pas! Jamais Elio Di Rupo et Joëlle Milquet n’offriront à Didier Reynders - qui se remet à peine de ses problèmes internes au MR - la fantastique tribune politique que représente le poste de Premier ministre fédéral. La solidarité francophone en la matière n’existe donc pas. Pour eux, mieux vaut un Premier ministre CD&V que MR. Que le chef de file de l’opposition au niveau régional soit le Premier ministre fédéral? Im-po-ssi-ble ! Évidemment, les déboires récents de Didier Reynders ne plaident pas en sa faveur et au nord du pays aussi, son étoile a perdu son éclat. Donc, un Premier ministre francophone, on oublie. Pour les siècles des siècles ? On verra. Reste qu’un autre MR pourrait être promu. Si Yves Leterme s’en va, le poste de ministre des Affaires étrangères pourrait revenir à un francophone : la presse flamande évoque de plus en plus le nom de Charles Michel, lequel céderait la Coopération au développement à Inge Vervotte ou Sabine de Béthune (CD&V).

6Des élections ? Et si tout cela ne marche pas. Eh bien, il reste évidemment une hypothèse, celle d’élections anticipées. C’est évidemment ce que réclament à cor et à cri les partis d’opposition au premier rang desquels les socialistes flamands et les verts flamands de même que la Lijst Dedeker. L’hypothèse d’élections anticipées n’est pas à exclure totalement. Car comme on l’a dit, certains pensent qu’Yves Leterme, s’il revient, sera incapable de maintenir la paix et le fragile équilibre entre les Communautés. On ne connaît que trop bien le scénario dans lequel Leterme s’est déjà embourbé : négociation, suspension, pression, soumission. Puis dépression. Et enfin, démission. Et cette fois, on ajouterait donc: élections. Mais courage, on n’en est pas là

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